–
Je voudrais te demander un truc, là… Mais t’es pas obligée de me répondre…
–
Ben, vas-y ! Quoi ?
–
À ce qu’il paraît qu’il t’a flanqué une fessée le patron hier soir… Cul nu… À
cause que tu lui as répondu à Mademoiselle Tirieix… C’est vrai ?
–
Ben oui, c’est vrai… Oui…
–
Wouah ! Alors c’est vrai… J’y croyais pas, moi ! Eh ben dis
donc ! Quand je vais leur raconter ça aux autres… Ils vont pas en revenir…
Bon, mais j’y vais… J’y vais…
–
Et évidemment t’as eu droit à tout un tas d’allusions toute la journée… De
sourires entendus… De petites réflexions derrière ton dos…
–
Pas par derrière, non… Carrément par devant… Sans se gêner… Les nanas comme les
mecs…
–
C’était pas trop dur ?
–
Non… Franchement… Non… Et même…
–
Je sais pas comment tu fais… Je pourrais pas, moi ! Jamais je pourrais supporter
un truc pareil !
–
Qui vous a autorisée, Mademoiselle, à aller raconter à qui veut l’entendre ce
qui s’est passé, avant-hier soir, dans ce bureau ?
–
C’est pas moi ! C’est Ophélie… Elle savait déjà n’importe comment…
–
Et, comme si cela ne suffisait pas, vous vous permettez d’accuser vos collègues !
–
Mais non, mais…
–
Par votre faute règne, depuis hier, dans mon établissement, un climat d’agitation
et de fébrilité qui nuit à la qualité du service… En conséquence Mademoiselle Tirieix
vous infligera tout à l’heure, en présence de la collègue que vous avez
honteusement calomniée, le châtiment que vous savez… Retournez travailler… Je
vous appellerai…
–
Et ?
–
Ben tu te doutes… Elle m’en a mis une…
–
Elle tape fort ? Plus que lui ?
–
C’est pas qu’elle a tapé plus fort… C’est que c’était beaucoup plus humiliant…
–
Ah, oui ?! Comment ça ? Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
–
Rien… Elle a pas parlé… Elle a pas lâché un seul mot… Non… C’était une façon qu’elle
avait – je sais pas comment – de me faire sentir qu’elle m’avait complètement
en son pouvoir… C’était…
–
C’était ?
–
Quelque chose de très fort… De très intense… Que j’avais jamais connu… Je
regrette pas… Ah, non, alors !
–
Et la fille, là ? Ophélie… Elle était là ? Elle a assisté ?
–
Elle en a pas perdu une miette…
–
Et n’a rien eu de plus pressé, en sortant de là, que d’aller faire un rapport
circonstancié à ses petites camarades…
–
Probable, oui…
–
Et c’est encore toi qui vas trinquer…
–
Je sais pas… Je verrai bien… J’espère… Oui… J’espère finalement…
–
Faisons le point, Mademoiselle, si vous le voulez bien… Je n’ai nullement à me
plaindre de la façon dont vous effectuez votre travail…
–
Merci, Monsieur…
–
Et pas davantage de la manière dont vous respectez notre contrat… Vous faites
preuve d’une docilité dont je n’ai qu’à me louer…
–
Je m’y étais engagée…
–
En effet… Et reconnaissez avec moi que, chaque fois que vous avez été châtiée, vous
l’aviez amplement mérité…
–
Je le reconnais…
–
Si seulement vos collègues voulaient bien faire montre d’autant de lucidité et
de bonne volonté que vous… La façon dont certaines d’entre elles accomplissent
leur tâche justifierait – vous en conviendrez – qu’elles soient soumises au même
traitement que celui qui vous est réservé…
–
Ce n’est pas à moi d’en juger…
–
Mais c’est peut-être à vous de les en persuader… Au moins les plus paresseuses
et les moins motivées d’entre elles…
–
Tu vas le faire ?
–
Il m’a pas laissé le choix… Il me donne quinze jours pour en convaincre une… N’importe
laquelle…
–
Tu vas t’y prendre comment ?
–
Alors ça ! Si je savais !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire