- Cette fois ça commence à bien faire !…
Et Fournier a empoigné Milàn. Qui n’a pas protesté. Qui n’a pas cherché à se défendre. Il l’a empoigné et il a tapé. A grands coups qui s’abattaient à pleines fesses. Les filles autour avaient toutes arrêté de se doucher, les yeux rivés au derrière de Milàn. Bouche bée, Sarah s’était figée, son gel douche à la main. Caroline, mâchoires serrées, accompagnait chaque claque qui tombait d’un grand mouvement décidé du menton. Penchée en avant à l’équerre, Laurianne ne cherchait pas le moins du monde à dissimuler l’intérêt très vif qu’elle prenait au spectacle. Indifférent à tout le reste, Fournier, lui, martelait le fessier cramoisi de Milàn comme si sa vie en dépendait. Comme si ça devait ne jamais avoir de fin. Milàn gémissait. Un petit grognement obstiné, régulier, de fond de gorge. Il gémissait et bondissait du derrière en soubresauts qui lui serraient et desserraient les fesses en mesure…
Ca s’est arrêté d’un coup. Sans que rien ait pu le laisser prévoir. Sans un mot, sans un regard l’un pour l’autre, ils ont quitté la pièce. Le silence. Qui s’est prolongé. Et puis il y en a une qui a ri. Avec hésitation. Une autre. D’autres. De bon cœur…
- Une comme ça, moi, comment j’aurais pas aimé la prendre !…
- Moi, si, au contraire…
- C’est trop rigolo quand c’est un mec… J’adore…
- Surtout celui-là !…
- Comment il laissait trop tout voir…
- Et il a pas le droit de se rhabiller de la journée maintenant en plus… C’est le règlement !…
- Génial… Il y en a pas une des deux qui veut me laisser sa place aux cuisines aujourd’hui, les filles ?… Exceptionnellement… Allez, un bon mouvement, quoi !…
- T’as le droit de rêver…
- Pourquoi il la lui a donnée Fournier finalement ?… Qu’est-ce qu’il avait fait Milàn ?…
- Ah oui, c’est vrai ça… On n’a pas su… Qu’est-ce qu’il avait fait ?
- Ben oui… Qu’est-ce t’avais fait ?…
Il a souri…
- Je lui ai supposé des mœurs qui le révulsent… Et ça il supporte pas… J’ai mis le paquet en plus… Je savais à quoi je devais m’attendre… Tu as aimé ?…
- Un peu que j’ai aimé !… Et rien que de penser que c’était pour moi que tu la prenais tu peux pas savoir comment ça me remuait à l’intérieur…
- Et moi donc !…
- Pourquoi tu te l’es fait faire par un homme ?… Parce que tu préfères ?…
- Non… Parce que j’ai pensé que toi, tu préférerais… Je me suis trompé ?
- Oui… Non… Je sais pas en fait…
- Tu veux qu’on recommence avec une femme ?…
- Chiche !…
- Mais alors là, cette fois, tu te mettrais à un endroit où je pourrais te regarder regarder… Avoir tes yeux… Tout du long…
J’ai dérivé, à caresses lentes, jusqu’à ses fesses…
- Comme elles sont chaudes !…
Il me les a abandonnées. Je m’y suis promenée du bout des cheveux. J’y ai posé ma joue. Mes lèvres. Je les ai piquetées de rapides petites morsures. Il a frémi. Il s’est soulevé. Ma main sous lui. Je l’ai enserré. Il s’est aussitôt répandu sur mes doigts…
Du plus loin qu’elle m’a aperçue Laurianne est venue à ma rencontre…
- T’étais où ?
- Chez Adeline…
- Ah !… C’est bien ce que je pensais !… Il y en a qui disaient que tu devais être avec Milàn… Comme vous n’étiez là ni l’un ni l’autre… Mais qu’est-ce que t’aurais bien pu fabriquer avec Milàn !… En attendant tout le monde se demande où il peut bien disparaître comme ça pratiquement tous les après-midi… Et les filles elles croient qu’il va retrouver un mec quelque part… Que c’est pour ça que ça a chauffé ce matin avec Fournier parce qu’il y a eu quelque chose entre eux et que Fournier il apprécie pas du tout qu’il le fasse cocu… Du coup ça expliquerait pourquoi il en a rien à foutre des nanas et qu’elles ont beau toutes lui courir après c’est comme si elles pissaient dans un violon… Moi, je veux bien… Mais n’empêche que le jour où j’en ai pris une sous la douche il bandait comme un fou furieux… Et ça je l’ai pas inventé… Je l’ai pas rêvé… Non… Alors moi ce que je crois c’est qu’il marche à la voile et à la vapeur… Mais chut… Qu’elles continuent à s’imaginer qu’il est seulement homo… Moi, ça m’arrange… Elles vont laisser tomber et j’aurai le champ libre…
Ils l’ont fait servir en salle…
- Mais c’est pas sa place !…
- C’est exceptionnel… Dans un souci de justice ils ont dit… Parce qu’il y a pas de raison que quand c’est une nana on la fasse déambuler à poil devant les clients et que quand c’est un mec il ait le droit de rester planqué sous prétexte qu’il bosse aux cuisines… C’est pas complètement faux après tout… Et ça risque d’être amusant en plus…
- Ca l’était pas vraiment…
- Ca l’était pas du tout, oui… Avec l’autre gros lourd et ses croche-pied… Et dire qu’il se croit fin !… Quant aux trois folles au fond avec leurs réflexions à la mords-moi-le-nœud ce qu’elles pouvaient me taper sur le système… A lui aussi d’ailleurs… Ca se voyait…
- Ce qui est un tort… Parce qu’elles en rajoutaient…
- Oui… Tout ce qu’il a pas entendu !… Mais quand même !… J’ai du mal à croire qu’il soit attiré par les hommes… Beau comme il est !…
- Oh, alors ça !… Ca veut rien dire du tout…
- On le saura demain…
- Demain ?… Pourquoi demain ?…
- Parce que… Elles t’ont pas dit ?… Parce que demain elles vont lui tendre un piège pour savoir où il va comme ça tous les jours… Comme il part toujours du côté de la fontaine elles vont aller se planquer un peu partout où il peut passer après… Faudra bien qu’on finisse par savoir qui c’est qu’il va retrouver comme ça…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire