8 –
– Je vous laisse…
Devant un monceau de haricots verts à
équeuter…
– J’ai à faire… Et tâchez que ce soit
fini quand je reviens…
– On fera tout notre possible, M’sieur…
– Vous avez intérêt… Sinon…
Lucie l’a suivi du regard, rêveuse…
– Il a de la prestance cet homme…
Non ? Tu trouves pas ?
– Mouais…
– Oh, si ! Si ! Dès qu’il
parle… Dès qu’il élève un peu la voix tu peux pas savoir ce que ça me fait à
moi… J’ai plus qu’une envie, c’est de lui obéir… Quoi qu’il veuille… Quoi qu’il
me demande… Et même… N’importe quoi il pourrait vouloir… N’importe…
– Eh ben dis donc !
– Oui… J’y pensais encorecette nuit
quand je dormais pas… Il me dirait : « Quitte Xavier… Quitte Xavier
et viens avec moi… » j’hésiterais pas une seule seconde… Et pourtant Dieu
sait qu’il compte pour moi Xavier…
– Qu’il compte… Ou qu’il a compté ?
– De toute façon il le fera pas… Pas la
peine que j’aille me raconter des histoires…
– Ça vaut sûrement mieux, oui…
– N’empêche que je sais pas si c’est un
aussi bon truc que ça d’être venue ici… Parce que je suis bien obligée de me
rendre compte de tas de choses… Et d’abord que ça a rien à voir quand on le
fait avec Xavier… J’arrive pas à le prendre au sérieux… Quand il me fait les
gros yeux ou qu’il me gronde j’ai envie d’éclater de rire… Tandis que là, avec
lui, t’es obligée d’y croire que c’est sérieux… Tu te sens vraiment prise en
faute… Ça devient vrai… C’est comme la fessée… Xavier il tape pas très fort… Et
pourtant très vite je veux qu’il arrête… Je trouve que ça fait mal… Alors
qu’avec lui, là, non… Je trouve que ça fait mal, oui… Bien plus même…
Forcément… Parce que comment il y va ! Mais tout au fond de moi je
voudrais qu’il y aille encore bien plus fort et qu’il arrête pas… Ou le plus
tard possible… C’est bizarre, hein ?
– Pas tant que ça finalement…
– Oui… Parce qu’avec Xavier ça reste un
jeu… Tandis que lui, là, il te punit vraiment pour quelque chose… Il y a une
raison… Tu sais que t’as mérité… Et bien plus encore que ce que tu croyais… Ça
te fait pas ça, toi ?
– Un peu, si… Mais différemment… Parce
que quand je suis arrivée ici c’était avec l’idée que ça allait m’apprendre à
corriger des trucs qui allaient pas chez moi… La paresse… La négligence… Le
manque de volonté… La gourmandise… Enfin plein de choses… Et au lieu de ça
c’est de me caresser qu’ils ont décidé de m’empêcher… De moi-même jamais j’y
aurais pensé… Jamais j’aurais voulu… Mais ça devient vrai… Il faut… Juste parce
qu’ils veulent, eux, que ce soit comme ça… Et qu’il y a quelque chose en moi
qui leur donne plus raison à eux qu’à moi… Tu comprends ?
– Oui, ben ça, moi, c’est un truc… On
pourrait bien faire ce qu’on veut… On n’arriverait pas à m’empêcher… Alors
là !
– C’est ce que je me disais aussi… Et
puis finalement je me demande s’ils vont pas y arriver… Je veux dire… Même après…
Quand on sera plus là… Quand il y aura personne pour me surveiller…
– Ah, oui ? Eh ben moi, ce que je
me demande, c’est comment ça va se passer avec Xavier quand on va rentrer…
Parce que après ce que j’ai connu là je vais plus avoir envie avec lui ça c’est
sûr…
– Peut-être qu’il aura changé… Parce que
ce qui se passe dans l’autre groupe là-bas on sait pas… On sait pas du tout…
– Peut-être… Oui…
– Vous n’avez pas fini ? Qu’est-ce
que vous fabriquez ? Vous papotez au lieu de travailler, hein, c’est ça ?
– Mais non, mais ça fait à peine un
quart d’heure que vous êtes parti… Un tas pareil ! Comment vous
voulez ?
– Toi, ma petite, tu commences à
m’échauffer les oreilles… Viens ici !
Il s’est assis… L’a courbée sur ses
genoux… Lui a descendu sa culotte… Et…
– Alors ? Tu disais ?
– Mais c’est vrai, hein ! On n’a
pas eu le temps…
– Et là ? Vous l’avez eu ?
– Aïe ! Mais non, j’vous dis… Non…
Aïe ! C’est impossible… Tout le monde vous dira…
La cravache s’est abattue plus fort…
Plus rapide… Elle a gémi… Battu des jambes… Hurlé…
– Et là ? Vous l’avez eu le
temps ?
– Oui… On l’a eu… Oui…
– Eh ben voilà ! Fallait le dire
tout de suite… Ç’aurait été plus simple, non ? Ç’aurait pas été plus simple ?
– Si !
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