– Vous
chercheriez pas une vendeuse des fois ?
Certainement pas,
non… Il n’en était pas question… Mon chiffre d’affaires ne le justifiait pas…
Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que je me suis entendue répondre comme
malgré moi…
– Si !
Justement… Vous tombez bien…
Non,
mais qu’est-ce qui avait bien pu me passer par la tête ? Elle n’a
manifesté ni surprise ni satisfaction particulière… Comme si ça allait
parfaitement de soi… Comme si, en passant la porte, elle avait déjà été
absolument certaine que j’allais l’embaucher…
– Je
commence quand ?
– Le
plus tôt possible…
– Demain
alors ? Mais faudra qu’on voie pour mes horaires… Parce que j’ai aussi mes
cours à la fac…
Le surlendemain elle a tranquillement constaté…
– Il y a pas grand monde, dites donc, chez vous !
– Oh, chez personne… Le commerce en ce moment…
– Et les clientes, la plupart du temps, vous les laissez
repartir sans qu’elles aient rien acheté. En plus… Alors !
– Les clientes ont horreur qu’on leur force la main…
– Oh alors ça ! Ça dépend ! Certaines, oui,
bien sûr… Mais il y en a plein d’autres au contraire qui demandent que ça…
Qu’on s’occupe d’elles… Qu’on les prenne en charge… Elles en ont besoin… Parce
qu’elles savent pas elles-mêmes ce qu’elles aiment… Une sape elles sont incapables
de se rendre compte si elle leur va ou pas… Et si vous décidez pas à leur place
forcément elles s’en vont… Obligé…
Et effectivement… Effectivement… Force m’était d’admettre
avec infiniment de dépit qu’elle réussissait des ventes que, pour ma part,
j’aurais été bien en peine de réaliser… À ce moment précis où je considérais,
moi, que la partie était définitivement perdue, qu’il était inutile d’insister
– quand le désir d’achat se délite, parce qu’on n’a pas eu l’indispensable
coup de foudre, quand on renonce, quand on se laisse doucement dériver vers la
sortie – c’est à ce moment-là qu’elle, elle intervenait…
– Et si vous essayiez ça ? C’est complètement votre
style… Essayez ! Vous verrez bien… Ça vous engage à rien n’importe
comment…
Elle entraînait insensiblement vers la cabine…
– Alors ? Ça donne quoi ?
Elle écartait résolument le rideau…
– Ah oui ! Oui ! Comment ça vous met en
valeur ! C’est fou ! Mais attendez ! Attendez ! J’ai
quelque chose là-bas…
Le rideau se tirait, se retirait…
– Une personnalité comme la vôtre, c’est vraiment pas
banal… Ce serait un crime de pas la faire chanter… De pas en tirer tout le
parti possible…
Elle se faisait complice… Une conversation animée
s’engageait, parfois entrecoupée de grands fous rires… Elle accompagnait
jusqu’à la caisse, reconduisait sur le pas de la porte, regardait s’éloigner
sur le trottoir…
– Elle reviendra… Aucun doute qu’elle reviendra…
Elle revenait…
– Je
peux vous dire quelque chose ? Vous vous vexerez pas ?
Elle
venait de finir la vitrine…
– C’est
au sujet des fringues… Parce que vos goûts c’est des goûts d’avant… De quand
vous, vous étiez jeune… C’est pas ceux de maintenant… Et forcément, du coup, il
y a des clientes vous pourrez jamais les avoir… Elles auront même pas l’idée
d’entrer ici… Alors que si vous me laissiez les faire les commandes… Au moins
celles pour les filles de mon âge…
J’ai remis ça ce soir… Il y avait
longtemps… Si longtemps… Plus d’un an… Presque deux… Je croyais bien pourtant
que ça m’était définitivement passé… Eh ben non… Non… La preuve ! Une
quinzaine de coups… Peut-être vingt… Au martinet… Sans penser à rien… Ça a été
d’une intensité, mais d’une intensité ! Ça m’ a apaisée… Comment ça m’a
apaisée !
bizarre ce dernier paragraphe on se demande ce qu'il fait là sinon super contente de la découverte d'une nouvelle histoire
RépondreSupprimerBonjour Clara,
SupprimerEt ravi que vous soyez contente de découvrir une nouvelle histoire… Je suis, moi aussi, content de l'écrire…
En ce qui concerne le dernier paragraphe il est en italique pour montrer justement qu'il fonctionne sur un registre différent… Il y a, d'un côté le récit de ce qui se passe au magasin et, de l'autre, le "journal" de la patronne… C'est de leur juxtaposition que je voudrais que naisse quelque chose… Ici, par exemple, si elle repique à l'auto-fessée, après deux ans d'abstinence, c'est que le climat qui est en train de s'instaurer entre sa vendeuse et elle, la façon dont cette dernière est manifestement en train de prendre progressivement le dessus a besoin d'une "traduction" concrète… Et que c'est celle-là qui, pour elle, est la plus évidente… La plus naturelle…
Bonne journée…
Amicalement…
François
Bonjour François,
RépondreSupprimerTout d'abord bonne année 2014
Moi, qui suis un ancien lecteur assidu depuis plus de 6 ans, il me semble bien l'avoir déjà lue cette histoire.
Et justement, le paragraphe en italique est nouveau , il me semble.
Donc, François reprend une histoire, en ajoutant le resenti personnel de la patronne, qui est une soumise en puissance.
Amitiés à tous
Philippe (Masterfil)
Bonjour, Philippe,
RépondreSupprimerQue diable! Tu es effectivement un très fidèle lecteur… Ce texte a été publié en Septembre 2006 sur un blog que j'ai abandonné parce que l'hébergeur voulait imposer aux blogs dits érotiques des publicités de très mauvais goût (c'est le moins qu'on puisse dire)...
Cela étant je ne me contente pas de reprendre telle quelle cette histoire qui était restée alors à l'état embryonnaire (deux chapitres seulement), mais j'ai l'intention de lui donner beaucoup plus d'ampleur… De l'étoffer…
Merci de tes bons vœux… À mon tour je te présente les miens pour l'année qui vient…
Et merci de ta fidélité à mes blogs…
Excellente journée…
François