Ce que j’aurais dû faire, mon cher
Flavian ? Appeler, toutes affaires cessantes, mon beau-père à l’aide… Lui
exposer en toute honnêteté la situation, lui avouer l’attirance que j’éprouvais
pour Charlie et m’en remettre totalement à lui… C’était la seule solution –
j’en avais parfaitement conscience – si je ne voulais pas que tôt ou tard…
C’était la seule solution, oui, mais je différais… Je différais tant et plus…
Je m’inventais toutes sortes de prétextes… Après tout il ne s’était encore rien
passé… Que dans mes rêveries… Il ne se
passerait peut-être – sans doute – jamais rien… D’autant que – c’était
peut-être qu’une impression – mais il me paraissait plus froid ces derniers
temps Charlie… Plus distant… Non... J’allais provoquer tout un remue-ménage qui
n’avait finalement, pour le moment, pas la moindre raison d’être… Je verrais
plus tard… Le cas échéant… Il serait toujours temps…
Et puis ce soir-là… Le patron était venu
me le demander personnellement… Un peu comme une faveur… « Vous pourriez
rester tout à l’heure, Camille ? Il faudrait absolument boucler ce
dossier… Qu’il parte sans faute, à la première heure, demain matin… » Je
pouvais, oui… « Merci… Je vous revaudrai ça… Tenez, les clefs… Vous
fermerez… »
Des
pas dans le couloir… Qui ça pouvait être ? Tout le monde était censé être
parti… Depuis un bon moment déjà… Je me suis levée, vaguement inquiète… Dirigée
vers la porte… Au moment où j’allais en saisir la poignée elle s’est abaissée…
Charlie… « Ah, c’est toi ! Tu m’as fait peur… » « Toi
aussi ! T’étais pas descendue… Je me demandais si t’avais pas un
problème… » « Oh, non… Non… C’est juste qu’il y avait ça à terminer…
Impérativement… Mais j’ai presque fini… J’en ai pour une seconde… » Il ne
m’a pas laissée me rasseoir… Ses mains, derrière moi, se sont posées, légères,
sur mes épaules… Du bout du pouce, il m’a doucement caressé le cou… Des deux
côtés… « Il ne faut pas, Charlie… Arrête… Il ne faut pas… » Son
souffle, tout près, dans ma nuque… « S’il te plaît, Charlie, s’il te
plaît… » Son désir, dressé
contre mes reins… Et puis ses mains… Ses mains sur mon ventre… Ses mains sous
mon pull… Ses mains sur mes seins… Qu’elles ont mis à nu… Dont elles ont épousé
la forme… Fait dresser les pointes… Ses mains qui m’ont déshabillée…
Complètement… Qui m’ont interminablement parcourue et reparcourue, offerte,
abandonnée…
Il m’a doucement fait pencher, à l’équerre, sur le
bureau… S’il voulait… Tout ce qu’il voulait… Tout… J’étais à lui… Et je l’ai
clamé tant et plus mon plaisir… Chanté… Hurlé… Vaincue…
« On n’aurait pas dû, Charlie… On n’aurait jamais
dû… » On était en bas… À côté de ma voiture… « Me dis pas que tu
regrettes ! » « Non… Si ! Oui… On recommencera pas, hein,
tu me promets ? » « Non, mais t’es vraiment trop, toi, dans ton
genre ! Il est où le problème ? » « Il est que je suis
mariée, Charlie, et toi aussi ! » « Et alors ? C’est une
raison pour se priver de tout ? C’est pas lui qui va t’en donner du
plaisir… Ou alors tous les six mois… C’est pas elle qui va m’en donner… Ou
alors tous les tournants de lune… Alors je vois vraiment pas ce qu’on pourrait
avoir à se reprocher… » « Oui, mais si jamais… » « Si
jamais quoi ? Ils l’apprennent ? Il y a aucune espèce de raison… Ça ne regarde que
nous… Nous deux… Tous les deux… » « Je sais pas, Charlie, je sais
pas… » « Mais si ! » Il m’a attirée contre lui… Ses lèvres…
Et je suis restée dans ses bras…
Et on est allés chez
lui… Et on a recommencé… Et ça a duré toute la nuit… Au réveil j’étais blottie
contre lui… Comblée…
Il fallait… Mon
beau-père… Maintenant il fallait… Il fallait absolument… Oui, mais
comment ? Comment lui avouer ça – maintenant que c’était fait – sans
mourir de honte ? Est-ce que j’avais le choix pourtant ? Non… Je
savais bien que non… J’avais trompé Patrice… Et d’une façon ! Rien que d’y
repenser… Coupable… J’étais coupable… Il n’y avait pas, là-dessus, l’ombre d’un
doute… Mais, en même temps, il y avait, en arrière-fond, une petite voix… Une
petite voix qui me disait que, tout compte fait, Charlie n’avait peut-être pas
forcément complètement tort… Une petite voix qui se faisait de plus en plus
insistante… Cajoleuse… Une petite voix que j’écoutais de plus en plus
complaisamment… Que je faisais sèchement taire… Non… Ça ne pouvait pas durer…
Il fallait que ça s’arrête… Il fallait qu’on m’arrête… Oui… J’allais lui parler
à mon beau-père… Dès que possible… Dès qu’allait se présenter une occasion
favorable…
Elle ne l’était
jamais, à mes yeux, tout-à-fait… Et, en attendant, Charlie et moi…
Je vous embrasse,
Flavian
CAMILLE
Je sens que joli-papa va avoir du boulot...
RépondreSupprimerEt que ça va pas lui déplaire…
RépondreSupprimerlol
RépondreSupprimerÀ qui fera-t-il croire qu'il n'y trouve pas, lui aussi, son compte?
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