jeudi 2 mai 2013

Escobarines: La maison aux volets bleus ( 2 )


2 Juin, 18 heures

Ah, elle a pas perdu de temps, ça ! Je finissais tout juste ma vaisselle, à midi, quand elle a frappé… « Je vous dérange pas ? » Mais non, non… Bien sûr que non elle me dérangeait pas… Qu’elle entre… Qu’elle s’assoie ! Alors ? C’était pas trop dur ? « Quoi donc ? » Ben d’avoir un mari constamment par les routes comme ça… À ne rentrer que le week end… Et encore pas toujours… « Oh, non, non… Ça va… Je suis habituée maintenant… » Oui, mais quand même… À son âge… Ça devait pas être drôle tous les soirs… Elle n’a pas répondu… Elle a gardé les yeux obstinément fixés sur le bout de ses chaussures… Mais d’un autre côté… fallait reconnaître… ça l’arrangeait bien, hein ? Elle a fait celle qui comprenait pas… « Comment ça ? » Ben… le reste de la semaine elle pouvait faire ce qu’elle voulait… Et elle s’en privait pas… J’avais pas les yeux dans mes poches quand même ! Elle s’est levée, furieuse… «  Espèce de vieille folle, va ! Sale commère ! Vous avez que ça à foutre d’espionner les gens ? » Et elle est partie en claquant la porte…


3 Juin

« Je suis venue m’excuser… » C’était la moindre des choses, oui ! « Je me suis emportée… Je suis désolée… » Bon, mais allez ! On n’en parlait plus… « Qu’est-ce que vous allez faire ? » Comment ça qu’est-ce que j’allais faire ? « Vous allez en parler ? Le raconter autour de vous ? » À son avis ? « Non, parce que si ça lui revient aux oreilles à Yoan… » Ah, alors là sûr qu’elle était mal ! Non, mais je dirais rien… J’étais pas comme ça… Je dirais rien… Non… J’allais lui flanquer une bonne fessée plutôt à la place – c’était la moindre des choses – pour la punir de la façon dont elle m’avait parlé… Et on en resterait là… « Une fessée ? Et puis quoi encore ? Non, mais ça va pas ! Vous êtes folle… Vous êtes complètement folle… Et c’est rien de le dire… »


4 juin

Elle est revenue, mais ça j’en étais sûre… « Écoutez… On est entre femmes… Yoan, il est important pour moi… Très… Pour rien au monde je voudrais le perdre… Mais Kevin aussi… Au moins autant… Vous comprenez ? » Pas du tout, non… Je comprenais pas… Pour moi quand on était avec quelqu’un on était avec quelqu’un… Un point, c’était tout… « Oui, ben en attendant vous, avec vos belles idées, vous  êtes toute seule… » Ah, elle voulait jouer à ce petit jeu-là avec moi ? Très bien… Très très bien… Elle allait voir ce qu’elle allait voir… Et pour commencer j’allais avoir une petite conversation, seul à seule, avec Kevin dès son retour… « Vous allez pas faire ça ? » J’allais me gêner… « Il vous croira pas… Vous avez aucune preuve de quoi que ce soit n’importe comment… » Ah, oui ? Elle croyait ? Vraiment ? J’en savais pourtant des choses… « Quoi ? Qu’est-ce que vous savez ? » Oh, qu’il était conseiller financier à La Poste, par exemple, et puis qu’il était marié, que sa femme s’appelait Eva, qu’ils avaient deux enfants en bas âge, qu’ils habitaient avenue… « Mais comment vous savez tout ça ? » Ça n’avait pas d’importance comment, mais ce qu’il y avait de sûr en tout cas c’est qu’avec tout ça son Yoan il aurait suffisamment d’éléments pour… « Vous êtes monstrueuse… » Ben voyons ! Et d’ailleurs, pour faire bonne mesure, ce qu’il aurait fallu, c’était mettre Eva au courant aussi… « Vous êtes odieuse… » Oui, c’était une idée, ça… J’allais m’en occuper… Aussitôt que possible… « Taisez-vous ! Taisez-vous ! Je vous en supplie : taisez-vous ! »


5 Juin

«  Bon… Mais faut que je fasse quoi alors pour que vous nous laissiez tranquilles ? Pour que vous me mêliez pas de ma vie privée ? » Elle le savait… Elle le savait très bien… «  Mais non, mais… » Une bonne fessée et je serais muette comme une tombe… « Vous pouvez pas me demander ça… » Oh, si je pouvais, si ! C’était même ce que j’étais en train de faire… Maintenant si ça lui convenait pas, c’était pas un problème, hein… Elle savait pertinemment à quoi elle s’exposait… «  Si ! Non, mais si… » Bon, mais allez ! Ça commençait à bien faire… Assez tergiversé… Deux minutes je lui donnais pour se foutre à poil… Pas une de plus… Sinon… On était samedi demain, non ? On n’était pas samedi ? Elle a poussé un profond soupir , elle m’a tourné le dos et elle l’a fait… D’un coup… Bon, ben voilà ! Est-ce que c’était la peine de faire toutes ces simagrées, hein, franchement ?! Puisque de toute façon on savait, l’une comme l’autre, depuis le début, qu’elle en passerait par là… « Hein ? Ah, mais non ! Non… Pas du tout… » Mais bien sûr que si ! Pourquoi s’obstiner, comme ça, à nier l’évidence ? Et je lui ai demandé de se retourner… De mettre les mains sur la tête… Là… Parfait… Bon, mais on n’était pas pressées… Tout notre temps on avait… Tout le temps qu’on voulait…

2 commentaires:

  1. Le Texte est sympa mais l'illustration est magistrale !
    Toujours aussi canon tes "louloutes", faut vraiment que tu m'en présentes une... :D

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. D'autant plus d'accord avec l'aspect magistral de ce dessin que je l'ai "exploité" plusieurs fois...
      Quant à en rencontrer une il faut voir ça avec leur papa Jean-Philippe...
      Excellente journée...

      Supprimer