– Qui est ce jeune homme qui s’enfuit,
Urbinia ?
– Quel jeune homme ?
– Là-bas… Derrière les oliviers…
– Je l’ignore…
– Vraiment ?
– Vraiment…
– Hier déjà il rôdait dans les parages…
– Je n’y ai pas prêté la moindre
attention…
– Avant-hier également…
– Sans doute quelque affaire qui l’amène
par ici ?
– Quelque intrigue amoureuse ?
– Qu’en saurais-je ?
– Tu sais, par contre, ce qu’il advient
des Vestales qui manquent à la chasteté…
– Comment l’ignorerais-je ?
– On les enterre vivantes après les
avoir fouettées… Pinaria… Opimia…
– Elles savaient à quoi elles s’xposaient…
– Qui était ce jeune homme, Urbinia ?
– Je te l’ai dit, Flavius… Je l’ignore…
– C’est pourtant en sa compagnie que tu
te trouvais tout-à-l’heure derrière les rochers là-bas…
– Moi ? Assurément non…
– Assurément si !
– Tu l’auras cru…
– Non pas… C’était toi… Mais trêve de
bavardages… J’en référerai au Grand Pontife…
– Je suis innocente de ce dont tu m’accuses…
– Il te fera examiner par les médecins…
Et s’il s’avère que…
– Je suis comme au premier jour…
– Ils verront bien… Nous verrons bien…
– Où vas-tu, Flavius ?
– Comme si tu l’ignorais… Où ma
conscience me l’ordonne…
– Non… Attends ! Attends ! Il
faut qu’on parle…
– Je n’ai rien à te dire…
– Mais moi, si ! Que veux-tu ?
Pour prix de ton silence… Que veux-tu ?
– Ce jeune homme n’est certes pas le
seul à te désirer, Urbinia…
– Eh bien allons ! Fais de moi ce
qu’il te plaira… Et garde-moi le secret…
– Pas si vite ! Crois-tu que j’ignore
quel châtiment attend celui qui séduit une Vestale ? Que je songe un seul
instant à courir ce danger ?
– Alors que veux-tu ?
– Peut-être me satisferai-je d’assister
à ton supplice…
– J’implore ta pitié, Flavius…
Épargne-moi, je t’en conjure, cette mort atroce…
– Elle l’est assurément… La faim… La
soif… L’air qui vient à manquer…
– Tais-toi !
– On s’écorche en vain les ongles contre
les murs… On se tord par terre de désespoir…
– Assez ! Assez !
– À moins que…
– Oui ?
– Que je me contente, pour te punir, de
te fouetter moi-même…
– Oh, oui, Flavius, oui… Je t’en serai
éternellement reconnaissante…
– Toutes les fois que l’envie m’en
prendra…
– Aussi souvent que tu voudras…
– Ce sera tous les jours…
– Si tu le souhaites…
– Aussi fort que bon me semblera…
– Comme il te plaira… Pourvu que la mort
me soit épargnée…
– Elle te le sera…
Dénude-toi, Urbinia !
Agenouille-toi ! Face contre terre… Ne relève pas la tête… Je te l’interdis…
– Il y a quelqu’un… J’entends des pas…
– Il y a quelqu’un en effet…
– Qui est-ce ?
– Ce jeune homme dont tu prétends
ignorer qui il est… Il est venu, à ma demande, pour te châtier…
divinement pervers...
RépondreSupprimerMerci...
SupprimerJ'aime beaucoup le final.
RépondreSupprimerL'illustration est bien choisie.
En fait, Mike, c'est l'illustration qui a suscité le texte... Qu'il s'agisse des dessins d'Escobar, de Waldo ou d'autres encore j'aime les laisser faire venir des histoires qui n'auraient pas vu le jour sans eux...
Supprimer