– Que m'apprend-on, Madame ? Vous
êtes donc de retour...
– Pour me jeter à vos pieds,
Monsieur...
– Le roi se serait donc lassé de
vous ?
– Sa Majesté s'est éprise d'une
autre... Plus jeune et – m’a-t-elle dit – plus avenante...
– Si bien que vous vous êtes tout
soudain souvenue que vous étiez unie à moi par les liens du mariage...
– Je vous en conjure, Monsieur...
– Eh, quoi, Madame ! Songez-vous à
ce que furent pour moi ces dix années ?
– J'en suis fort marrie, mais quand
le roi ordonne...
– Vous vous êtes soumise à sa
volonté de fort bonne grâce...
– Est-ce ma faute à moi si ses yeux
se sont posés sur moi ?
– Non... Mais c'est la vôtre d'avoir
fait tout ce qui était en votre pouvoir pour qu'il en soit ainsi...
– Je vous jure, Monsieur, par tout
ce que j'ai de plus sacré...
– Ne jurez point, Madame... Vous
vous parjureriez... Ne vous ai-je point vue, de mes yeux vue, user de
coquetterie à son endroit ?
– Vous l'aurez cru...
– Allons, Madame, allons ! Ne me
contraignez point à vous remettre en mémoire des situations aussi douloureuses
à évoquer pour moi que désormais tout autant – sans doute – pour vous...
– J'implore votre pardon...
– Vous l'accorder est au-dessus de
mes forces...
– Je vous en supplie... Que
deviendrai-je ?
– Je vais vous faire conduire chez
votre père...
– Ne m'infligez pas cette honte...
– Vous êtes-vous jamais souciée de
ce que fut la mienne ?
– Monsieur…
– Je vous avais confiée aux bons
soins de votre père, ce me semble…
– Il m’a chassée… Et interdit de
reparaître jamais devant lui…
– Il y a sans doute à cela d’excellentes
raisons…
– Que vais-je devenir ?
– Ce que vous voudrez… Ou ce que
vous pourrez… Que m’importe ?
– Vous m’abandonnez donc à mon sort ?
– Ne m’avez-vous point, pendant
toutes ces années, abandonné au mien…
– N’en suis-je pas suffisamment
punie ?
– Certes non… Vous ne l’êtes pas… Le
châtiment que vous mériteriez qu’on vous inflige…
– Eh bien ? Quel est-il ?
J’en passerai par tous ceux que vous jugerez bon de m’imposer, mais je vous en
conjure... Ne me repoussez pas…
– J’ai été la risée de la cour…
Celle de toute la contrée… Celle de mes gens… N’est-il pas juste qu’à votre
tour… Répondez, Madame…
– Je suis coupable… Punissez-moi !
Punissez-moi de la façon que vous tiendrez pour la plus juste…
– Dans votre cas le fouet…
– Le fouet !
– Le fouet, oui…
– Monsieur…
– Qui vous sera administré en place
publique…
– Vous n’aurez donc point de pitié ?
– Par mes gens… Et par les vôtres…
– Rien ne me sera épargné…
– Votre conduite le justifie, Madame…
À moins que vous ne préfériez être reléguée dans les profondeurs d’un
quelconque couvent où vous aurez tout loisir de vous repentir de vos péchés et
de songer à votre salut éternel…
– Plutôt mourir…
– Dans ces conditions… Vous serez donc menée à travers la foule, les
yeux bandés, parée de vos plus beaux atours, par mes gens qui veilleront à ce
que l’on vous couvre de quolibets sans pour autant vous molester le moins du
monde… Sur la place de l’Église une estrade aura été dressée… On vous y dépouillera
totalement de vos vêtements – ainsi que de votre bandeau – et on vous y administrera
le fouet… Aussi longtemps que je le jugerai bon… C’est nue que vous referez
ensuite le chemin en sens inverse… Vous pourrez alors reprendre votre place
auprès de moi et être restaurée dans tous vos droits…
– L’épreuve que vous m’imposez là…
– Vous êtes libre de l’affronter ou
non… La décision vous appartient… Et n’appartient qu’à vous…
– Je ne sais pas… Je ne sais plus…
De quelque côté que je me tourne…
– La nuit porte conseil… Mettez-la à
profit… Demain vous me direz…
– Eh bien, Madame ? Vous êtes-vous décidée ?
– Allons, Monsieur, allons !
Mais je marche au supplice…
la suite la suite la suite...
RépondreSupprimerUne suite? Je ne sais pas... Je ne l'avais pas envisagé... Je comptais plutôt laisser le lecteur imaginer à sa guise le déroulement des opérations... Mais je vais y réfléchir et essayer de trouver un dessin de JP qui collerait avec la situation...
SupprimerExcellente soirée...
La suite........Mais c'est aussi hâletant de s'interrroger sur le dénouement
RépondreSupprimerVous êtes machiavélique mon cher!
RépondreSupprimerOh, si peu!
RépondreSupprimerJ'avais oublié ce texte… Merci de me l'avoir remis en mémoire…
Bonne journée à vous…