lundi 6 mai 2013

Le Centre ( 18 )


Elle s’est assise sur le bord de mon lit…
– Tu fais voir ?
J’ai pas répondu…
– T’entends ce que je te dis ? Fais voir !  
J’ai continué à lire…
– Ah, tu veux jouer à ce petit jeu-là avec moi ? Très bien… Très très bien… Ça t’a pas suffi ? Tu continues à me chercher ?
– Oh, mais t’as bien assez vu tout-à-l’heure… Quand il me l’a fait… Non ?
– Non… C’est surtout juste après que j’aime, tu sais bien… Quand ça vient d’avoir lieu… Que c’est encore tout chaud… Allez, montre ! Montre ou bien alors là je voudrais pas être à ta place…
– T’es chiante…
– Mais oui… Mais oui… Là… Tu vois quand tu veux… Oh, super… Vraiment super… Comment t’as marqué ce coup-ci ! C’est normal, remarque ! Deux comme ça… L’une sur l’autre… Ah, laisse-moi toucher…
– Ça fait mal…
– Ben oui, je te fais mal, oui… Et alors ? À qui la faute ? T’es quand même une sacrée belle conne, toi, hein, dans ton genre… Parce qu’on aurait pu être drôlement complices toutes les deux… En faire baver à Aurore… Et à tout un tas d’autres filles… On se serait amusées comme des petites folles… Mais non… Toi, au lieu de ça… Mais c’est ton choix, hein ! Alors maintenant t’assumes…
– Pardon, les filles ! Excusez-moi, mais…
– Putain, tu fais chier, Laëtitia… Qu’est-ce qu’il y a ?
– C’est Monsieur Martial… Il veut absolument qu’elle descende Eugénie… Tout de suite…
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Ah, ça ! Il m’a pas dit…
– Tu couches avec lui, toi, hein, c’est ça ?! Tu couches avec…
– Je te jure que non…
– Prends-moi bien pour une conne… Bon, mais vas-y ! Vas-y ! De toute façon il y a pas le choix… Seulement je peux te dire que tu vas me le payer… Et cher… Très cher…

– Eh ben alors ! Tu sais que c’est pas gentil du tout de me faire attendre comme ça ?
– Je suis désolée, je…
– Tous les soirs je te veux ici… Tous les soirs… Ne m’oblige pas à te le répéter… C’est compris ?
– Oui…
– Bien… Alors reprenons… Parle-moi encore de tes fantasmes…
– Ah… Oh, je sais pas… Je…
– Mais si, tu sais ! Bien sûr que si, tu sais…
– J’ai été…
– Oui ?
– La maîtresse d’un jeune roi… Sur l’ordre de sa mère… Qui voulait que je le fasse parler… Que j’apprenne le plus de choses possible sur ses intentions… Ses projets… Ses fréquentations…
– Et alors ?
– J’ai voulu trop bien faire… J’ai été très imprudente… Et je me suis fait surprendre en train de recopier, assise à son secrétaire, un papier qui m’avait paru important… On m’a soupçonnée d’espionner pour le compte de la couronne d’Espagne… On a exigé de moi que je livre mes complices… Je le pouvais d’autant moins qu’à l’exception de la reine-mère je n’en avais pas et qu’il était hors de question que je la mette, elle, en cause… On ne m’aurait de toute façon pas crue… Que faire sinon me taire ? Me taire malgré le cachot… Les interrogatoires interminables… Et la torture… La torture à laquelle on avait fini, de guerre lasse, par me soumettre…
– Et à laquelle, tant de siècles après, on va encore te soumettre… Parce que tu n’as pas tout dit… Tu es loin d’avoir tout dit… Non ?
– Si…
– Viens ! Elle est jolie cette petite machine… Non ? Tu trouves pas ? Et elle va te rendre très bavarde, tu vas voir…  


– Je sais pas… Je vous ai dit… C’est personne… Je sais pas…
– Mais si, tu sais… Mais si ! Plein de choses… Pas cette histoire de roi… Dont je me contrefiche… Mais tu as plein de secrets… Des secrets à toi… Que tu tiens jalousement enfermés… Je les veux… Et tu vas me les donner…   

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire