mardi 31 mars 2015

Fessées croisées (21)

27 juillet


– T’es sûre que ça va, Christine ?
– Ben, oui, ça va, oui… Pourquoi ça irait pas ?
– Tu verrais ta tête ! Une vraie tête de crevée…
– Tu m’étonnes que j’ai une tête de crevée… Toute l’après-midi je m’éclate avec Jaufret… Qui sait y faire, le salaud… Et le soir faut que je remette le couvert avec Charles… Parce que quand il t’entend te faire tambouriner le derrière à côté ou piauler comme une perdue, ça l’excite que le diable… Et faut que j’y passe… Dommage que ça ait pas duré finalement, toi et Enzo… T’aurais eu ton compte l’après-midi… Et ça m’aurait fait des nuits plus reposantes, moi, du coup…
– J’y crois pas une seule seconde à son histoire d’angine fiévreuse à Enzo… En plein mois de juillet…
– Faut reconnaître que ça fait bien un peu cousu de fil blanc…
– Il en dit quoi Jaufret ? Il doit bien savoir de quoi il retourne, lui, non ?
– On en parle pas… On a autre chose à faire…
– Oui, oh… Comme par hasard le lendemain du jour où il réussit enfin à me tirer il disparaît le Enzo… Ça va, j’ai compris… Je suis pas idiote…
– T’as fait exactement la même chose… T’es pas revenue le lendemain…
– Mais c’est pas pareil enfin ! Ça n’a rien à voir… C’était à cause de Gilles, moi… Tandis que lui…
– Tu regrettes, hein ?
– Regretter ? Oui, ben alors ça ! Sûrement pas, non… Il y a pas de risque… C’était une sacrée connerie…
– Me dis pas… Quand tu nous as accompagnées jusqu’au bateau hier… Me dis pas que tu n’espérais pas quand même un peu qu’il serait là…
– Pas une seule seconde… Pas une seule seconde ça m’a effleuré l’esprit…



11 heures


– Je t’attendais… Je me disais… “C’est pas possible, ça… Elle va bien finir par venir se laver quand même !”
– J’étais avec Christine… Qui tenait absolument à me démontrer, par a plus b, que je suis amoureuse d’Enzo…
– Lui, il l’est de toi en tout cas…
– D’où tu tiens ça, toi ?
– De Ludo… On en parlait cette nuit justement…
– Cette nuit ?
– Cette nuit, oui… Oh, mais faut que je te raconte tout ça… Viens là, si tu veux… Avec moi… Dans la baignoire… On sera mieux pour causer… Oui… Parce qu’il m’a appelée Ludo… Sur le coup de minuit… Avec Alexandre il était… Alors si je voulais faire sa connaissance… Comme on avait dit… Tu parles si je voulais ! Ça va ? T’as assez de place ? Oui ? Et donc je me suis pointée là-bas… Sympa le type… Et c’était vraiment trop comme situation… Parce qu’il y pensait que je me prenais des fessées… Il pouvait pas ne pas y penser… Ça t’avait un de ces petits côtés excitants… D’autant que j’arrêtais pas de me demander s’il allait mettre le sujet dessus Ludo… Il m’avait promis que non, mais avec lui tu peux jamais savoir… Il te dit un truc et il en fait un autre… Comment je me serais sentie gênée s’il en avait parlé… Mais en même temps je suis sûre que d’un autre côté ça m’aurait pas vraiment déplu… On est compliquées, hein, des fois… Bon, mais n’importe comment la question s’est pas posée… Il en a pas parlé… Mais, par contre, de toi et d’Enzo… Qui, comme je te disais, est amoureux fou de toi…
– Ben, on dirait pas…
– Si ! Si ! Non… Parce que le truc, c’est qu’il sortait avec une nana, quand il t’a rencontrée… Une nana avec qui il a mis aussitôt un terme… Sauf qu’elle s’est doutée que c’était pour une autre…Qu’elle a juré de se venger… Qu’elle le flique comme c’est pas possible… Et qu’il veut pas te faire courir de risques… Parce que c’est le genre de meuf à te foutre un bordel pas possible dans ton couple si jamais elle découvre qui tu es…
– Ah, mais ça change tout, ça…
– Ça change quoi ?
– Non… Rien, finalement… Rien…
– En attendant, qui c’est qui va y attraper dans l’histoire ? Eh ben, c’est moi…
– Comment ça ?
– Il a entendu la voiture Jacques quand je suis partie… Et, du coup, il m’attendait au retour… D’où je venais ? Qui j’avais vu ? Tout ça… Ça aurait servi à quoi de lui raconter des salades ? Il m’aurait pas crue n’importe comment… Ça l’a mis dans une fureur ! Jamais je l’avais vu comme ça… D’un peu plus c’était là tout de suite en rentrant que je me la prenais… Il m’avait déjà empoignée… Baissé la culotte quand Geneviève l’a arrêté… « Attends demain, Jacques, attends demain ! Tu vas réveiller toute la maison… » Et, au final, je suis convoquée à pile poil midi dans leur chambre… Va falloir que j’y aille d’ailleurs… Et tu sais ce qui serait bien ?
– C’est que je trouve un prétexte quelconque pour attirer Charles et Gilles sous la fenêtre de leurs parents… Ça devrait pas être trop difficile…
– Et Christine… Tu oublies Christine…

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