samedi 13 janvier 2018

À la fenêtre



Dessin de Doz.

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– Il est pas là, le jeune, en face.
– Qu’est-ce t’en sais, Luc ?
– Il y a pas de lumière.
– Ça veut rien dire, ça, qu’il y ait pas de lumière. Il préfère peut-être rester dans le noir.
– T’as l’air bien au courant…
– Mais non, mais…
– Une nuit de Noël, il y a toutes les chances qu’il soit parti quelque part n’importe comment. Dans sa famille. Ou chez des amis.
– Oui, mais c’est pas sûr.
– Moi, je trouve que tu t’intéresses de bien près à ce jeune homme.
– Oh, vingt ans, tu parles ! Un gamin.
– Justement ! Raison de plus. Je te connais. Et je suis bien tranquille que le matin, quand je suis parti, t’y passes et t’y repasses en petite tenue devant cette fenêtre.
– Ben, forcément ! Pour aller de la chambre à la salle de bains, ça, le moyen de faire autrement ?
– Quand c’est pas quasiment à poil. Non ?
– Écoute, Luc…
– Et après ? Tu veux que je te dise ce qui se passe après ? Quand tu l’as bien excité ? Eh, bien, tu retournes dans la chambre t’amuser sur le lit, comme une petite folle, à doigts-que-veux-tu. C’est pas vrai peut-être ?
– Un peu.
– Un peu beaucoup, oui, tu veux dire. Bon, mais ça mérite largement, ça, non, tu crois pas ?
– Ici ? Là ? Maintenant ?
– Évidemment maintenant…
– Mais s’il est là ?
– Eh bien, ça lui fera un joli petit cadeau de Noël. Qu’il sera pas près d’oublier. Et toi non plus ! Parce que recevoir une fessée devant lui, c’est une perspective qui est loin de te déplaire, avoue ! Regarde-moi ! Regarde-moi et ose prétendre le contraire.
– Mais non, Luc, seulement…
– Allez, viens là, va ! Tourne-toi ! Dans l’autre sens. Qu’il ait le plus bel aperçu qui soit sur tes rotondités. Et sur les ravissantes couleurs qu’elles vont prendre. Là, comme ça, oui. Prête ?
– Ouche ! Oh, la vache !
– Ah, ben oui, oui ! Ça va pas être une fessée de feignant. Qu’on en profite tous les trois au maximum. Surtout qu’elle est particulièrement méritée, celle-là. Non, tu crois pas ?
– Si ! Aïe, Luc, aïe !
– S’il savait ! S’il savait que c’est à cause de lui que tu la prends. Il aimerait, tu crois ? Oh, ben oui, sûrement ! On va lui offrir un délicieux petit bouquet final, alors, du coup ! Qu’il en prenne plein les mirettes.

– Tu m’as pas ménagée aujourd’hui, dis donc !
– Ce qui t’a ravie, reconnais !
– Il était là, tu crois ?
– On saura. Demain, à la première heure, j’irai sonner chez lui. S’il ouvre, il y a toutes les chances qu’il y ait passé la nuit.
– Qu’est-ce tu vas lui dire ?
– Je vais l’inviter à déjeuner avec nous. On va quand même pas le laisser passer le jour de Noël tout seul, le pauvre garçon !

4 commentaires:

  1. Pauvre garçon ? Pas tant que ça...hein.
    Bon nous les voisins ont droit au son...peut-être une fois à l'image mais, nous, ce n'etait pas fait exprès.
    Merci pour le récit

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  2. Pas tant que ça, non! Quant au son,c'est pas mal non plus! Quand j'étais étudiant, j'avais des voisins "joueurs". Comme j'étais très peu bruyant, je pense qu'ils ne se rendaient pas compte comme on entendait bien, de mon studio, ce qui se passait dans leur appartement. Ils avaient beau mettre de la musique, j'avais droit au son de la claquée, aux trilles de la jeune femme et aux cris de bonheur qu'elle poussait ensuite quand ils se "réconciliaient". J'avoue que j'aimais bien, le lendemain matin, la rencontrer, parfois, à la boulangerie et échanger avec elle un souriant bonjour.

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  3. Ca promet une sacrée journée de Noël... Merci, c'était sympa.

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  4. Deux options pour cette journée: ou bien personne ne parle de rien, tout reste dans le non-dit et les regards échangés. Avec le doute en arrière-fond: il a vu ou pas? Ou bien Luc amène habilement le sujet sur le tapis. Pour la plus grande gêne ravie de notre héroïne.

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