5-
Une armée… Déployée à perte de vue… Des milliers et des milliers de casques et de cuirasses étincelant sous le soleil… Une armée… Rangée en ordre de bataille… Invincible… L’ordre donné… Les trompettes éblouissantes… On avance… Vers l’ennemi… Vers la victoire…
On recule… Je hurle…
- Tenez bon !… Mais tenez bon !… Ceux qui reculent seront exécutés…
Ils reculent… Ils continuent à reculer… On recule… L’ennemi est partout… Devant… Derrière… Au-dessus… Un éclair… Un éblouissement… Je perds connaissance…
- Ca va, centurion ?…
Quelqu’un est en train de me donner à boire… Me force à boire…
- On est où ?…
On est prisonniers… Des milliers de prisonniers…
- Mais c’est pas possible !… Qu’est-ce qui s’est passé ?…
- Ne t’agite pas !… Reste calme…
Je pleure en silence…
- Toi !… Toi !… Toi !…
Ils choisissent…
- Toi !…
Moi… On m’entrave les pieds… On me lie les mains… On m’enchaîne… On nous emmène…
Des rues pleines de monde… De femmes et d’hommes qui nous insultent… Qui nous crachent dessus… Qui se moquent de nous… Qui se bousculent pour nous lancer, au passage, coups de pied et coups de poing…
Il est là… L’empereur… Valérien… Notre empereur… Dépouillé de tous les insignes du pouvoir… On amène le cheval de Sapor, le vainqueur… Un mot… Un ordre… Valérien s’incline, courbe le dos… La foule hurle…
- Plus bas, Romain !… Plus bas…
Plus bas… Encore plus bas… Et Sapor escalade notre empereur, s’en sert de marchepied pour enfourcher sa monture… La foule s’esclaffe, pousse des cris de joie… Je veux voler à son secours… Un fouet claque… Je tombe à genoux…
Sapor devant, caracolant… Et Valérien, notre empereur, derrière, juché sur un âne, les pieds traînant piteusement par terre… On l’abreuve d’injures… On lui couvre la tête d’épluchures… Quelqu’un pique les flancs de l’animal avec un aiguillon… Il se cabre… Il rue… Valérien roule à terre… Je détourne la tête… On me force à regarder…
Je suis nu… On est une soixantaine de prisonniers, nus, sur une estrade improvisée… Des hommes et des femmes circulent entre nous… Ils nous examinent… Font jouer nos muscles… Les tâtent… Vérifient l’état de nos dents…
Elle me fait longuement tournoyer sur moi-même… Accroupir… Relever… Tendre les bras… Lever haut une jambe… L’autre…
- Tu as l’air solide, centurion… Tu devrais faire un excellent esclave…
Je ne réponds pas… Je me mords les lèvres pour ne pas répondre…
- Tu l’as déjà été… Tu l’es… En tout romain un esclave sommeille…
Je serre les poings… Mes yeux lancent des éclairs… Elle me gifle… Elle rit…
- Je te briserai… Je te briserai, je le jure…
Un signe… On s’empare de moi… On m’emmène…
Dans la cour on m’entoure… Les esclaves… Les servantes…
- Il nous a bien amusés ton empereur, romain !…
On rit… Tout le monde rit…
- Toi aussi, un bel escabeau tu ferais…
On approuve bruyamment…
- Ou même un cheval…
- Une rosse plutôt !…
Encore un éclat de rire… Général…
On veut me faire mettre à quatre pattes… Je m’y refuse… On m’y contraint…
Un esclave m’enfourche…
- Allez, hue, cocotte, hue !…
Un autre me fouette à tour de bras…
- Plus vite !… Plus vite !…
Elle est là-haut, dissimulée derrière les colonnades… Elle regarde…
Une armée… Déployée à perte de vue… Des milliers et des milliers de casques et de cuirasses étincelant sous le soleil… Une armée… Rangée en ordre de bataille… Invincible… L’ordre donné… Les trompettes éblouissantes… On avance… Vers l’ennemi… Vers la victoire…
On recule… Je hurle…
- Tenez bon !… Mais tenez bon !… Ceux qui reculent seront exécutés…
Ils reculent… Ils continuent à reculer… On recule… L’ennemi est partout… Devant… Derrière… Au-dessus… Un éclair… Un éblouissement… Je perds connaissance…
- Ca va, centurion ?…
Quelqu’un est en train de me donner à boire… Me force à boire…
- On est où ?…
On est prisonniers… Des milliers de prisonniers…
- Mais c’est pas possible !… Qu’est-ce qui s’est passé ?…
- Ne t’agite pas !… Reste calme…
Je pleure en silence…
- Toi !… Toi !… Toi !…
Ils choisissent…
- Toi !…
Moi… On m’entrave les pieds… On me lie les mains… On m’enchaîne… On nous emmène…
Des rues pleines de monde… De femmes et d’hommes qui nous insultent… Qui nous crachent dessus… Qui se moquent de nous… Qui se bousculent pour nous lancer, au passage, coups de pied et coups de poing…
Il est là… L’empereur… Valérien… Notre empereur… Dépouillé de tous les insignes du pouvoir… On amène le cheval de Sapor, le vainqueur… Un mot… Un ordre… Valérien s’incline, courbe le dos… La foule hurle…
- Plus bas, Romain !… Plus bas…
Plus bas… Encore plus bas… Et Sapor escalade notre empereur, s’en sert de marchepied pour enfourcher sa monture… La foule s’esclaffe, pousse des cris de joie… Je veux voler à son secours… Un fouet claque… Je tombe à genoux…
Sapor devant, caracolant… Et Valérien, notre empereur, derrière, juché sur un âne, les pieds traînant piteusement par terre… On l’abreuve d’injures… On lui couvre la tête d’épluchures… Quelqu’un pique les flancs de l’animal avec un aiguillon… Il se cabre… Il rue… Valérien roule à terre… Je détourne la tête… On me force à regarder…
Je suis nu… On est une soixantaine de prisonniers, nus, sur une estrade improvisée… Des hommes et des femmes circulent entre nous… Ils nous examinent… Font jouer nos muscles… Les tâtent… Vérifient l’état de nos dents…
Elle me fait longuement tournoyer sur moi-même… Accroupir… Relever… Tendre les bras… Lever haut une jambe… L’autre…
- Tu as l’air solide, centurion… Tu devrais faire un excellent esclave…
Je ne réponds pas… Je me mords les lèvres pour ne pas répondre…
- Tu l’as déjà été… Tu l’es… En tout romain un esclave sommeille…
Je serre les poings… Mes yeux lancent des éclairs… Elle me gifle… Elle rit…
- Je te briserai… Je te briserai, je le jure…
Un signe… On s’empare de moi… On m’emmène…
Dans la cour on m’entoure… Les esclaves… Les servantes…
- Il nous a bien amusés ton empereur, romain !…
On rit… Tout le monde rit…
- Toi aussi, un bel escabeau tu ferais…
On approuve bruyamment…
- Ou même un cheval…
- Une rosse plutôt !…
Encore un éclat de rire… Général…
On veut me faire mettre à quatre pattes… Je m’y refuse… On m’y contraint…
Un esclave m’enfourche…
- Allez, hue, cocotte, hue !…
Un autre me fouette à tour de bras…
- Plus vite !… Plus vite !…
Elle est là-haut, dissimulée derrière les colonnades… Elle regarde…
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