Ça s’est arrêté… Le silence… J’étais –
je suis restée – en travers de ses genoux, immobile, épuisée, pantelante… Il a
négligemment posé une main sur mes fesses brûlantes… L’y a laissée… Et puis il
a parlé… Il a enfin parlé… « Bon… Alors voilà ce qu’on va faire… Mardi, à
la première heure, tu m’accompagneras à la banque… Où on remettra tous tes
compteurs à zéro… Bien entendu, en contrepartie, tu me laisseras désormais un
accès total et permanent à tous tes comptes… Et, au moindre dérapage, tu sais
maintenant à quoi t’attendre… Non ? » « Si… » Il m’a aidée
à me redresser… « Rhabille-toi ! Rhabille-toi vite… Claire va nous
attendre… » Un élan… Une impulsion… Je me suis jetée à son cou…
« Merci… »
Merci. Pour m’avoir tirée de ce mauvais
pas, oui… Mais surtout merci pour
m’avoir remise en harmonie avec moi-même… Rendu la sérénité… La paix
intérieure… Tout était soldé… Définitivement oublié… Effacé… Rien ne s’était
jamais passé… Grâce à lui, grâce à la fessée que j’avais reçue, il n’y avait
jamais rien eu… Et – j’en étais persuadée – il n’y aurait plus jamais rien…
Jamais… Je ne recommencerais pas…
Ma belle-mère nous attendait sur le pas
de la porte… « Qu’est-ce que vous fabriquiez ? Je commençais à
m’inquiéter, moi ! Bon, mais allez, on passe à table… sinon le gigot… »
C’est en le rapportant de la cuisine qu’elle m’a posé la question…
« Qu’est-ce qui t’arrive ? Qu’est-ce que tu as ? »
« Moi ? Mais rien du tout ! Qu’est-ce que vous voulez que
j’aie ? » « Je sais pas… T’es pas comme d’habitude… Moins à
cran… Plus détendue… » Mon beau-père a haussé les épaules… « Elle est
ni plus ni moins détendue que d’habitude… Tu te fais encore des idées… »
Il avait décidé de me garder le secret…
Et je me suis sentie emplie d’une infinie gratitude à son égard…
Il avait dit qu’il viendrait… Vérifier… J’ai attendu… Tous les soirs je tenais prêts mon
cahier de comptes, mes relevés, mes factures… Et j’attendais… J’ai attendu
trois jours… Huit… Quinze… Dix-neuf… Il est enfin venu… Je lui ai aussitôt tendu
docilement mes comptes… Qu’il a repoussés d’un geste de la main… « C’est
pas la peine… Viens t’asseoir là plutôt… » À côté de lui… Sur le canapé… «
Que tu aies fait attention… Que tu aies filé droit, côté finances, ça ne fait
pas, pour moi, l’ombre d’un doute… Après la bonne petite leçon de l’autre jour
tu n’allais sûrement pas t’amuser à ça… » J’ai baissé la tête… Rougi… «
Non… Ce qui m’inquiète, ce sont tes fréquentations… Qui, de ton propre aveu,
exercent sur toi la plus néfaste des influences… » Oh, oui, mais elles,
eux, je les voyais plus… Plus du tout… Ah, non, non ! Et je n’en avais pas
la moindre envie… « Et tu passes tes journées à quoi alors du coup ? »
Hein ?! Mais à rien… Je faisais mon ménage… Du rangement… J’écrivais à
Patrice… Quand il faisait beau j’allais faire un tour… Ou bien je m’installais
devant la télé… Il a pris mes mains entre les siennes… Les y a gardées… « Et
très vite tu vas t’ennuyer… Tu t’ennuies déjà… Non ? » « Un peu,
si ! » « Et il va se passer quoi ? Dans un mois, trois ou
six, les mêmes causes produisant les mêmes effets, tu seras prête à n’importe
quoi pour tromper ton ennui… Et, sous une forme ou sous une autre, tu te remettras
en danger… » « Mais non ! » « Bien sûr que si ! Et
tu le sais très bien… Tu es très influençable, Camille, très… Et n’importe
qui, pour peu qu’il sache y faire, peut t’amener là où il l’a décidé… » « Mais
je vous ai, vous ! Vous m’aiderez… Vous m’empêcherez… » « Oui…
Bien sûr… Mais la meilleure solution, pour ne pas courir de risques
inconsidérés, c’est encore de la remplir ta vie… De l’occuper… L’oisiveté est
toujours très mauvaise conseillère… Et tu es en âge de travailler, non, tu
crois pas ? » « Si, si ! Bien sûr, mais… » « Mais
quoi ? » « Non… Rien… » Il s’est levé… Moi aussi… On s’est
fait face… « Alors tu sais ce qui te reste à faire… » Et il m’a soulevé
le menton du bout du doigt… A plongé ses yeux dans les miens… Me les a fait baisser…
Je savais, oui…
Je savais, mais c’était quelque chose
que je n’avais absolument pas, depuis mon mariage, envisagé… Mais il avait
raison… Oui… Évidemment qu’il avait raison… J’allais donc chercher du travail…
Peut-être suis-je trop bavarde, mais
vous, vous ne l’êtes guère et j’attends toujours avec autant d’impatience la
suite de votre récit…
Je vous embrasse…
CAMILLE
Tout à fait délicieuses ces confidences.
RépondreSupprimerMerci François
Ravi qu'elles te plaisent... Elles devraient durer... un bon moment...
SupprimerBonne journée...
À bientôt...
Camille à Pôle Emploi. Ca va être chouette tiens !
RépondreSupprimerOh, elle va trouver du travail, mais…
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