jeudi 14 février 2013

Escobarines: Déménagement ( 1 )


Comment j’étais heureuse d’avoir enfin trouvé du travail, vous pouvez pas savoir ! Dans une boutique de sapes en plus ! Et avec une patronne jeune et hyper cool… Seule ombre au tableau : une heure et demi de route le matin… Et une heure et demi de route le soir… Ma patronne, Madame Lancier, a compati…
– Tu tiendras jamais le coup à ce rythme, ma pauvre petite ! Et en plus quand il y aura de la neige ! Non… Non… Il faut trouver une autre solution… Je crois savoir que parmi mes clientes il y en a une qui dispose d’un petit quelque chose libre pour le moment… Je vais lui en toucher deux mots…

La cinquantaine… Un regard métallique… Dur… L’un de ces regards qui te fouillent sans vergogne… Et te mettent aussitôt mal à l’aise… Qui te font tout de suite te sentir coupable… Sans trop savoir au juste de quoi …
– Alors c’est elle ? C’est cette petite ? Elle s’appelle comment ?
– Aurélie…
– Et elle a quel âge ?
– 19 ans…
– Eh bien, Aurélie, tu passeras me voir ce soir… Je t’attends…

C’était juste au-dessus de chez elle… Un petit studio avec mezzanine, coin-cuisine aménagé, recoin-douche et vue sur un parc immense…
– Ça te convient ?
Si ça me convenait !
– 400 euros… Ça te coûterait plus cher en essence de rentrer tous les jours chez toi… Bon… Eh bien je te laisse… Installe-toi ! Et… Ah, oui ! Je garde un double des clefs… On sait jamais…

Elle m’est tombée dessus le dimanche suivant pendant que je déballais mes cartons avec un groupe de copains de là-bas… Sans frapper… Sans prévenir…
– Hou la la ! Quel bazar ! Tu vas réussir à faire tenir tout ça là-dedans ?
– Oh, oui… Normalement oui…
– Ben j’espère…
Et elle m’a tourné le dos…

Le lendemain aussi… Je m’étais allongée sur mon lit… Histoire de me détendre cinq minutes en rentrant du boulot…

– Vous m’avez fait peur…
– Eh ben dis donc ! Ça a guère avancé ici… On peut pas dire…
– Oui, mais non ! C’est parce que…
– C’est parce que t’es feignante comme une couleuvre, oui… On commence par mettre de l’ordre… Après seulement on se repose… Allez, fais-moi le plaisir de ranger tout ça…
Et elle est repartie comme elle était venue…

Quelle conne ! Non, mais quelle conne ! De quoi je m’occupe ! C’est pas ses oignons… Et puis d’abord, pour commencer, elle aurait pu frapper… On rentre pas chez les gens comme ça… La prochaine fois elle allait voir ce qu’elle allait voir… N’empêche que j’ai rangé… Que j’ai passé ma soirée à ranger…

– Ah, ben voilà ! Voilà ! Tu vois que quand tu veux…
J’étais sous la douche… Je l’avais pas entendue arriver…
– T’en as pour longtemps ? Parce que faut que je te parle…
Me parler ? Qu’est-ce qu’elle pouvait bien vouloir ?
– Non… J’ai presque fini… J’ai fini…
Et je suis sortie… Je me suis entortillée tant bien que mal dans ma grande serviette blanche que j’ai nouée sur les seins…
– Oui… Je voulais te dire… Ta petite pantomine de dimanche dernier avec tes copains jusqu’à des trois heures du matin je veux bien passer dessus parce que c’était la première fois… Mais c’est aussi  la dernière… J’ai droit à ma tranquillité…
– Et moi…
Elle m’a fusillée du regard…
– Oui ?
– Non… Rien… Rien…
– Je préfère…

Cette fois ça suffisait… Ça suffisait vraiment… Je me suis bravement lancée…
– Je ne veux pas… Je ne veux plus…
– Quoi donc ?
– Que vous entriez ici comme dans un moulin…
– Pardon ?! Non, mais alors cette fois on aura tout vu… Tout entendu… Tu es à la veille de me dicter ce que j’ai à faire ou à ne pas faire, ma petite… Jusqu’à preuve du contraire je suis ici chez moi …
– Mais je loue… Et quand on loue…
– Oui, eh bien tu vas commencer par le prendre sur un autre ton… Les petites morveuses de ton âge elles sont loin de m’impressionner… Et s’il faut te flanquer une fessée pour te remettre les idées en place eh bien je vais te flanquer une fessée… C’est pas un problème… De toute façon tu n’y couperas pas… Un jour ou l’autre tu n’y couperas pas… Parce que les petites prétentieuses dans ton genre il y a que ça qu’elles comprennent…

2 commentaires:

  1. bonjour, j'adore vos histoires mais là, c'est un peu trop irréaliste quand même, c'est la proprio qui mériterait une fessée. Jamais je n'aurais accepté cela et pouratnt j'ai vécu ce genre problème avec une proprietaire indelicate

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    1. Merci, Marta, de vous être manifestée... D'autant que vous êtes une lectrice assidue...
      Votre commentaire m'interpelle d'autant plus que je tiens, dans la mesure du possible, à ce que mes histoires soient plausibles... Et vous venez me dire que celle-ci est irréaliste!!!
      Je suis bien d'accord avec vous: dans l'immense majorité des cas l'attitude de la locataire va consister, comme vous l'avez fait, à réagir et à ne pas se laisser marcher sur les pieds...
      Mais ne peut-on imaginer des cas où une jeune fille serait complètement tétanisée par l'assurance de celle qui lui fait face? Parce que l'éducation qu'elle a reçue, les expériences auxquelles elle a été confrontée, etc... l'ont façonnée de telle façon qu'elle est absolument incapable de s'affirmer en face de qui est déterminé à prendre le pas sur elle...
      Au fond je suis un peu victime ici de la forme brève de mes récits... Si j'avais amené cette situation après avoir longuement présenté Aurélie, parlé de son enfance et de son adolescence peut-être cette histoire aurait-elle été plus plausible...
      Étant bien sûr entendu qu'il s'agirait d'un cas particulier et non d'une attitude courante...
      En tout cas merci encore de votre commentaire...
      Excellente soirée à vous...

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