jeudi 12 septembre 2013

La passion de Madame la Directrice ( 3 )



– J’ai reçu un MP… D’elle…
– C’était couru… Je lui ai dit qu’on correspondait tous les deux… Alors forcément elle allait t’en envoyer un… En tout cas elle s’est bien gardée de m’en parler… On ferait ses petits coups en douce, Madame Boudet ? Bon, mais vas-y ! Lis-moi ça !
– « Oteka, bonjour ! Je viens seulement de réaliser… Votre pseudo… Je viens seulement de réaliser que c’est tout simplement la translation d’OTK… Une des positions… Non… LA position que je préfère quand il s’agit d’offrir mes fesses à une main habile et vigoureuse qui va s’employer à les réchauffer… En attendant vous savez que vous êtes très agaçant ? Si, si ! Parce que, dans vos posts sur le forum, vous procédez systématiquement par allusions, voire même par semi allusions… Vous laissez entendre, mais vous ne dites jamais… Et c’est  terriblement frustrant… C’est quoi ces expériences qui ont eu tellement compté pour vous… On a envie de savoir… Moi, en tout cas, j’ai envie de savoir… Et ce ne serait que justice… Parce que je raconte… Je raconte… Tout… Ou presque… Sans qu’en échange, de votre côté… Allez, un petit effort, quoi ! Martina… »
– Tu parles qu’elle raconte… Elle invente, oui… Bon, mais en attendant le poisson est en train de mordre… T’as répondu ?
– Non… J’attendais d’avoir ton avis…
– Faut répondre… Faut absolument répondre… Et sans tarder…
– Et je dis quoi ?
– Ce qu’elle a envie d’entendre… Raconte-lui un truc… Tu vas bien trouver…



– Ça y est !
– Déjà ! T’as pas perdu de temps, dis donc ! Eh ben vas-y ! Je t’écoute…
– « Martina, bonsoir ! À un courrier comme le vôtre il n’y a guère d’autre réponse à apporter, en tout cas dans un premier temps, que de vous faire l’un de ces récits que vous réclamez à cor et à cri… Alors voilà… Je venais d’être embauché – j’avais tout juste vingt ans – chez un cuisiniste… Mon rôle consistait à accueillir la clientèle et à lui « faire l’article »… La secrétaire – une blonde d’une cinquantaine d’années, très coquette, qui tapait devis et factures dans le bureau voisin – avait supervisé au début et rassuré le patron : je m’en tirais fort bien… Il pouvait donc se consacrer exclusivement aux chantiers… Ce qu’il faisait… Et on ne le voyait réapparaître au magasin que sur le coup de cinq heures pour s’informer des ventes qui avaient été réalisées, des commandes qui avaient été passées et des coups de téléphone qui avaient été reçus… La secrétaire, lui faisait un compte-rendu extrêmement détaillé qu’il ponctuait de petits grognements d’approbation… « C’est tout ? » C’était tout, oui… « Et Bérard, Magali ? Vous avez encore oublié d’appeler Bérard… » « Oh, bon sang, oui… » « Et le devis pour Marivier ? Ça aussi, vous avez zappé… C’est pas faute, pourtant, de vous l’avoir rappelé… » « Je suis désolée… » « Il y a des fessées qui se perdent… Ça fait un moment que je vous le répète, Magali, mais il y a vraiment des fessées qui se perdent… » Elle baissait les yeux, rougissait, souriait d’un air mi-contrit mi-amusé… « Vous étonnez pas si ça finit par vous arriver… À force de faire… » Elle me jetait un rapide regard par en-dessous… Détournait la tête… Et le lendemain soir à nouveau… »
– Ça va lui plaire… Alors là je peux te dire que ça va lui plaire…
– « Ça avait eu lieu… Je l’ai compris un matin que j’étais en avance… Ils ne m’avaient pas entendu arriver… « Faut croire que ça vous a pas suffi, Magali… Que vous tenez absolument à ce qu’on en remette une couche ce soir… » Elle a ri… D’un rire haut perché… A mollement protesté… Je me suis discrètement éclipsé pour ne faire ma réapparition qu’une dizaine de minutes plus tard… J’ai passé ma journée à l’observer… Du coin de l’œil… Elle en avait pris une… Ça faisait pas l’ombre d’un doute : chaque fois qu’elle s’asseyait, c’était du bout des fesses, avec une petite grimace… Il l’avait menacée de recommencer… Est-ce qu’il allait le faire ? Pour rien au monde je n’aurais voulu manquer ça… Alors ce soir-là… J’ai quitté le magasin le premier, comme je le faisais d’habitude pour me rendre, à pied, jusqu’à l’arrêt d’autocar, mais, très vite, je suis revenu sur mes pas… La fenêtre du bureau donnait, à l’arrière, sur un minuscule bout de terrain bordé par une haie derrière laquelle je me suis dissimulé… Et j’ai attendu… En vain… Ils ont parlé… Ouvert des tiroirs… Déplacé des dossiers… Ont finalement éteint la lumière et quitté les lieux… De fessée point… Je n’allais pas me décourager pour autant… Chaque soir, obstinément, je venais reprendre mon poste d’observation… Pour rien… J’allais renoncer quand enfin, un soir, ma patience fut récompensée… J’espère ne pas avoir lassé la vôtre, mais je tombe littéralement de sommeil… Alors, si vous le voulez bien, je reprendrai demain le cours de ce récit… Et je vous souhaite une excellente nuit… OTEKA »
– Génial ! Absolument génial de la faire mariner comme ça… On va y arriver… Je suis sûre qu’on va y arriver…

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