Le lit de Coralie était vide…
- Normal… C’est elle qui fait les petits déjeuners aujourd’hui…
Celui de Clémence aussi…
- Ben où elle est passée ?… Il est même pas défait… Où elle a dormi ?
Quant à Laurianne elle avait rêvé…
- Que j’en prenais une… Mais alors carabinée… C’était quelque chose… Faut croire que ça me manque… Si on nous en flanquait plus souvent aussi… Parce que moi à part Ménisson le tout premier jour… Tout le monde d’ailleurs… Au compte-gouttes ils nous les mettent ici… Et je vais sûrement pas continuer à attendre une éternité après eux comme ça… Non, non, non… Je vais me débrouiller pour en ramasser une… D’une façon ou d’une autre… Avant ce soir ce sera fait… Tu me crois pas ?… Tu verras… En attendant je vais me laver… Tu viens ?
Elle a regardé Milàn sous la douche et elle a ri. Il n’y a pas prêté la moindre attention. Elle a recommencé. Un peu plus longtemps. Et un peu plus fort…
- Qu’est-ce que j’ai de si drôle ?
- Rien… Non… Rien… Excuse-moi !… Mais je peux pas m’empêcher… C’est parce que… elles me l’avaient dit les filles que comme t’es fichu en bas c’était vraiment trop rigolo, mais je croyais quand même pas que c’était à ce point… Une faite comme ça j’en avais encore jamais vu…
Il s’est jeté un coup d’œil dessus, a fixé le mur d’en face…
- Qu’est-ce qu’elle a de si bizarre ?
- Je sais pas… Ca s’explique pas… C’est juste que quand on la voit on est forcément obligée d’avoir envie d’éclater de rire… Jamais ça m’avait fait ça avant… Avec personne…
- Et pourtant je peux t’assurer qu’il y a des filles qui la trouvent à leur goût…
- Peut-être… C’est possible, mais enfin bon… A choisir – s’il fallait absolument choisir – je préférerais encore celle de Monsieur Fournier…
Qui s’est rengorgé, redressé de toute sa taille. Qui l’a couvée d’un regard attendri…
- Même qu’elle soit vraiment pas trop le top quand même… Fripé comme c’est… Avec les machines qui commencent à dégringoler… On voit bien que c’en est une de vieux…
- De vieux… De vieux… J’ai quand même que 45 ans…
- Ben justement… C’est bien ce que je dis… Vous vexez pas, hein, M’sieur Fournier, mais c’est vrai que pour avoir envie avec vous faudrait quand même être sacrément en manque… Carrément mourir de faim, oui…
- Non, mais elle me cherche cette petite… Elle me cherche vraiment…
Il a quitté la douche et, en passant à côté d’elle, lui a lancé une grande claque sur les fesses…
- Tiens !… De la part du vieux… Ca fait mal, hein !
- Oh pas bien, non !… A votre âge on n’a plus beaucoup de force…
- Je vais te montrer, moi, si j’ai plus beaucoup de force…
- Vous avez que de la gueule…
- Alors là cette fois…
Il l’a empoignée, soulevée, renversée. Et généreusement fessée. Ca s’abattait à plein derrière. A grands coups de ses mains larges comme des battoirs. Avec une régularité de métronome…
- Pouce !… Assez… Pouce !…
Il a accéléré la cadence…
- Demande d’abord pardon…
- Oui… Oui… Pardon…
- Pardon qui ?
- Pardon, M’sieur Fournier…
- Et Milàn ?… On lui demande pas pardon à lui ?
- Pardon, Milàn…
Elle s’est laissé tomber sur son lit…
- J’t’avais dit… J’t’avais dit que j’en aurais une…
S’est longuement frotté les fesses…
- Le salaud !… Il y est pas allé de main morte… Mais comment c’était bon… Et puis t’as vu ?
- Quoi ?
- Comment ça le faisait bander Milàn de m’en voir prendre une… C’est vrai, t’as pas fait gaffe ?… C’était pourtant impressionnant… Quand je pense que c’est moi qui lui faisais cet effet-là !… Ca me rend toute chose… Et je me demande si je vais pas…
- Après ce que tu lui as dit tout à l’heure…
- Oh, mais c’est pas grave, ça… Je lui expliquerai… Il comprendra… Et de toute façon il en a pas cru un mot…
- Fais attention où tu mets les pieds… Parce qu’il y a d’autres filles sur le coup… Dont une qu’est vraiment pas commode…
- Oui, alors ça, si tu savais ce que je m’en fiche !… Chacune pour soi… Et que la meilleure gagne…
La Catherine de Médicis m’attendait sur le banc près de la petite porte de service…
- Belle journée, hein !…
J’ai vaguement approuvé et voulu poursuivre ma route…
- T’as bien deux minutes !… Viens me tenir compagnie un peu…
- Non, désolée… Je peux pas… Si on me trouve assise là pendant les heures de service…
- Passe me voir un soir alors… On discutera toutes les deux… On évoquera le bon vieux temps… Je compte sur toi, hein !…
Elle m’a menacée du doigt…
- Parce que sinon…
- Je sais plus sur quel pied danser avec Escobar… Il y a des jours on dirait qu’il a très envie de me voir… Et d’autres j’ai l’impression de lui casser les pieds… Mais vraiment… Je sais pas quoi penser…
- Ben pense pas… Prends les choses comme elles viennent… Qu’est-ce t’en as à foutre n’importe comment ?… Dans trois jours si ça tombe il sera plus là…
- Oui, non, mais…
- Oui, non, mais t’es amoureuse…
- Je sais pas… Je crois pas… Mais c’est de sa faute aussi : il a qu’à pas dessiner s’il veut pas qu’on tombe amoureuse…
- Vous voulez que je vous dise, les filles ?… Elle se fait un film… Il en a strictement rien à foutre d’elle Escobar… Parce que franchement qu’est-ce qu’un type comme lui irait perdre son temps avec une fille comme ça ? Qui n’a vraiment rien pour elle la pauvre…
- Elle est quand même pas si mal fichue que ça…
- Et faut reconnaître que ses dessins…
Clémence a haussé les épaules…
- Oui, oh, tu parles !… Il doit être vacciné depuis le temps… C’est sûrement pas la première emmerdeuse qui vient lui casser les couilles avec ses gribouillis… Non… Parce que – c’est pas pour me vanter – mais je le connais quand même un peu Escobar depuis le temps que je le croise sur les forums… Et c’est vraiment pas le genre de type à aller s’enticher d’une bécasse dans le genre de Coralie… Bon, mais enfin moi ce que j’en dis… Elle verra bien… Quelle heure il est ?… Hou !… Déjà !… C’est pas tout ça, mais on m’attend, moi !…
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