lundi 1 juin 2009

Aux délices d'Adeline ( 9ème jour )

- C’est Fournier qui m’a dit ça juste comme j’attrapais son plateau à l’une des deux vieilles d’hier soir au resto… « - Ah oui, Clémence !… D’un peu plus j’oubliais… La 201 faut que tu lui montes son petit déj à poil… - Quoi !… Non, mais ça va pas !… Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?!… - Oh, moi j’en sais rien !… Si ça te va pas tu vois avec Ménisson… » Et Basile – il était là lui aussi – m’a dit comme ça qu’il avait pas de conseils à me donner, mais qu’à ma place il irait parce qu’il la connaissait la bonne femme et que si elle me prenait dans le collimateur elle avait pas fini de m’en faire voir… « - D’autant qu’elle a la cote ici… Qu’est-ce que tu risques n’importe comment ?!… Elle te touchera pas si c’est ça qui te fait peur… » C’était pas ça, non, mais… « - De toute façon c’est toi qui vois… C’est toi qui décides… Moi ce que j’en dis, tu sais ! »…




- Et alors ?… Tu y es allée ?…

- Ben oui… Oui… Elle était encore au lit la vieille… « - Ah !… En tout cas voilà une petite bien obéissante… C’est bien !… C’est très bien !… Pose-le là le plateau… Et assieds-toi !… T’as bien deux minutes… - Les autres clients… - Ils attendront les autres clients… Il y a pas le feu… Laquelle tu es alors, toi ?… Clemence, c’est ça ?… Et Clémence, c’est celle qui est mariée… Il a bien de la chance ton mari… Il en a conscience au moins ?… Il s’occupe bien de toi ?… Oui ?… Parce que les hommes souvent… En tout cas tu le mérites… Tu es mignonne comme tout… Si, c’est vrai… - Faut que j’y aille !… Si jamais on se plaint de moi… - Je t’arrangerai ça, n’aie pas peur !… Depuis le temps que je le connais Ménisson… On était hauts comme trois pommes que déjà… Tu es vraiment très belle… Laisse-toi voir !… Allons !… Ne sois pas ridicule !… Ne fais pas l’enfant !… Tu m’écoutes, oui ?… Ne m’oblige pas à me fâcher… J’ai horreur de ça… Allez !… Là… C’est bien… Tu vois que tu peux te montrer raisonnable quand tu veux… Quand on est aussi bien fichue que tu l’es on en laisse profiter les autres… C’est la moindre des choses… Et tu sais ce qu’il faudrait ?… Eh bien c’est que toutes les quatre, dans la salle, en bas, vous assuriez systématiquement votre service toutes nues… C’est une bonne idée, non, tu trouves pas ?… Mais je vais voir ça… Je vais en parler à qui de droit… »

- Ca, c’est son grand truc à elle… Faut qu’elle fasse mettre les nanas à poil… N’importe où et tout le temps…

- Ils vont quand même pas nous obliger à servir au restaurant comme ça ?

- Oh, alors là !… Ils en sont bien capables… Ca va dépendre… De tas de choses…

- Et si on veut pas ?

- Personne nous retiendra…




A l’entrée du parc c’était l’effervescence…

- Paraît que vous allez servir à poil ce soir ?!…

- Et qu’après ce sera notre tour à nous, aux cuisines… Non, mais ils sont vraiment pas bien !… Ils ont de ces idées !… On bosse avec des types, nous !

- Et nous pareil aux ménages !… Vous imaginez ?… Passer l’aspirateur dans les couloirs avec les clients qui vont pas arrêter d’aller et venir pour se rincer l’œil…

- Il y a encore rien de fait…

- Oui, mais il s’en parle !… Et pas qu’un peu…

- J’m’en fous !… Moi, s’ils m’obligent, je me mets en grève alors là…

En contrebas, derrière la fontaine, elles ont toutes les deux – la Mac Miche et la Catherine – fait leur apparition en compagnie de Monsieur Ménisson. Tout le monde s’est tu…




- Il s’est passé quoi au juste hier soir dans votre box ?

Adeline s’était absorbée dans la contemplation attentive de ses deux mains croisées sur le sous-main du bureau…

- Oh rien !… Rien d’extraordinaire…

Elle a violemment repoussé le fauteuil, s’est mise à arpenter la pièce, à grandes enjambées, de la fenêtre à la porte et de la porte à la fenêtre…

- Vous avez fait un boucan à ameuter tout l’hôtel… On vous entendait jusque dans le parc à ce qu’il paraît… Des clients se sont plaints… Ont menacé d’écourter leur séjour… Et toi tu viens tranquillement me soutenir qu’il ne s’est rien passé ?!… Est-ce que tu te fiches de moi ?…

- Coralie voulait une fessée… On la lui a donnée… C’est tout…

- Et tu trouves ça normal ?…

- C’était pour qu’Escobar la dessine…

- Je me fiche de savoir pourquoi c’était… Vous n’avez en aucun cas à vous administrer des fessées entre vous… C’est nous, Monsieur Ménisson et moi, qui déterminons laquelle d’entre vous doit la recevoir, comment et pourquoi… Et qui doit la donner… Est-ce que c’est clair ?…

- Oui, oui, mais…

- Il n’y a pas de mais qui tienne… Je ne te cacherai pas que cette affaire aura des suites… En temps voulu… Pour le moment tu rejoins tes camarades… Et pas un mot à qui que ce soit de cet entretien… C’est bien compris ?…




- Ben alors !… Tu me reconnais pas ?

Un type, d’un certain âge, installé tout seul, à la petite table, près de l’entrée…

- Non…

- Cherche bien !… Tu vas trouver…

J’avais beau, mais non… Son visage, sa voix me disaient bien vaguement quelque chose, oui, mais quoi ?

- Je vois pas…

- C’est agréable !… Ca fait plaisir !… Faut croire que ça t’a marquée !…

- Je suis désolée… Vous êtes qui ?

- Ah ça !… Compte pas sur moi pour te le dire… T’auras qu’à te creuser un peu les méninges… Apporte-moi du pain en attendant… Et le plateau de fromages…




Bon, mais alors ?… Elle nous avait pas dit… On n’avait pas eu le temps… Mais ça s’était passé comment hier soir avec Escobar ?

Elle a souri, lointaine, extatique…

- Bien… Très bien… Tellement bien…

Il l’avait dessinée ?

- Oui… Entre autres…

- Entre autres ?… C’est-à-dire ?… Ben raconte, quoi !…

Elle pouvait pas. Elle avait pas envie. Et valait mieux qu’on arrête de lui poser des questions. Elle préférait. Comment on la trouvait plutôt ?… Ca lui allait habillée comme ça ?… Ca faisait pas ridicule ?… Non ?… On était sûres ?…

- Je sais pas si je fais bien finalement…

- Si tu fais bien de quoi ?

- D’y retourner ce soir… Faudrait pas qu’il me trouve collante…

- Et si t’y retournes pas il va croire que t’en as rien à foutre…

- Ouais, c’est le genre de situation…

- C’est le genre de situation où ça sert à rien de se poser la question pendant des heures vu que de toute façon on finit toujours par y aller…

- Oui… T’as raison… J’y vais… Mais vous pensez à moi, hein, les filles…

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