lundi 12 novembre 2012

Les confidences de Camille ( 12 )


Clara n’avait pas, je crois, ma chère Camille, votre lucidité… Elle ne jurait que par Damien, ne parlait que de lui, mais niait farouchement éprouver à son égard quelque attirance ou quelque sentiment que ce soit… «  Il me flanque la fessée… Point… Pas question d’autre chose entre nous… » Ses yeux se perdaient dans le vague… « N’empêche… Que de temps perdu ! Toutes ces années ! Toutes ces années à me la donner toute seule en secret … Ce qui me convenait dans un sens, quand même, quelque part… Faut être honnête… J’y prenais du plaisir… Pas mal de plaisir même… Mais c’est parce que je connaissais que ça aussi… Si j’avais été moins encombrée de tout un tas d’inquiétudes et d’appréhensions, si j’avais fait preuve d’un minimum d’audace j’aurais sauté le pas et il y a belle lurette que… Oui… Oui et puis si ça se trouve je serais tombée sur un tordu quelconque qui m’aurait dégoûtée à tout jamais de tout ça… Non… Alors que ce soit avec Damien que tout commence – commence vraiment – c’est probablement ce qui pouvait m’arriver de mieux… »

Elle courait le retrouver Damien… Dès que possible… Chaque fois que possible… Sous prétexte d’exposition, de musée ou de galerie de peinture… Moi, le paravent, je l’attendais dans un café, toujours le même, où elle venait me rejoindre, les yeux brillants, le feu aux joues, quand ils en avaient terminé… « Attends… Attends… On rentre pas tout de suite… » « Ça vaut mieux, oui… Dans l’état où vous êtes… » Elle se commandait un café et j’avais droit au récit circonstancié, avec force détails, de la « séance » qui venait de s’achever… S’ensuivaient de multiples considérations sur la façon dont il procédait… « Ce que j’aime avec lui, tu vois, c’est que tu sais jamais… Tu sais pas pourquoi il va te la donner… À chaque fois c’est une raison différente… Qui tombe terriblement juste… Comme s’il devinait ce qui en toi, à ce moment-là, a besoin d’être puni… Tu sais pas non plus comment ça va se passer… S’il va te déculotter lui-même – il y a des fois il te l’arrache carrément ta culotte… d’autres, au contraire, il te la descend tout doucement… En prenant tout son temps… – ou s’il va exiger que ce soit toi qui le fasses… S’il va taper fort ou pas… S’ils vont être très rapprochés les coups ou au contraire très espacés… Si ça va durer longtemps ou être très court… S’il va te mettre au coin après… Ou à genoux les mains sur la tête… S’il va t’obliger à demander pardon… Tu sais rien… Jamais… Toujours, d’une façon ou d’une autre, c’est la surprise… Et ça… Ça… » Elle se secouait… « Il serait peut-être temps de rentrer… Faudrait pas qu’Ivan finisse par se poser des questions… »

Il ne s’en posait pas… Apparemment aucune… Et il n’en posait pas… Ce qui ne manquait pas de me surprendre… Il me semblait qu’à sa place une multitude d’indices, auxquels il ne semblait pas prêter la moindre attention, auraient éveillé mes soupçons… Et puis… Et puis ce qui me paraissait complètement incompréhensible, c’était que… « Mais… Et les marques ? Il ne vous voit jamais toute nue ? » « Je me débrouille pour que ça n’arrive pas… » « Mais alors quand vous… Dans le noir vous le faites ? » « Disons que je choisis mes moments… Ce que j’ai toujours fait d’ailleurs… »

Le dimanche suivant, quand elle est venue me rejoindre, au café, elle ne s’est pas assise… « Je peux pas… Avec la meilleure volonté du monde je pourrais pas… Parce que aujourd’hui… Hou la la… » Et on a marché un peu à pied, avant de rentrer, le long du canal… « Quand je te disais qu’avec lui on n’était jamais au bout de ses surprises ! Quand je te disais ! Parce que… Une autre fille il y avait là-haut tout à l’heure quand je suis arrivée… Une jeune… De ton âge… À peu près… Assise, les bras croisés… Une fille qui m’a examinée, des pieds à la tête, comme une bête curieuse… Et lui… – Bon, allez, tu te déculottes… Et tu te dépêches… Comme ça… Aussitôt… Sans attendre... Comme s’il y avait personne… Qu’on n’était que tous les deux… – Écoute, Damien… – J’écoute rien du tout… Tu te déculottes… T’es venue pour ça, non ? – Oui, bien sûr, mais… – Eh bien alors ! Et alors non… Non… Je pouvais pas… Devant cette fille, là, qui se fichait ouvertement de moi je pouvais pas… C’était au-dessus de mes forces… – Essaie de comprendre… Il a ouvert tout grand la porte… – Très bien… Alors tu dégages… Je veux plus entendre parler de toi… Tu te trouveras quelqu’un d’autre pour t’en flanquer des fessées… Si tu peux… Hein ? Ah, mais non ! Ah, comment je l’ai baissée ma culotte ! Enlevée… Retirée… Elle pouvait bien rigoler tout ce qu’elle savait la fille, moqueuse, offensante, en me regardant faire… Je m’en fichais… Complètement… Plus aucune importance ça avait… Tout… Tout ce qu’il voulait… Mais que je puisse revenir… Que ça s’arrête pas tous les deux… Que ça continue… Toujours… J’avais bien trop besoin de lui… » « Et ? » « Et il m’a fait payer… Cher… Très cher… Mais… » « Mais ? » « J’aurais jamais cru… » « Vous auriez jamais cru quoi ? » « Je te dirai… »

Je vous dirai, Camille… Quand elle m’aura dit…

Je vous embrasse…

Flavian      

3 commentaires:

  1. Et nous voici encore à attendre impatiemment !!!

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  2. Si elle ne peut pas marcher, on imagine aisément qu'ils s'y sont mis à deux.. Mais bon, suite demain.

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  3. En effet, mais pas forcément. Et, non, je ne vais pas spoiler.

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