–
Je t’attendais…
–
Je me doute, oui… Alors ?
–
Ben alors j’ai pas pu…
–
Comment ça ?
–
Toute la soirée je me le suis dit que j’allais le faire… Que j’allais me
débrouiller, d’une façon ou d’une autre, pour qu’elle s’en aperçoive, mais, à
chaque fois, au dernier moment, il y avait quelque chose qui me retenait… J’y
arrivais pas…
–
Elle te fait peur… C’est ça, hein ?
–
Non… Oh, non… Alors là, non… Mais quand même… T’es son mec…
–
Oui… Oh, ça ! Et donc il s’est rien passé… T’es gentiment allée te coucher
sans qu’elle se soit rendu compte de rien…
–
Non… Parce que c’est elle à la fin… C’est elle… Elle a attendu jusqu’au dernier
moment et puis : « T’as rien à me dire ? » Non… Non…
Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il aurait fallu que j’aie à lui dire ?
« Joue bien les idiotes ! » « Mais non ! Je
t’assure… » « Fais voir ton cul ! » « Non, mais ça va
pas ! T’es vraiment pas bien, hein, par moments… » « Montre ton
cul, j’te dis ! Allez ! » Furieuse elle était, mais furieuse
d’une force ! « Tu vas le montrer… Je te jure que tu vas le
montrer… » Et d’un seul coup – je m’y attendais pas – elle m’a poussée sur
le lit, elle m’est montée à califourchon dessus et elle me l’a baissée ma
culotte… « J’en étais sûre ! Espèce de petite saloperie… J’en étais
sûre… Et t’as aussi couché avec, hein ? Mais oui ! Évidemment que
t’as couché avec… » « Ah, non ! Non… Ça, je te jure que
non… » « Mais bien sûr ! Je vais te croire… Oh, mais tu vas me
payer ça, ma petite… Je peux te dire que tu vas me payer ça… » Elle m’a
maintenue de tout son poids et c’est tombé… Non, mais comment c’est
tombé ! Ah, je peux te dire qu’elle a pas fait semblant… Et interminable…
J’ai eu beau crier… Supplier… Tempêter… Elle arrêtait pas… Au contraire
t’aurais dit que plus je hurlais, plus je gigotais et plus ça l’excitait…
–
Ce qui est probable… Et alors ?
–
Alors… Ben il a quand même bien fallu qu’elle finisse par arrêter à la longue…
–
Tu dois avoir le derrière dans un état !
–
Ah, ben ça !
–
Tu fais voir ?
–
Ce que je me demande quand même, c’est comment elle a su… Comment elle a pu se
douter…
–
Je peux t’assurer que j’y suis absolument pour rien…
–
Oh, mais je t’accuse pas, hein !
–
Je sais bien… Bon… Tu fais voir ?
–
C’est pas la peine… À quoi ça va te servir ?
–
À ce que je me rende compte…
–
Tu sais bien ce que c’est qu’une bonne fessée quand même !
–
Oh, pour ça, oui…
–
Eh ben alors ! Qu’est-ce ça te donnera de plus ?
–
J’ai ma petite idée…
–
C’est quoi ?
–
Montre d’abord… Je te dirai…
–
T’es chiant…
–
Je le sais pourquoi tu veux pas montrer…
–
Ah oui ?! Et pourquoi ?
–
Parce que t’as tout inventé… Qu’elle te l’a pas donnée Aglaé la fessée… Qu’elle
s’est aperçue de rien…
–
N’importe quoi… Et pourquoi j’aurais fait ça ?
–
Parce que raconter quelque chose qui n’est pas eu lieu c’est le faire, d’une
certaine façon, exister… C’est un peu comme si ça s’était vraiment passé… Et
comme tu crèves d’envie de la recevoir de la main d’Aglaé la fessée… Pour plein
de raisons…
–
Tu te l’imagines…
–
Bien sûr que non… Et tu le sais très bien… Tu veux que je te les énumère les
raisons ?
–
C’est pas la peine, non…
–
Ben d’abord ça te déculpabiliserait de ce que…
–
S’il te plaît, non, va…
–
Bon, mais en attendant reconnais que, de mon côté, je serais parfaitement en
droit de t’en flanquer une autre… Et retentissante… Avec toutes les salades que
tu m’as racontées… ce serait parfaitement justifié, non, tu crois pas ?
–
Si… Oui…
–
Eh bien allez alors ! Allez…
–
Si t’as pas ameuté les voisins on aura de la chance…
–
Oui, mais comment t’as tapé aussi !
–
Tu le regrettes ?
–
Non… Non, mais…
–
En attendant va faire un petit tour au coin, tiens… Réfléchir à ce qu’il en
coûte de mentir d’une façon aussi éhontée…
–
Quelle heure il est ?
–
T’occupe… Reste comme ça… Bouge pas !
–
Si Aglaé arrive…
–
Elle saura à quoi s’en tenir… Mais non… Non… Tu as raison… Laissons les choses
venir… À leur rythme… Il arrivera bien un moment où, forcément, elle
s’apercevra de quelque chose… Quitte à ce qu’on donne, le moment venu, le petit
coup de pouce… Et alors là…
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