–
Alors ? T’as failli te ramasser une fessée hier soir à ce qu’il paraît ?
Ça
avait l’air de beaucoup l’amuser cette idée Madame Lancier…
–
Mais non, mais…
–
Ah, si ! Si ! Ça te pend au nez de toute façon… Si tu continues à te
comporter comme tu te comportes avec elle ça c’est sûr que tu vas y attraper…
–
Je me comporte pas…
–
Ah, non ? Je sais pas ce qu’il te faut… Tu es d’une insolence à ce qu’elle
m’a dit…
–
Moi ? Non, mais attendez ! C’est elle ! Mais c’est elle !
Qui rentre comme ça chez moi n’importe quand… Sans prévenir… Sans frapper…
–
Chez toi c’est aussi chez elle je te ferai remarquer… C’est SURTOUT chez elle…
–
Mais elle m’a loué enfin !
–
Oui, oh, parlons-en ! Je sais pas si tu as une idée des prix qui se
pratiquent ici… Qui sont faramineux… Alors les 400 euros qu’elle te réclame…
Excuse-moi de te dire ça, mais c’est purement symbolique… Une sacrée fleur elle
te fait… Et à défaut de lui en être reconnaissante tu pourrais au moins avoir
la politesse de te montrer correcte à son égard…
–
Mais je le suis !
–
Correcte, toi ? Non, mais alors là cette fois on aura tout vu… Tout entendu…
Tu te rends pas compte, hein ?! Tu te rends vraiment pas compte… Même ici,
au magasin… Avec les clientes… Avec moi… Tu es constamment à la limite de l’arrogance…
Tout, dans ton attitude, proclame, haut et fort, que tu t’estimes très
largement supérieure au reste de l’humanité… Et que tu vaux beaucoup mieux que
le travail que tu fais…
–
Mais c’est pas vrai !
–
C’est peut-être pas vrai, mais c’est l’impression que tu donnes… Et ce qu’il y
a de sûr c’est que si tu changes pas d’attitude – et rapidement – je ne pourrai
pas te garder… Je tiens pas à ce que tu fasses fuir toute la clientèle…
–
Allo… Delphine ? C’est moi, Marion…
–
Ah, Marion ! Alors ça va ce boulot ? T’es contente ?
–
Pas trop, non…
–
Qu’est-ce qui se passe ?
–
Elle parle de me foutre dehors ma patronne… Paraît que je suis arrogante avec
tout le monde…
–
Ah…
–
Dis-moi franchement… Tu trouves, toi, que je suis arrogante ?
–
Franchement… des fois, oui… On en parlait encore l’autre jour avec les filles…
Tu regardes tout le monde avec un de ces petits airs supérieurs… C’est souvent assez
insupportable, oui…
–
Je le fais pas exprès…
–
Je me doute… Seulement ça les gens, eux, ils le savent pas…
–
Comment je pourrais faire ?
–
Alors ça, ma pauvre, qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
–
Ah, c’est vous…
–
C’est moi, oui… Tu vas laisser traîner longtemps ta vaisselle dans l’évier
comme ça ?
–
C’est que… à midi j’ai pas eu le temps…
–
À midi ? Tu plaisantes ? Elle y était déjà ce matin… Depuis hier soir
elle s’y trouve… Et tu vas pas venir me dire que le soir t’as pas le temps…
–
Si… Oui… Non… Je vais la faire…
–
T’as plutôt intérêt…
–
Salut ! C’est nous…
–
Je vois bien…
–
Ça a pas l’air de te faire plaisir…
–
Mais si ! Si ! Seulement…
–
Eh ben alors ! Tiens, regarde ce qu’on a amené… Tu vas voir ce que tu vas
voir… Une fête à tout casser on va faire…
–
Oui, mais… Ma propriétaire… Juste en-dessous elle est…
–
Et alors ? Qu’est-ce tu t’en fous ? C’est sûrement pas ça qui va nous
empêcher de nous éclater… Qu’elle y vienne, tiens ! Qu’elle y vienne !
On lui dira le reste…
Ils
venaient tout juste de partir… Ça faisait pas un quart d’heure… La porte d’entrée…
Ses pas… L'escalier de la mezzanine… Elle est montée… Elle... Je me suis redressée dans mon lit…
–
Je t’avais prévenue… Je t’avais pas prévenue ? Je voulais plus rien
entendre la nuit…
–
C’est pas de ma faute… C’était pas prévu… Ils me sont tombés dessus comme ça…
–
Et alors ? C’est pas une raison… T’es assez grande pour leur demander de
pas faire de bruit, non ?
–
On voit que vous les connaissez pas…
–
Oui, ben tu vas commencer par baisser les yeux… Tes grands airs j’en ai plus qu’assez…
Tu entends ce que je te dis ?
–
Quels airs ? J’ai pas d’airs…
–
Ah, ben je sais pas ce qu’il te faut… Non, mais tu te vois pas…
–
J’en ai marre… Non, mais j’en ai marre que tout le monde me fasse chier avec ça… Avec mes soi-disant grands airs d’arrogante… Ras
le bol j’en ai… Plein le cul…
–
Lève-toi ! Lève-toi, j’ai dit… Alors là cette fois tu vas pas y couper,
petite insolente… Tu m’enlèves ça… Le bas, là, oui… Et tu te dépêches…
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