lundi 3 septembre 2012

Les confidences de Camille ( 2 )


Flavian,

C’est encore moi ! Impossible de dormir. Parce que me remémorer tout ça, vous le raconter, ça m’a complètement chamboulé la tête. Et il y a plein de choses qui s’y bousculent. Comme elles s’y bousculaient ce jour-là une fois la porte refermée. J’ai longtemps sangloté. Comme une perdue. D’humiliation. De rage. Contre lui ? Non. Contre moi-même. Mais comment j’avais pu envisager de faire une chose pareille ? Comment ? C’était pas moi, ça… C’était une autre. Qui était venue m’habiter. M’investir. Me posséder. Heureusement que j’étais tombée sur lui. Heureusement. Parce que n’importe qui d’autre, à sa place, il se serait pas posé de questions. Il aurait fait sa petite affaire sans se préoccuper le moins du monde de mon intérêt à moi. Pas lui. Lui, il m’avait dit « Stop ». Un Stop catégorique. Il m’avait arrêtée au bord du précipice. Parce qu’il se serait passé quoi après ? J’aurais fait comme les deux autres… Une fois le doigt mis dans l’engrenage…

Alors vous savez à quoi j’ai passé ma journée du lendemain ? À essayer de le retrouver sur Internet. Pour le remercier. Pour lui dire combien je lui étais reconnaissante. De m’avoir sortie de là… De m’avoir empêchée… La journée du lendemain et toutes les suivantes. Plus d’une semaine durant. En vain. Il avait disparu. Définitivement, désespérément disparu.

Et pourtant il est resté là, au quotidien, avec moi. Absent, mais tellement présent. Installé dans ma vie. Penché par-dessus mon épaule. À me surveiller. À m’indiquer les écueils. À m’aider à les éviter. À m’encourager. C’est lui qui m’a décidée à quitter l’appartement. Pour échapper à l’influence néfaste des deux autres. Toujours grâce à lui j’ai trouvé un travail certes plus prenant, mais beaucoup plus rémunérateur.  Mon année universitaire, si je l’ai réussie, c’est parce qu’il était là. Derrière moi. À me stimuler. À m’empêcher de perdre mon temps à des sottises. La fessée de ce soir-là elle avait duré quoi ? Un quart d’heure. Vingt minutes tout au plus. Elle a duré en fait pendant des mois… Des années… Et surtout elle m’a obligée à me regarder en face. Telle que je suis… Sans tricher… Et à m’accepter… À reconnaître que oui… oui… il y avait des situations que j’étais incapable d’affronter seule… Des circonstances où, si j’étais réduite à mes seules forces, je courais à la catastrophe… J’avais parfois – souvent – besoin d’aide… De m’en remettre à quelqu’un à qui j’allais donner carte blanche et qui allait m’obliger à agir comme il était dans mon intérêt de le faire… Quelle honte y avait-il à appeler au secours quand c’était nécessaire?

Appeler au secours, oui, mais qui ? À qui aller expliquer tout ça ? À qui aller demander ce « service » ? En qui avoir suffisamment confiance ? Personne… La plupart du temps personne… Parce qu’on n’est pas compris… Parce qu’on vous attribue d’autres intentions que celles que vous avez… Parce que peu de gens sont complètement désintéressés… Pas d’autre solution que d’avancer sur la pointe des pieds et, dans l’immense majorité des cas, que de reculer précipitamment… À deux reprises j’ai cru avoir trouvé la perle rare… Ce fut un fiasco total… Mieux valait renoncer… Ce que j’ai fait… La mort dans l’âme…

Jamais je n’aurais pensé à lui… Et pourtant… Il s’est imposé… Quelqu'un de mon entourage... Il s'est imposé... Avec force… Avec évidence… À un moment où je partais à la dérive… Où je faisais n’importe quoi… Et pire encore… Il m’a « récupérée »… Restabilisée… Et il est resté là… Prêt à intervenir chaque fois que nécessaire… Bienveillant… Patient… Attentif… Rassurant… Je vous raconterai… Ça aussi je vous raconterai… À une condition : que vous aussi vous me racontiez… Vous avez laissé entendre, sur le forum, un certain nombre de choses qui ont piqué ma curiosité. Vous en avez dit trop ou pas assez… Alors la balle, maintenant, est dans votre camp…
Je vous attends…
Quant à moi, cette fois, je vais me coucher… Pour de bon…

Je vous souhaite une excellente nuit…

CAMILLE        

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