Andrea
avait l’air un peu déçue.
– T’es
toute seule ? Il est pas avec toi, Coxan.
– Ben,
non, il est au boulot. Pourquoi ?
– Oh,
comme ça. Pour rien.
– On
le verra ce soir.
– Tu
sais ce que je me demande ? C’est si la vidéo qu’on a
faite, l’autre jour, il se la regarde.
– Ah,
ben ça, forcément. Mets-toi à sa place !
– Il
t’en a parlé ?
– Un
peu.
– Il
en dit quoi ?
– Que
c’est un spectacle très émouvant. Dont on ne se lasse pas.
– Il
aime quand je crie ?
– Il
adore. Mais ce qu’il apprécie surtout, c’est ce que tu montres.
Et comment tu le montres. Faut reconnaître que, de ce côté-là, tu
as fait fort. Vraiment très très fort.
– Je
sais, oui.
– Parce
que tu la regardes, toi aussi, hein ?
– Quelquefois.
– Quelquefois
ou souvent ?
– J’essaie
de deviner ce qu’il pense, ce qu’il sent, ce qu’il se dit en me
voyant.
– Ce
que beaucoup d’hommes penseraient, sentiraient ou se diraient à sa
place.
– Et
justement. Des fois, j’imagine qu’il y en a d’autres qui
regardent avec lui. Que ça les excite. Qu’ils font des tas de
commentaires. Ça se pourrait, hein !
– Quoi
donc ? Qu’il la montre ? Ah, non, non ! Il s’est
engagé à ne pas le faire. Et, le connaissant, je suis absolument
certaine qu’il tient sa promesse.
– Oui,
mais bon… Ce serait pas un drame non plus. On voit pas ma tête.
Juste mes cheveux. Qu’est-ce tu veux reconnaître quelqu’un à
ses cheveux ?
– Oh,
toi, je te vois venir. Ça te tente bien, hein ?
– Ben…
On
est arrivées les premières. On s’est installées dans
l’arrière-salle du café. Tout au fond. Il n’y avait presque
personne. Juste un jeune type, pas très près, plongé dans ses
cours, et puis, encore plus loin, deux filles lancées dans une
conversation animée à voix basse. On s’est commandé un café et
on a attendu. Un petit quart d’heure.
Il
nous a superbement ignorées et il est allé s’asseoir en compagnie
d’un petit brun frisé à l’air sympathique à la table juste en
face de la nôtre. Ils ont parlé de choses et d’autres. Du match
du PSG. Des travaux de la voie sur berge. Des frelons asiatiques.
Et
puis le brun s’est impatienté.
– Bon,
mais c’est pas tout ça. Tu montres ?
La
main d’Andrea s’est crispée sur mon genou.
Coxan
a sorti son smartphone, tendu des écouteurs au type, lancé la
vidéo. Ils sont restés un long moment silencieux, les yeux rivés à
l’écran. Et puis le type a constaté…
– Oh,
la vache ! Qu’est-ce qu’elle se prend, la fille !
– Je
te l’avais dit…
– Une
sacrée dérouillée ! C’était quoi la raison ?
– Je
sais pas. Elles ont jamais voulu me dire. Un truc entre elles.
Peut-être une histoire de mec. C’est souvent ça avec les nanas.
– Comment
elle braille ! Et puis alors… Oh, putain ! T’as de ces
aperçus.
– Et
t’as encore rien vu.
– Oh,
putain ! Oh, putain ! Oh, putain !
Andrea
m’a enfoncé ses ongles dans la cuisse.
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