jeudi 6 décembre 2012

Escobarines: Défaite


Pour se faire avoir on s’était fait avoir… Et en beauté… Parce qu’on était sûres de le gagner ce match… Sûres et certaines… Une chance sur dix mille il y avait de le perdre… Elles étaient pas au niveau les autres… Chaque fois qu’on les avait rencontrées on les avait complètement enfoncées… Alors…
– Alors on va gagner ça haut la main…
Pour Fabienne, notre capitaine, ça coulait de source…
– Sinon…
– Sinon ?
– Je vous flanque une fessée à toutes… Toutes autant que vous êtes…
On a éclaté de rire...
– Et puis quoi encore ?
– Rigolez bien ! Je suis capable… Vous me croyez pas capable ?
Si… Non… On savait pas… De toute façon il se posait pas le problème… Avec la raclée qu’on allait leur mettre…
– Oh, alors ça ! C’est jamais joué à l’avance un match…
– Oui… Bien sûr ! Oui… Mais là quand même…
– Là… Si on perd… Alors là si on perd moi, je veux bien que tu m’en mettes une de fessée… Et une carabinée !
– Moi aussi !
– Et moi…
– Faites gaffe que je vous prenne pas au mot…
– Oh, tu peux… Alors là on court pas grand risque… Tu peux…
– Eh bien topez là alors… Marché conclu… Topez…
Et on l’a toutes fait…

Charline, au-dehors, en remontant, avait son petit sourire en coin…
– Qu’est-ce qu’il y a ?
– Rien… Rien…
– Mais si ! Dis…
– Vous faites une connerie les filles…
– Comment ça ? Mais dis ! Ce que t’es agaçante quand tu t’y mets…
– Qui c’est qui sera dans les buts ?
– Ben Camille… Elle s’est tordu la cheville Léa…
– Camille, oui…
– Et alors ?
– Vous verrez bien… Moi, j’m’en fous, hein… Aujourd’hui je suis sur le banc n’importe comment…

Et on a vu… Ça, pour voir, on a vu… Il y avait pas cinq minutes qu’on jouait qu’elle s’en était pris un…
– Putain ! Mais tu pouvais l’arrêter celui-là, merde !
– J’ai rien vu… Vous me masquiez…
Et un deuxième… En toute fin de première mi-temps…
– Mais qu’est-ce qu’elle a aujourd’hui ? Une vraie passoire…
Et on s’est épuisées tout le reste du match à courir après le score… Pour rien… Elles s’étaient toutes regroupées en défense les autres et elles défendaient bec et ongles leurs deux buts d’avance…

Elle était folle Fabienne, après, aux vestiaires… Folle…
– En-dessous de tout vous avez été… En-dessous de tout… Il y avait pas d’enjeu, je sais… On était qualifiées, oui… Mais c’est pas une raison… Ah, un beau spectacle que vous nous avez offert là ! Un beau spectacle ! Bon… Mais vous aimez ça vous donner en spectacle ? Eh bien vous allez être servies… Alors vous me retirez vos shorts et vous grimpez sur le banc, là… Exécution…
Estelle a mollement protesté…
– Non, mais attends… Tu vas pas…
– Pardon ? Vous vous y étiez engagées, non ? Si vous perdiez…
– Ben oui, mais…
– Il y a pas de mais qui tienne… Vous vous y étiez engagées, oui ou non ?
– Oui…
Elle a voulu l’entendre de notre bouche à toutes… Les unes après les autres…
– Oui…
– Eh bien alors ! Et un conseil : À votre place, moi, je la ramènerais pas trop… Parce que vous avez vraiment pas de quoi être fières…
Personne n’a plus rien dit… On s’est déculottées… On est montées sur le banc… Et… Oh, la vache ! Elle a pas fait semblant…


Elles nous attendaient dehors, devant leur car, les filles de l’autre équipe…
– Ouille ! Ouille ! Ouille !
– Aïe ! Aïe ! Aïe !
– Elles ont pris panpan cucul les vilaines…
– Et merde ! Elles ont entendu en plus ces connes…
– Elles ont même vu à la fin… Elles avaient carrément ouvert la porte…

– Les deux buts… Camille… Vous croyez qu’elle l’a fait exprès ?
– C’est ce qu’elle avait l’air de laisser entendre Charline…
– Pourquoi elle aurait fait ça ?
– Pour nous la faire avoir la fessée, tiens…
– Ça l’a avancée à quoi ? Elle aussi elle l’a eue…
– Oui, mais peut-être que elle, elle aime ça…
– La garce ! Non, mais quelle garce !       

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