28 Janvier
- Ca ne passe pas, docteur ! Mon mal de gorge… il passe pas…
- Vous avez pris les remèdes que je vous ai prescrits ?
- Oui. Tous…
- Et, bien sûr, vous avez arrêté de fumer…
- C’est-à-dire que…
- Soufflez ! Encore ! Allez, soufflez ! Vous avez fumé. Ca remonte à moins d’une heure… Et vous venez vous plaindre d’avoir mal à la gorge ! Le tabac est particulièrement irritant. Vous le savez pas ça ?
- Ben si, mais…
- Mais quoi ?
- C’est pas facile…
-Vous vous y étiez pourtant engagée.
- Je sais, oui !
- Et vous n’avez pas tenu parole.
- Je suis désolée.
- Ce qui ne vous avance à rien. En ce qui me concerne, moi, en tout cas, je tiens toujours mes engagements. Je vais donc m’occuper très sérieusement de vous. Vous en êtes toujours d’accord ?
- Oui, docteur ! Oui.
- Alors voilà ce qu’on va faire. Chaque fois que j’aurai acquis – comme ça a été le cas tout à l’heure tout à l’heure – la conviction que vous avez fumé je vous punirai…
- Vous me punirez ?
- Oui. Il n’y a, à l’évidence, pas d’autre solution avec vous. C’est la seule qui ait des chances d’être efficace… Non, vous n’êtes pas de cet avis ?
- Si !
- Parfait ! Alors je vous attends ici ce soir… A huit heures… Sans faute…
- Vous allez me punir… Mais vous allez me punir comment ?
- Faut vraiment que je vous fasse un dessin ?
Cette fille est folle. Cette gamine est folle. Complètement folle. Parce que si j’ai bien compris – et il y a neuf chances sur dix pour que j’aie bien compris – elle compte me flanquer une fessée. Et puis quoi encore ?! Non, mais ça va pas ! En tout cas je suis pas près de remettre les pieds chez elle ! Quitte à faire cinquante kilomètres pour aller consulter Guimard… Qui vaut ce qu’il vaut, mais bon…
23 heures
J’y suis allée… Ben oui, oui… J’y suis allée. C’est comme ça. À huit heures j’étais là-bas…
Elle m’a fait asseoir…
- Inutile que je vous demande de souffler. Je le sens d’ici.
- Oui, mais c’est parce que…
- Il n’y a pas de « c’est parce que » qui tienne… Vous savez ce qui vous attend ?!
- Oui.
- Quoi ? Dites-le ! Eh bien ?!
- Une fessée.
- Une fessée, oui. Et carabinée. Une fessée comme à une gamine de huit ans. Une fessée que vous avez amplement méritée. Vous n’allez tout de même pas prétendre le contraire ?
- Non. Je l’ai méritée, oui. Je la mérite.
Elle a fait le tour du bureau, s’est penchée sur moi, m’a soulevé le menton du bout du doigt…
- On y arrivera, tu verras ! On y arrivera… Allez ! Déshabille-toi ! Tu enlèves tout…
Elle ne m’a pas quittée un seul instant des yeux pendant que je l’ai fait.
Sa main m’a empoigné la nuque…
- Viens ! Là-haut… Tu pourras crier tout ton saoul. Personne n’entendra. Tu as froid ? Non ? Tu frissonnes pourtant…
J’ai crié, oui. Comme une perdue. Et elle, elle a tapé. Tant qu’elle a pu. J’ai le derrière dans un état ! Je ne vais pas pouvoir m’asseoir d’un moment. Ca me brûle, mais ça me brûle ! C’est de la folie comme ça me brûle !
C’est moi qui suis folle. Me laisser flanquer une fessée comme ça par une gamine qu’a vingt ans de moins que moi. Sous prétexte qu’elle a décidé que je devais arrêter de fumer. Faut vraiment que j’aie un grain. Et un gros : je me suis jamais sentie aussi bien qu’en revenant tout à l’heure de là-bas. Comme vidée de tout ce qui n’est pas moi. En harmonie. Heureuse. Oui. Heureuse comme jamais.
Bien que très timide de la fessée (expression hors d'âge, formulée par une vieille dame indigne), j'ai apprécié ce récit!
RépondreSupprimerLa timidité peut parfois être le prélude à bien des "débordements"...
RépondreSupprimerEt même les "vieilles dames indignes" peuvent parfois la "mériter"...
Merci de votre passage...
Bonne journée à vous...