– Tu vas pas partir, hein ?
Elle finissait d’ouvrir…
– Hein ? Tu vas pas partir ?
– Ah, ça, faut reconnaître que vous seriez dans de sacrés
beaux draps… Parce qu’en douce que je suis arrivée au bon
moment, moi… Tout filait à vau-l’eau… Il y en avait plus pour
longtemps avant que vous buviez la tasse… Et, les mêmes causes
produisant les mêmes effets, je donne pas six mois, si je pars,
avant que votre clientèle ait mis les voiles, elle aussi, et que
vous soyez obligée de vendre en catastrophe… À condition de
trouver un acquéreur… Ce qu’est pas gagné… Et ce qui, de
toute façon, ne réglera pas le problème de fond… Parce qu’après
vous allez faire quoi ? Vous avez pas droit au chômage… Et
personne vous embauchera à votre âge… Surtout sachant que vous
avez quasiment fait faillite !
– J’ai besoin de toi, Léonie… J’ai besoin de toi…
– Ah, ben au moins, à mon contact, vous serez devenue lucide…
C’est toujours ça de gagné…Oh, oui que vous avez besoin de moi…
Oui… Et pas que pour le boulot… Non… Pour tout… Et vous savez
pourquoi ? Parce que vous n’avez pas la moindre personnalité…
Ou plutôt non… Vous avez une personnalité, si, mais une
personnalité qu’a besoin d’avoir constamment quelqu’un
au-dessus… Quelqu’un qui sache ce qu’il veut… Qui décide…
Qui dirige… C’est pas vrai peut-être ?
– Un peu, si !
– Beaucoup vous voulez dire, oui… Et ce rôle, depuis que je
suis là, c’est moi qui le tiens… Si je m’en vais, vous allez
vous retrouver complètement démunie face à vous-même… Face à
ce que, grâce à moi, vous aurez découvert sur vous-même… Et
vous serez perdue… Sans boussole… Sans gouvernail…
– Me laisse pas ! Je t’en supplie, me laisse pas !
– Je vais voir… Je vais réfléchir…Peser le pour et le
contre… J’ai pas encore décidé…
– Dis, Léonie…
Elle suspendait les robes qu’elle venait de déballer sur un
portant…
– Oui… Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
– Je voulais te dire… Si tu restes…
– Oui… Eh bien ?
– Tout ce que tu voudras je ferai… Absolument tout…
– Ce n’est pas le moment de parler de ça… Vous voyez bien
que je travaille… Et vous devriez être en train de faire la même
chose…
Elle s’est installée à la caisse et m’a envoyée baisser le
rideau… Quand je suis revenue elle comptait la recette…
– On a fait une bonne journée finalement… Enfin J’AI fait
une bonne journée… Parce que s’il y avait eu que vous… Bon,
mais vous vouliez pas me demander quelque chose ?
– Si !
– Eh bien je vous écoute…
Tout en continuant à faire des liasses avec les billets… À
agrafer les chèques…
– Reste, Léonie, reste ! Ne pars pas !
– Comment ça vous allait bien hier soir d’être à genoux
quand je vous punissais… C’est vraiment la position qui
correspond le mieux à votre véritable nature… Et de loin… Non ?
Vous trouvez pas ?
– Peut-être… Je sais pas… Oui… Sûrement…
– Eh ben alors ! Qu’est-ce que vous attendez ? Si
vous voulez avoir une chance que je vous donne satisfaction…
À genoux…
– Là… C’est bien… C’est très bien…
Elle s’est levée… Approchée… M’a soulevé le menton du bout
du doigt…
– Je vais rester…
– Oh, merci ! Merci…
– Au moins un peu… Quelques semaines… Mais à une
condition…
– Je te l’ai dit… Tout ce que tu voudras…
– Il va falloir que vous vous montriez extrêmement docile…
Docile et obéissante… Mais vraiment beaucoup…
– Je te le promets…
Petite ou GRANDE vendeuse ?? ;-)
RépondreSupprimerC"est une excellente question… ;) Tout dépend sans doute du point de vue qu'on adopte…
RépondreSupprimerJe suis un amoureux inconditionnel de la langue et de la littérature italienne… C'est donc avec grand plaisir que j'irai naviguer sur votre blog…
À bientôt…