Ma chère Akina,
Je
crois t’entendre… « Alors c’est comme ça que tu tiens tes
promesses ? » Je sais… Je sais… Je suis impardonnable… Trois mois que
je suis en Europe et… trois mois que je te laisse sans nouvelles… Mais tout ici
est tellement différent aussi ! Il y a tant de choses à découvrir, à voir,
à admirer que je ne sais plus où donner de la tête… Et plus un moment à moi…
Bon…
Mais que je te raconte… Donc je suis à Bruxelles… Hébergée à titre gratuit par
un couple d’enseignants belges… La seule chose qu’ils me demandent, en
contrepartie, c’est de consacrer au moins une heure par jour à parler japonais
avec leur fille Emma qui étudie notre langue… C’est pas une heure que j’y consacre,
c’est trois ou quatre… Sinon plus… Parce qu’à un mois près on a le même âge
toutes les deux, et qu’on s’entend super bien… Mais alors là vraiment bien… Et
comme, en plus, on partage la même chambre… Tu verrais ces délires qu’on se
fait !
Et
puis… Et puis surtout – et alors là je te le donne en mille – tu sais pas ce qu’on
s’est découvert comme passion commune ? Réfléchis ! Ben oui… Ça… La
même chose que nous, toi et moi… Non, mais tu te rends compte ? Comment je
m’en suis aperçue ? Un jour que j’étais rentrée très en avance de la fac…
Elle m’avait pas entendue arriver et elle a voulu précipitamment cacher ce
qu’elle était en train de dessiner… Tellement vite que toutes les feuilles – et
il y en avait un sacré paquet – lui ont échappé et se sont éparpillées dans
tous les sens par terre… J’ai voulu l’aider à les ramasser… Que des dessins de
filles qui venaient de s’en prendre une c’était… Ou qu’étaient en train de s’en
prendre une… Ou qu’allaient s’en prendre une… Et il y en avait ! Mais il y
en avait ! Du coup comment elle était mal… Elle a balbutié quelque chose
et puis elle s’est tue, au bord des larmes… « Viens voir… » Et j’ai
ouvert, sur mon ordi, le dossier de dessins que tu connais… Elle m’a regardée,
incrédule, les yeux exorbités, et puis on est parties, toutes les deux, d’un
interminable fou rire…
Et
on a discuté… Elle… elle en avait déjà eu ? Oui… Enfin non… C’est-à-dire…
Pas par quelqu’un… « Ah, oui ? Toute seule ? Oh, mais c’est pas
pareil… Pas du tout… » « Je sais bien… Je me doute… Mais… »
« Mais t’as personne pour te la donner… » « Voilà… Oui… Et
toi ? » Oh, moi, oui… J’avais une amie là-bas au Japon on n’arrêtait
pas… Chaque fois qu’on avait l’occasion… Et on s’arrangeait pour que ce soit
souvent… Le plus souvent possible… « Qu’est-ce que t’as de la
chance ! » « Qu’est-ce j’en avais… Parce que maintenant… j’ai
personne pour ça ici… » « Ben si ! Si ! Il y a moi… »
Elle
y a mis tout son cœur… Ça a été très maladroit, désordonné, tout fou, mais,
malgré tout, terriblement efficace… À mon tour je n’ai pas été en reste… Tu
sais ce dont je suis capable… Elle a hurlé… Rué… M’a suppliée d’arrêter…
Suppliée de continuer… « Je sais pas… Je sais plus… Ça fait trop mal… Ça
fait trop de bien… » Quand ça a été fini elle m’a entraînée dans la
chambre de ses parents… Dans la grande glace de l’armoire elle a regardé ses
fesses… Et puis les miennes… Encore les siennes… « Jamais elles ont été
comme ça… C’est que je tapais pas assez fort aussi… J’osais pas… Mais
maintenant… On recommencera, hein ? »
On
a recommencé… On recommence… Dès qu’on est toutes seules à la maison toutes les
deux on remet ça… À peine une fessée s’est-elle estompée qu’on en ravive les
couleurs… Nos derrières sont, en permanence, du plus bel écarlate…
Quand
on a envie, mais qu’on peut pas, parce que ses parents sont là, qu’ils
pourraient nous entendre, Emma recopie les dessins d’un type, Escobar…
« Je suis fan… Je suis vraiment fan... Tu sais qu’il habite dans le coin
en plus ? » « Pourquoi tu inventes pas plutôt ? » « Parce
que… je suis pas très douée pour ça… Non… Et puis j’aime bien… Pendant tout le
temps que je fais ça j’imagine une histoire… Je me mets dans la tête de la
fille… Je brode… Ça part dans tous les sens… Alors je prends tout mon temps… Je
traîne tant que je peux… Pour rester avec… »
« C’est
quoi, ça ? » « Ben, mon billet d’avion… » « C’est pas
vrai ! Tu repars ? » « Pas tout de suite… Mais j’irai passer
les Fêtes de fin d’année là-bas, oui… » « T’y resteras
longtemps ? » « Trois semaines… » « Trois semaines !
Mais c’est horrible… Qu’est-ce que je vais devenir, moi, pendant tout ce
temps-là ? » « Tu dessineras… » « Oui, mais je t’aurai pas…
Je t’aurai pas, toi… » Et les larmes lui sont montées aux yeux…
Elle
m’avait pas, moi ? Qu’à cela ne tienne… Trouver son adresse à cet Escobar
ça a été un jeu d’enfant… Et j’ai tenté le tout pour le tout… J’y suis allée…
Juste après une fessée qu’elle m’avait donnée… Une fessée retentissante plus
appuyée, plus délivrée que d’habitude… Elle se vengeait… De mon départ… De mon
absence… J’ai mis mon uniforme d’avant – celui qu’elle aime tant – et j’y suis
allée… Il m’a ouvert… « Mademoiselle ? » Fait entrer… Je lui ai
expliqué, en deux mots, ce que je voulais... Je n’ai pas attendu sa réponse…
J’ai filé au coin, remonté ma robe que j’ai coincée pour qu’elle ne retombe
pas, baissé ma culotte… Et j’ai attendu… « Ben vous, vous y allez pas par
quatre chemins, on peut pas dire… » Mais il l’a fait… Je n’ai pas bougé
jusqu’à ce qu’il ait fini… « Là… Tenez… Mais la prochaine fois laissez-moi
vous la donner moi-même la fessée… Ce sera avec un réel plaisir… »
Elle
va avoir un VRAI dessin de lui, Emma… Et c’est un dessin de moi…
À
bientôt..
Je
t’embrasse…
CHIZUE
Excellent !
RépondreSupprimerFrançois, j'admire votre imagination.
C'est Jean-Philippe ( Escobar ) le "coupable"... Ses dessins t'ont une de ces façons de titiller l'imagination!
RépondreSupprimermerci pour le petit compliment au passage François mais je surenchéris
RépondreSupprimersur le commentaire de Lyzis ... Tu as beaucoup d'imagination!
Jusque là, la paume de ma main n'a jamais même effleuré la moindre fesse nipponne ...
Merci et bravo!
C'est un vrai grand plaisir pour moi, Jean-Philippe, que de la laisser courir ( l'imagination )à partir de tes dessins...
RépondreSupprimerBonne journée à toi...