Madame
Gonsalier n’était pas mécontente de Camille.
– C’est
vrai qu’elle est docile. Extrêmement docile. On peut pas dire le
contraire.
Mais
elle n’en était pas vraiment satisfaite non plus.
– Non,
parce que, sur le plan professionnel, on peut pas dire que ce soit ça
qu’est ça. Elle ne sent pas les clientes. Pas du tout. C’est
pourtant le b-a ba du métier. Et puis alors elle te vous a une de
ces visions de la mode ! Quatre ou cinq ans de retard. Au moins.
Mais bon, elle n’est là que depuis trois jours. Je peux pas lui
demander l’impossible non plus.
Sur
le trottoir, on a marché toutes les deux en silence.
– Eh
bien, raconte ! Ça se passe comment ?
– Faudrait
que vous me posiez-moi des questions. Je sais pas dire, sinon.
– Elle
est très sévère avec toi, Madame Gonsalier ?
– Encore
assez. Et puis elle me parle toujours dur.
– C’est
pour ton bien. C’est ce qu’il te faut.
– Je
sais, oui.
– Tu
t’es pris des fessées ?
– Une.
– Devant
du monde ?
– Mes
deux collègues. Perrine et Aglaé.
– Qui
ont réagi comment ?
– Elles
ont pas arrêté de rire, et, après, de se moquer. Tout le temps
maintenant elles m’en parlent. « Range les fringues,
Camille ! Sinon tu vas encore avoir panpan cucul. »
– Tu
t’entends bien avec elles ?
– Ça
va. Elles aussi, elles me commandent. Et elles me parlent sévère.
– Tu
dois être ravie. C’est bien ce que tu voulais, non ? Obéir,
obéir et encore obéir. Te voilà comblée.
– Oui.
– Ça
a pas vraiment l’air. Tu dis ça sur un ton !
– Non.
Si ! Mais ce que j’aimerais, c’est que ce soit plus. C’est
que ce soit tout le temps. Nuit et jour.
– Ça
viendra. T’habites où ?
– Un
foyer de jeunes travailleurs, par là. Pour le moment, j’ai trouvé
que ça.
– Il
y a des horaires, là-dedans, non ?
– Si…
– Alors
va vite…
Coxan
était un peu déçu que je l’aie pas ramenée.
– Tu
deviens bien gourmand…
– Mais
non, mais…
– Psychote
pas ! Tu l’auras ton film. On en fait ce qu’on veut de cette
fille. Il y a que comme ça qu’elle prend son pied. En se mettant
totalement à disposition.
– Ça,
j’avais compris, merci.
– C’est
d’ailleurs pour ça que j’ai pas voulu la ramener Parce que je me
méfie.
– Tu
te méfies ! Et de quoi donc, grands dieux ?
– De
moi. Parce que je me connais. C’est trop tentant une nana comme ça.
Je l’aurais laissée passer la nuit ici. Et puis celle d’après.
J’aurais joué tant et plus avec. Ce serait rentré comme dans du
beurre. Ça m’aurait amusée. Je l’aurais laissée quitter son
foyer, s’installer ici. Et quinze jours après, j’en aurais eu
assez. Trop facile. Trop prévisible. Terriblement ennuyeux
finalement… Je sais comment ça se passe, j’ai déjà donné. Et
j’en aurais été encombrée. Alors non. Non. Que quelqu’un
d’autre la prenne sous sa coupe. Madame Gonsalier, par exemple.
Qu’elle l’héberge. Ou l’une des deux vendeuses. D’ailleurs
je vais pousser à la roue dans ce sens.
– Et
sa fessée, du coup, on la filmera devant sa propriétaire…
– Voilà !
T’as tout compris.
Hâte de lire la suite. Cela promet...
RépondreSupprimerIl y a encore pas mal de rebondissements en vue…
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