Flavian,
C’est encore moi ! Impossible de
dormir. Parce que me remémorer tout ça, vous le raconter, ça m’a complètement
chamboulé la tête. Et il y a plein de choses qui s’y bousculent. Comme elles
s’y bousculaient ce jour-là une fois la porte refermée. J’ai longtemps
sangloté. Comme une perdue. D’humiliation. De rage. Contre lui ? Non.
Contre moi-même. Mais comment j’avais pu envisager de faire une chose
pareille ? Comment ? C’était pas moi, ça… C’était une autre. Qui
était venue m’habiter. M’investir. Me posséder. Heureusement que j’étais tombée
sur lui. Heureusement. Parce que n’importe qui d’autre, à sa place, il se
serait pas posé de questions. Il aurait fait sa petite affaire sans se
préoccuper le moins du monde de mon intérêt à moi. Pas lui. Lui, il m’avait dit
« Stop ». Un Stop catégorique. Il m’avait arrêtée au bord du
précipice. Parce qu’il se serait passé quoi après ? J’aurais fait comme
les deux autres… Une fois le doigt mis dans l’engrenage…
Alors vous savez à quoi j’ai passé ma
journée du lendemain ? À essayer de le retrouver sur Internet. Pour le
remercier. Pour lui dire combien je lui étais reconnaissante. De m’avoir sortie
de là… De m’avoir empêchée… La journée du lendemain et toutes les suivantes.
Plus d’une semaine durant. En vain. Il avait disparu. Définitivement,
désespérément disparu.
Et pourtant il est resté là, au
quotidien, avec moi. Absent, mais tellement présent. Installé dans ma vie. Penché par-dessus mon épaule. À me
surveiller. À m’indiquer les écueils. À m’aider à les éviter. À m’encourager. C’est
lui qui m’a décidée à quitter l’appartement. Pour échapper à l’influence néfaste
des deux autres. Toujours grâce à lui j’ai trouvé un travail certes plus
prenant, mais beaucoup plus rémunérateur.
Mon année universitaire, si je l’ai réussie, c’est parce qu’il était là.
Derrière moi. À me stimuler. À m’empêcher de perdre mon temps à des sottises.
La fessée de ce soir-là elle avait duré quoi ? Un quart d’heure. Vingt
minutes tout au plus. Elle a duré en fait pendant des mois… Des années… Et surtout
elle m’a obligée à me regarder en face. Telle que je suis… Sans tricher… Et à m’accepter…
À reconnaître que oui… oui… il y avait des situations que j’étais incapable d’affronter
seule… Des circonstances où, si j’étais réduite à mes seules forces, je courais
à la catastrophe… J’avais parfois – souvent – besoin d’aide… De m’en remettre à
quelqu’un à qui j’allais donner carte blanche et qui allait m’obliger à agir
comme il était dans mon intérêt de le faire… Quelle honte y avait-il à appeler
au secours quand c’était nécessaire?
Appeler au secours, oui, mais qui ?
À qui aller expliquer tout ça ? À qui aller demander ce « service » ?
En qui avoir suffisamment confiance ? Personne… La plupart du temps
personne… Parce qu’on n’est pas compris… Parce qu’on vous attribue d’autres
intentions que celles que vous avez… Parce que peu de gens sont complètement
désintéressés… Pas d’autre solution que d’avancer sur la pointe des pieds et,
dans l’immense majorité des cas, que de reculer précipitamment… À deux reprises
j’ai cru avoir trouvé la perle rare… Ce fut un fiasco total… Mieux valait
renoncer… Ce que j’ai fait… La mort dans l’âme…
Jamais je n’aurais pensé à lui… Et
pourtant… Il s’est imposé… Quelqu'un de mon entourage... Il s'est imposé... Avec force… Avec évidence… À un moment où je partais
à la dérive… Où je faisais n’importe quoi… Et pire encore… Il m’a « récupérée »…
Restabilisée… Et il est resté là… Prêt à intervenir chaque fois que nécessaire…
Bienveillant… Patient… Attentif… Rassurant… Je vous raconterai… Ça aussi je
vous raconterai… À une condition : que vous aussi vous me racontiez… Vous
avez laissé entendre, sur le forum, un certain nombre de choses qui ont piqué
ma curiosité. Vous en avez dit trop ou pas assez… Alors la balle, maintenant,
est dans votre camp…
Je vous attends…
Quant à moi, cette fois, je vais me
coucher… Pour de bon…
Je vous souhaite une excellente nuit…
CAMILLE
Bon bon bon. Demain à priori sera le jour des révélations...
RépondreSupprimerEt Dieu sait s'il va y en avoir des révélations!
RépondreSupprimerSuper, j'y cours, j'y vole de ce pas.
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