Elle a tambouriné à la porte de la salle de bains… Je me suis
empressée d’aller lui ouvrir…
– Non, mais ça va pas de vous enfermer là-dedans…
Qu’est-ce qui vous prend ?
– C’est machinal… L’habitude…
– L’habitude ? Alors que vous vivez depuis des années
toute seule… Vous vous fichez de moi ?
– Mais non, mais…
– Mais rien du tout ! Dorénavant vous me ferez le
plaisir de laisser cette porte ouverte… De laisser TOUTES les
portes de cette maison ouvertes… En grand…C’est bien compris ?
– Oui… Si tu veux… Comme tu veux…
– Bon, mais vous alliez vous doucher, non ?
– Ben, oui… Si…
– Eh bien allez-y ! Qu’est-ce que vous attendez ?
Elle s’est assise sur le rebord de la baignoire… M’a
tranquillement regardée faire…
– Vous êtes prête à en supporter des choses, hein, pour pas
que je me casse… Tout ce qui me passera par la tête en fait…
Absolument tout…
– Si tu pars…
– Eh bien ?
– Je pourrai pas… Je pourrai plus… Mais tu partiras pas,
hein ?
– Qu’est-ce que je vous avais dit hier ? Je vous avais
pas dit quelque chose ?
– Hier ? À propos de quoi ?
– Du sac plein de joujoux qu’était caché dans votre
armoire…
– Si ! Mais je les ai pas… Je pouvais pas n’importe
comment… Tu m’as tout pris…
– Pas vos doigts…
– Oh, ben oui… Ça ! Forcément…
– Et ? Ne mentez pas ! Un conseil : ne mentez
pas ! Et vous en avez fait quoi de vos doigts ?
– T’avais rien dit là-dessus… T’en avais pas parlé de
ça…
– Vous aimez ça ergoter, hein ! Vous aviez interdiction
de vous amuser toute seule tant que votre comportement avec Stéphane
ne m’aurait pas donné entière satisfaction… C’était pas ce
qu’était convenu ?
– Ben si, mais…
– Mais les godes et les doigts, en l’occurrence, c’est du
pareil au même Jouez pas sur les mots… Vous le saviez très bien…
Non ? Vous le saviez pas ?
– Si…
– Et vous êtes passée outre…
– J’ai pas pu m’empêcher…
– Un peu facile comme excuse… Non… Vous rhabillez pas !
C’est pas la peine…Allez me chercher le martinet plutôt… On va
en avoir besoin… Vous savez pourquoi, je suppose…
Elle m’a fait mettre à genoux devant la grande glace en pied de
l’entrée…
– Que vous voyiez bien votre tête quand ça va tomber…
Elle a joué un bon moment avec… Il a tournoyé… Sifflé… Elle
a fait mine, à plusieurs reprises, de me l’abattre, à toute
volée, sur les fesses…
– Et puis non, tiens ! Vous allez vous punir vous-même… Vous avez
l’habitude… Et comme ça je pourrai voir comment vous vous y prenez…
Elle m’a tendu le martinet…
– Et tâchez de pas faire semblant, hein, parce que sinon…
J’ai pas fait semblant… J’ai tapé… Fort… Très fort…
Plus fort que jamais… Le plus fort que j’ai pu… Pour elle…
Parce qu’elle le voulait…Pour qu’elle ne parte pas… Pour
qu’elle ne me laisse pas…
C’est elle qui m’a arrêtée…
– C’est bon… Ça suffit… Faut que je descende ouvrir
n’importe comment… À tout à l’heure…
Les dialogues sont fluides et saisissants .Percutants ils tracent les mots qui positionnent.
RépondreSupprimerOn ressent ce " syndrome "de l'abandon comme une souffrance du corps et de l'esprit
Je découvre aujourd'hui ton commentaire (l'avis était tombé en spam)… Merci de ton passage… La peur de l'abandon (plongeant ses racines très loin?), du retour à la vacuité de l'existence antérieure est sans doute l'une des clefs de la relation entre ces deux personnages…
RépondreSupprimerBonne journée…