jeudi 24 avril 2014

La petite vendeuse (16)

– Qu’est-ce que vous faites ?
– Je me fais couler un bain… On est dimanche… Et le dimanche…
– Vous vous faites toujours couler un bain… Vous êtes décidément une femme d’habitudes…
– Mais non, mais…
– Mais si ! En attendant vous vous êtes montrée d’une indécence hier soir, mais d’une indécence…
– Moi ?
– Vous, oui… Tout le temps qu’Aliane vous a fessée… Ah, vous avez fait voir, ça ! Et que je te gigote ! Et que je t’étale tout tant que je peux… Avec une impudeur !
– Je me suis pas rendu compte…
– À qui vous voulez faire croire ça ? C’était délibéré… Et ça se voyait…
– Hein ? Mais pas du tout ! Pas du tout !
– Ben voyons ! Tiens, la voilà, Aliane, justement !
– Oh, mais on m’a fait couler un bain… C’est gentil, ça !
– C’est ma patronne qu’a eu l’idée… Elle savait pas comment te remercier pour hier soir… Pour l’avoir punie comme elle le méritait…
– C’est une attention très délicate… Mais qu’elle se fasse pas d’illusions : elle en sera pas quitte pour autant… Bon, mais elle va nous laisser maintenant… Qu’on soit un peu tranquilles toutes les deux…


Elle n’est sortie de la salle de bains, en peignoir, que près d’une heure et demie plus tard pour venir s’affaler de tout son long, sur le canapé…
– Ah, ça fait du bien ! Vous devriez y aller…
J’ai fait un mouvement vers la porte…
– Non, mais pas tout de suite ! Pas tout de suite… Elle y est Léonie… Fichez-lui un peu la paix de temps en temps…Venez me tenir compagnie plutôt en attendant… Tenez, mettez-vous là…
Sur la moquette… Adossée au canapé…
Elle m’a tranquillement posé un pied sur la tête…
– Alors comme ça vous y avez cru cette nuit… Vous avez cru que c’était moi… Non, mais vous prenez vraiment vos désirs pour des réalités, vous, hein !
M’a caressé le nez du bout du gros orteil…
– Ça vous aurait bien plu, avouez !
– Mais jamais de la vie !
– Ça vous plairait bien…
– Mais non enfin !
– Mais peut-être qu’à moi aussi finalement… Qui sait ? Oui… Pas de caresser une autre femme… Non… Ça, ça me tente pas… Pas le moins du monde… Mais qu’elle, elle s’occupe de moi, pourquoi pas après tout ? Et qu’est-ce que j’en ai à foutre qui c’est… Homme ou femme… Du moment que c’est bien fait… Et même… avec une femme ça a toutes les chances d’être mille fois mieux… Parce qu’elle, au moins, elle sait de quoi il retourne… Non ? Vous croyez pas ?
– Peut-être… Sûrement, oui…
– Eh bien alors ! Allez-y ! Qu’est-ce que vous attendez ?
– Que je…
– Ben oui… Oui… Évidemment !
Son pied… Son pied contre ma joue… Contre mes lèvres… Je l’ai pris dans ma main… Je l’ai piqueté de petits baisers… Chaque orteil… L’un après l’autre… Le talon… Le dessous… Le dessus… Jusqu’à la cheville dont j’ai longuement – lentement – fait le tour…
– Mais c’est que vous vous y prenez pas mal du tout !
Le mollet… Le genou… Où je me suis longuement attardée… J’ai continué mon ascension… La cuisse… Elle m’a arrêtée… Repoussée…
– Ça suffit… C’est tout pour aujourd’hui…


– Tu sais quoi, Léonie ? Eh ben ta patronne elle m’a fait du rentre-dedans tout le temps que t’étais dans la salle de bains… Et pas qu’un peu !
– Hein ? Tu l’as pas laissée faire, j’espère !
– Tu penses bien que non ! Manquerait plus que ça ! Non… Je l’ai remise à sa place… Et comme il faut !

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