lundi 10 juin 2013

Le Centre ( 23 )

– Alors ? C’était pas bon ?
– Oh, si ! Comment t’as été douce, mais douce !  
– Et ça t’a surprise…
– De ta part un peu, oui… Surtout que juste avant…
– Tu verras… Parce qu’on est loin d’en avoir fini toutes les deux… Tu verras… Je peux être tout… Tout et son contraire… Je SUIS tout et son contraire… Comme toi finalement…
– Oh, non ! Non…
– Bien sûr que si ! Seulement tu veux pas le savoir… Ça te fait bien trop peur… Mais le jour où tu consentiras à te regarder en face… Tu seras pire que moi… Et de loin…
Elle m’a soulevé le menton du bout du doigt…
– Il y en a plus pour longtemps… C’est pour bientôt… Très bientôt…
Et elle m’a expédiée d’une petite claque sur les fesses…
– Allez, file !

– Lucie…
– Quoi ?
– Tu veux que je lui parle à Laëtitia ?
– Lui parler ? Pour quoi faire ?
– Pour qu’elle aille pas le trouver Xavier…
– Qu’elle y aille, mais qu’elle y aille ! Qu’est-ce que j’en ai à foutre ! Alors là… Si tu savais ! Je rattraperai le coup… C’est facile avec lui… Et puis de toute façon je pourrais bien le faire cocu jusqu’aux yeux qu’il s’écraserait… Il s’écrase toujours…
– J’y comprends plus rien…
– Qu’est-ce tu comprends pas ?
– C’est pas ce que tu lui disais tout-à-l’heure à Laëtitia… T’avais l’air de drôlement appréhender au contraire…
– Oui, mais bon ! Il y a des fois t’as envie de te faire croire des trucs… Que ton mec il est pas comme il est… Qu’il est tout le contraire… Tu le supporterais pas dans la réalité, mais là s’il s’agit juste d’imaginer… Tu comprends ?
Je comprenais, oui…
– Non… Et puis me prendre une fessée pour me punir d’avoir couché avec Leo – par sa femme en plus – c’est un peu comme si ça avait vraiment eu lieu… Comme si je l’avais vraiment fait… J’ai envie n’empêche ! Non, mais comment j’ai envie ! Je crois que j’ai jamais eu autant envie avec personne… Tiens, le v’là ! Il me rend folle ce type… Il me rend complètement folle…

– Alors, Mesdames ?! Ces haricots verts, ça avance ? Pas vraiment on dirait… On préfère papoter, c’est ça, hein ? Bon, mais vous vous débrouillez comme vous voulez… Je veux mes deux cents bocaux ce soir… Stérilisés et étiquetés… Ah, et puis… Eugénie, viens avec moi ! J’ai deux mots à te dire…

– Tu sais pourquoi je t’ai convoquée, je suppose…
– Pas du tout, non…
– Réfléchis bien !
– Parce que j’ai espionné derrière la porte quand vous avez donné la fessée à Lucie ?
– Ah, parce que tu nous as espionnés ?! De mieux en mieux… Mais à part ça…
– Je vois pas…
– Mais si ! Réfléchis bien…
– Non… Je vous assure…
– Tu sais que c’est pas bien du tout de colporter des ragots…
– Hein ?! Mais j’ai pas…
– Laissé entendre qu’il y avait quelque chose de très intime entre toi et moi ? Bien sûr que si !
– Ah, non… Non…
– Oui… Bon… Tu vas pas ergoter… Si tu l’as pas fait t’aurais pu le faire… Ce qui revient au même… Et tu vas être punie pour ça… C’est mérité, avoue !
– Si ! oui…

– Eh bien voilà ! Tu sais ce qui te reste à faire… À me présenter bien sagement ton gentil petit derrière… Qu’on lui donne de jolies couleurs… Qu’il a déjà d’ailleurs… Apparemment quelqu’un est déjà passé par là… Et n’a pas fait dans la dentelle… Bon… Eh bien il y a plus qu’à suivre son exemple… Tu es prête ?

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