– « Vous le faites exprès,
hein, Oteka ? Vous le faites exprès… C’est pas possible autrement… Chaque
fois vous vous arrêtez au pire endroit… Au pire moment… Elle vous a vu ? Elle
a compris que vous aviez assisté à tout… Et alors ? Et après ? Il
s’est passé quoi ? Elle a fait quoi ? Elle a réagi comment ? Et
vous ? Vous ne me ferez jamais croire que vous êtes repartis
tranquillement comme ça, chacun de votre côté… Comme si de rien n’était… Ah,
non… Non… Alors ne me faites pas
languir… S’il vous plaît, Oteka… S’il vous plaît… »
– Le poisson est ferré… Maintenant suffit
de pas mouliner trop vite… De pas chercher à le ramener prématurément sur la
berge… Mais pour ça je te fais confiance… »
– « Eh bien, si,
Martina ! Si ! Chacun est reparti de son côté… Moi, en tout cas, j’ai
filé sans demander mon reste… D’instinct… Parce que je me sentais coupable…
Coupable d’avoir été là… Coupable d’être resté là… Coupable d’avoir vu ce que
je n’aurais pas dû voir… Et elle ? Elle, pendant ce temps-là, elle s’était
précipitée, affolée, sur le téléphone… Elle avait appelé le patron… Pour le
mettre au courant… J’avais assisté à tout… C’était épouvantable… Et si je
parlais ? Si je racontais autour de moi ? Si ça revenait aux oreilles
des ouvriers ? Elle n’avait plus qu’à disparaître… À aller se terrer quelque
part au fond d’un trou … N’importe où… Tout cela je l’ai appris, le lendemain
matin, de la bouche même du patron, hilare… « Jouons cartes sur table,
Magali… Il a vu vos fesses… Et alors ? La belle affaire ! Ce sont pas
les premières qu’il voit et ce seront pas les dernières… » Oui… Non… Mais
ce qu’il y avait surtout… « C’est que je vous donne la fessée… Et que
maintenant il le sait… Et qu’il sait que vous adorez ça… Bon, ben voilà… Au
moins comme ça les choses sont claires… Pour tout le monde… Qu’est-ce
qu’il y a encore ? Vous avez peur qu’il tienne pas sa langue, c’est
ça ? Mais il dira rien… À personne… Hein, toi, que tu diras
rien ? » J’ai promis… J’ai juré… « Bon, ben maintenant trêve de
bavardages… Tout le monde au travail… On a assez perdu de temps comme
ça… »
– Et tu t’arrêtes là ?
– Oh, non, non… Faut pas que ça devienne
systématique non plus…
– Bon, ben continue alors !
– « On a passé la matinée
chacun de notre côté… Elle, dans le bureau et moi au magasin… Pratiquement sans
se parler… Juste le strict nécessaire… Aussi mal à l’aise l’un que l’autre…
L’après-midi aussi… Jusqu’à ce qu’il rentre le patron… Et qu’il la rejoigne
dans le bureau pour procèder à ses petites vérifications quotidiennes…
« Ah, non ! Ça va pas, Magali… Ça va pas du tout… Mais où est-ce que
vous aviez la tête aujourd’hui ? C’est encore pire que d’habitude… Faites
attention… Faites très attention, Magali… Parce que ça pourrait bien encore
vous arriver… Et cette fois votre jeune collègue ne se contentera pas de
regarder… Il officiera… » « Oh, non ! Non… Pas lui !
Vous pouvez pas me demander une chose pareille… Pas lui ! » « Et
pourquoi pas ? » « Mais c’est un gamin ! Je mourrais de
honte… » « Eh bien alors vous savez ce qu’il vous reste à faire… Ou à
ne pas faire… C’est selon… » Voilà, Martina, voilà… Vous allez sans doute être
déçue – sans doute pas autant que je l’ai moi-même été – mais c’en
est resté là… Il n’y a jamais eu d’autre fessée… Ni donnée par lui… Ni donnée
par moi… Du jour au lendemain il n’a plus été question de rien… Plus la moindre
allusion… Plus la moindre menace… Pourquoi ? Je n’ai pas de certitude absolue
là-dessus, mais je crois, si je me fie à certains indices, qu’ils sont devenus
amants – ce qui n’était pas jusque là le cas – et que les
fessées il les lui a alors données chez lui… Ou chez elle… Exclusivement… Bien
sûr je pourrais, pour les besoins de la cause, prétendre le contraire… Vous
raconter que je l’ai fessée tant et plus… Inventer… Imaginer ce qui n’a pas réellement
eu lieu… Mais non… Non… Ce n’est pas du tout mon mode de fonctionnement… »
– Et tiens ! Prends ça par les
dents… Elle dont les soi-disant confessions ne contiennent pas un traître mot
de vrai… Oh, mais envoie ! Dépêche-toi d’envoyer… J’ai hâte de voir la
réponse…
– « Je vous sais gré, mon cher
Oteka, de votre honnêteté… Il y a malheureusement, sur ce site que nous
fréquentons vous et moi – comme sur tant d’autres d’ailleurs – beaucoup
trop de fantasmeurs… Qui espèrent-ils, au bout du compte, tromper ? Leurs
histoires sont, la plupart du temps, totalement invraisemblables… »
– Elle manque pas d’air… Non, mais
alors là elle manque pas d’air…
– « Cela étant, vous n’avez pas
eu l’occasion de fesser cette pauvre Magali… J’avoue d’ailleurs qu’à sa place…
J’ai beau adorer la fessée… Je vivrais très mal la perspective de me la voir
infliger par quelqu’un qui n’a pas la moitié de mon âge… »
– C’est pourtant ce qui l’attend…
Si tout se passe comme prévu – et il y a pas de raison – c’est
ce qui l’attend…
– « Vous n’avez pas eu l’occasion
de la fesser, elle, mais je suis bien persuadé que vous vous êtes trouvé, par
la suite, dans des situations où vous avez été amené à en administrer… Non ?
Je vous embrasse… MARTINA »
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