jeudi 18 juin 2009

Aux délices d'Adeline ( 14ème jour )

Elle l’a triomphalement brandi…

- Visez-moi ça, les filles !…

Un dessin. D’Escobar. On l’y voyait, elle, étendue en travers des genoux de Mac Miche et Laurianne de ceux de Catherine. Les deux « vieilles » leur tambourinaient à qui mieux mieux le derrière, avec des mines ravies, sous les yeux d’une assistance subjuguée… Clémence et moi, on attendait notre tour au premier rang, en regardant, nues et manifestement pleines d’appréhension, s’empourprer les fesses de nos collègues…

- Mais comment il a pu savoir ?… Il était pas là l’autre soir !…

Coralie a souri d’un air entendu…

- Et la petite terrasse au-dessus derrière ?… De là-haut on voit tout ce qui s’y passe dans le bureau de Mademoiselle Ternat… Comme si on y était… Sans que personne s’en rende compte… Et on entend tout quand la fenêtre est ouverte… C’est moi qui lui ai donné le truc à Escobar… Oh, mais soyez pas jalouses, hein !… Vous aussi il va vous faire… En double même puisque vous avez eu du rab… C’est lui qui l’a dit…




- Je t’ai attendue là-bas tout à l’heure…

- C’est trop dangereux, Milàn…

- Dangereux ?… Pourquoi dangereux ?…

- On peut pas se voir comme ça tous les jours… Ils vont finir par se rendre compte de quelque chose les autres à force…

- Et alors ?!… Qu’est-ce que ça peut faire ?… Tu dois rien à personne… Je dois rien à personne… On a bien le droit de…

- J’ai pas envie… J’ai pas envie qu’ils sachent… Parce que ça va être des tas de réflexions… Des salades à n’en plus finir… Toutes les filles vont me tomber dessus à bras raccourcis… Se foutre de toi qui te tapes des vieilles alors qu’elles ne demandent que ça…

- Elles peuvent bien raconter ce qu’elles veulent… Si tu savais ce que je m’en moque !…

- Mais pas moi, Milàn !… Et je veux pas qu’à cause de moi tu…

- Si je comprends bien tu veux plus qu’on se voie, quoi !…

- J’ai pas dit ça !… J’ai jamais dit ça !… Juste qu’il faut qu’on se montre les plus discrets possible… Qu’on n’attire pas l’attention… C’est à nous ce qui se passe entre nous et à personne d’autre…




L’avis était affiché, en grosses lettres rouges, à l’entrée des cuisines. Comme les fessées semblaient perdre, au fil du temps, de leur efficacité il avait été décidé, en haut lieu, pour leur rendre leur lustre, que tout employé qui se la verrait administrer serait dorénavant tenu d’en exposer les effets, au vu et au su de tout l’établissement, vingt-quatre heures durant…

- Ca veut dire quoi ce charabia ?

- En clair ça veut dire que chaque fois que t’en prendras une faudra que tu restes le cul à l’air pendant vingt-quatre heures… Histoire que tout le monde voie bien que t’as ramassé…

- Et ça veut dire aussi qu’elle a sacrément le bras long la Catherine, qu’elle obtient tout ce qu’elle veut et que c’est qu’une première étape : je donne pas une semaine avant qu’on soit obligées de rester toutes à poil toute la sainte journée…




- Qui c’est qui les a mis à la même table ?

C’était Laurianne…

- Qu’est-ce tu voulais que je fasse d’autre ?… C’est eux qu’ont demandé… Comme ils étaient tous les deux tout seuls ils ont préféré… Plutôt que de rester chacun dans son coin… Surtout qu’ils ont sympathisé il paraît…

- Ben me v’là dans de beaux draps !… Mon mari et mon amant qui dînent ensemble… S’ils se font leurs confidences je suis cuite…




- Et elle insiste en plus !… Non, mais regarde-moi ça !… Si c’est pas une honte !…

Benjamin. Le mari. Bien fort. Pour que tout le monde entende. Pour que tout le monde se retourne…

Clémence est revenue avec une corbeille de pain qu’elle a déposée sur leur table, s’est éloignée…

- Non, mais comment ça se dandine du croupion… Et ça dira que ça cherche pas à allumer… J’t’en foutrais, moi, sale petite aguicheuse !…

Monsieur Ménisson s’est lentement approché. Toutes les conversations sont, les unes après les autres, restées en suspens…

- Il y a quelque chose qui ne va pas, Messieurs ?

- C’est votre serveuse, là… Elle me provoque… De façon éhontée… Olivier est témoin… Hein, Olivier ?

- Absolument…

- Je suis marié… Et fidèle… Les efforts obstinés de cette personne pour me détourner du droit chemin n’en sont que plus inacceptables…

Monsieur Ménisson en a immédiatement convenu…

- Nous allons y mettre bon ordre… Je peux vous assurer que cela ne se reproduira pas… Clémence !…

Elle est accourue…

- Monsieur ?…

- Vous ferez en sorte dorénavant de laisser les clients tranquilles… Vous n’avez en aucun cas à les mettre à contribution pour assouvir des appétits sexuels manifestement démesurés… Est-ce bien compris ?

- Oui, monsieur…

- Bien… Mais vous savez ce qui vous attend… Déshabillez-vous !

Elle n’a pas protesté. Elle a silencieusement obéi tandis que les gens quittaient leurs tables, les uns après les autres, pour venir faire cercle autour d’elle. Une voix de femme a proclamé…

- J’espère qu’il va pas la louper… Parce que je peux pas la sentir celle-là… Elle a un de ces airs de se foutre du monde…

Il ne l’a pas loupée. Une gigantesque fessée. Beaucoup plus longue et appuyée que d’habitude. Sous les yeux ravis d’une clientèle qui ne cherchait pas le moins du monde à dissimuler sa satisfaction. Qui, quand il a fait mine de mettre un terme à la punition, a unanimement protesté…

- Oh, pas déjà !…

- Encore !… C’est grave quand même ce qu’elle a fait…

- S’il s’en tient là elle recommencera ça c’est sûr…

Il a repris de plus belle…



- Alors ?…

- Alors quoi ?…

- Ben tu lui as parlé à Milan ?

- Oui… Non… Pas vraiment en fait…

- Vous avez discuté pourtant… Longtemps en plus… Je vous ai vus…

- Oui… Oui… Mais… je peux te dire les choses franchement ?

- Evidemment…

- J’ai bien essayé de le faire parler de toi, mais… mais il détournait sans arrêt… il y en avait que pour Sarah et surtout Caroline…

- T’inquiète pas !… Je vais m’occuper de leur cas…

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