Dessin
de Louis Malteste
Dès
le matin ça commence. Elle se gare à ma place sur le parking du
boulot. Je laisse pas passer. Ah, non, alors ! Manquerait plus
que ça…
– Tu
peux pas mettre ton tas de ferraille ailleurs ?
– Il
y a pas de places attitrées, que je sache !
– Places
attitrées ou pas, je me suis toujours mise là. Depuis la nuit des
temps.
Et
on se fait la gueule.
Après,
c’est mon tour. Je profite de ce qu’elle soit descendue à la
machine à café pour mettre un code d’accès bien tordu sur son
ordinateur. Et je l’éteins.
– Qui
c’est qu’est venu à ma place ?
– J’sais
pas. Pas moi, en tout cas !
– Tu
parles !
Elle
râle. Elle cherche. Elle tempête.
– Et
merde ! Tu vas le dire à la fin ?
Je
la fais attendre. Tant et plus. Et puis je le lui lâche.
– Tu
me paieras ça. Je te jure que tu me paieras ça.
J’éclate
de rire.
– Mais
bien sûr !
On
saisit toutes les occasions. À longueur de journée. On se provoque.
On s’engueule. On se menace. Pour la plus grande joie, plus ou
moins affichée, des collègues. Qui en font des gorges chaudes. Et
pour la nôtre. Parce qu’en réalité, c’est du flan tout ça. On
est les meilleures amies du monde. On s’entend comme larronnes en
foire pour leur donner le change.
– Leurs
têtes ! Non, mais leurs têtes ! J’adore.
– Ah,
pour ça, oui ! Moi aussi !
Le
soir, on part chacune de notre côté. Et puis on se retrouve. Chez
l’une. Ou chez l’autre.
– N’empêche
que t’as été infernale aujourd’hui !
– Tu
peux parler, toi !
On
se donne de petites tapes. Pour rire. Pour jouer. De plus en plus
fortes. Qui finissent par faire mal.
– Oh,
mais alors là, tu vas voir !
– T’as
que de la gueule.
On
se lève et on lutte, enlacées. Toujours par jeu. On est de force à
peu près égale. Alors parfois c’est elle qui prend le dessus et
parfois c’est moi. Mais ça se termine toujours de la même façon.
Il y en a une qui trousse l’autre, qui lui met les fesses à l’air
et qui lui flanque une bonne claquée. Quand on en arrive là, je me
laisse faire. Ou elle se laisse faire. C’est selon.
– Alors
là, je peux te dire que tu vas t’en souvenir, ma petite !
Pour
s’en souvenir, on s’en souvient. Parce qu’on ne se ménage pas.
De vraies fessées on se donne. Bien rougissantes et bien cuisantes.
– Plus
fort ! Plus fort ! Tu caresses, là !
On
ne se fait pas prier. On se déchaîne.
Cris.
Gémissements. Supplications. Rien n’y fait. On se montre
intraitables. Jusqu’à ce que la main fatigue.
– J’en
peux plus.
On
reprend nos esprits.
– En
attendant, qu’est-ce que ça fait du bien !
– Oui,
mais le prochain coup, c’est mon tour.
– Promis,
juré.
On
se passe de la crème. On contemple et on commente l’étendue des
dégâts.
– Tu
t’imagines demain, là-bas, au boulot, le cul en feu ?
– Et
personne qui sait. Et personne qui se doute. J’adore…
J'ai fait ma carrière dans des bureaux, je ne savais pas qu'on s'y occupait comme cela, entre collègues, lol !
RépondreSupprimerIl y en a même qui veulent faire des heures supplémentaires du coup.
RépondreSupprimerIl leur manquerait que partager la bagnole, ce qui leur fournirait des occasions en plus xD
RépondreSupprimerHa oui tiens bonne idée lol
SupprimerApparemment, pour elles, toutes les occasions sont les bienvenues…
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