lundi 11 juin 2012

Un mariage ( 10 )


– J’ai trouvé… Pour le martinet… J’ai trouvé quand est-ce que c’est que vous allez y attraper avec… Oh, faites attention ! D’un peu plus on se la tapait la voiture… Oui… J’ai trouvé… Parce que vous vous l’êtes pas fait tout seul peut-être tout à l’heure chez Benjie ? Je suis sûr que vous nous avez écoutés et que vous vous l’êtes fait… Et ça, vous avez pas le droit… Un type, quand il est même pas fichu de satisfaire sa femme, c’est pas pour aller s’amuser derrière son dos tout seul dans son coin… Manquerait plus que ça… Non… Et puis en plus imaginez – il y a pas beaucoup de chances pour que ça arrive, mais enfin on sait jamais – imaginez qu’un jour je sois en panne, que j’aie personne à me mettre sous la dent… Que vous… Ça me ferait pas rire, mais bon… Faudrait bien que je fasse avec… Je vous demanderais rien… Ça, je sais que c’est pas la peine… Non… Je me servirais… Seulement si vous venez juste de vous le faire ce sera pas possible… Alors vous v’là prévenu… Pas question de vous amuser tout seul… Sinon…



– Et qu’est-ce qu’il a dit ?
– Rien… Qu’est-ce tu voulais qu’il dise ? Il avait pas intérêt n’importe comment… T’as fini avec le shampooing ? Tu me le passes ?
– Et tu vas lui faire ?
– Évidemment que je vais lui faire… La prochaine fois qu’il se tripote il y a droit…
– Oui, enfin ça ! Encore faudra-t-il que tu le prennes sur le fait…
– Pas besoin… Quand ça arrivera – et forcément que ça arrivera – il passera gentiment aux aveux… De lui-même… Je lui ai fait promettre… Et il le fera… Je suis certaine qu’il le fera…
– Il est trop quand même ! Et tu pourrais sacrément en tirer parti si tu voulais…
– C’est déjà pas si mal, j’trouve…
– À ta place je crois que moi j’aurais pas de limites… Ou plutôt que je pousserais le bouchon le plus loin possible pour voir où sont les siennes…
– Mais c’est exactement ce que je fais ! Tout doucement… Petit à petit… Pas pour voir où sont ses limites… Non… Je sais qu’il en a pas… Du moins pas avec moi… Qu’il en aura jamais… Mais pour en profiter… Pour pouvoir me dire, chaque fois que je lui fais franchir une nouvelle étape, que ce sera un peu plus difficile encore pour lui – impossible en réalité – de revenir en arrière… De m’échapper… Parce qu’il prend beaucoup trop de plaisir à être toujours un peu plus à moi… Et ça tu peux pas savoir comment c’est excitant…
– Je me doute…  C’est quoi l’étape d’après ? T’as déjà une idée ?
– Une ? Plein ! Mais chaque chose en son temps… Pour le moment au martinet on en est…
– Et ce sera quand ? Bientôt, tu crois ?
– Ça, ça dépend de lui… Ça dépend s’il pense que j’ai envie que ça aille vite ou au contraire qu’il résiste le plus longtemps possible… Il va essayer de savoir… Il saura pas… Parce qu’il faut qu’il patauge… Qu’il se demande… Qu’il tâtonne… Qu’il sache jamais sur quel pied danser avec moi…
– Ça peut durer un moment…
– Mais ça va durer un moment… Dans le doute… Ça va durer jusqu’à ce que je donne le petit coup de pouce… Ou bien toi…
– Moi ? Comment ça ?
– Je t’expliquerai… On va aller faire un tour… Du shopping… Tout ça…
– Quand ?
– Ben tout de suite là…
– Ça craint… Déjà que j’ai pas ouvert ce matin…
– Qu’est-ce t’en as à foutre ? Il va pas te mettre dehors… Alors là je voudrais bien voir ça… Et puis n’importe comment, de toute façon, c’est moi qui décide… Et s’il est pas content c’est du pareil au même…



La porte… La porte brusquement rabattue… Juste le temps d’un bond en arrière…
– Qu’est-ce que vous fichez là, vous ?
Une gifle… À toute volée… Une gifle…
– Mais ça devient une maladie, ça, de camper derrière la porte de cette salle de bains… Filez ! Fichez-moi le camp… Allez l’ouvrir votre magasin… Vous devriez déjà y être…

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