lundi 16 août 2010

Colocataires3 ( 8 )

Allan et moi. Les yeux embués de Mélianne. Ceux brillants d’Amandine.
Allan et Mélianne. Leur plaisir qui les submerge.
Amandine nouée à moi. Son souffle gorgé de bonheur. Son extase qui l’emporte.
On a dormi tous les quatre. Jambes jetées au hasard. Bras lancés au hasard. Têtes posées au hasard.

C’est Mélianne qui l’a proposé, au réveil…
- Et si on partait quelque part ?… N’importe où… Quelques jours… Tous les quatre…
On pouvait. Tout le monde pouvait. Se débrouiller. Prendre des heures. S’arranger…

On a étalé par terre une grande carte de France. Et on a bandé les yeux d’Amandine…
- C’est toi la plus jeune…
On l’a placée au milieu. On l’a fait tourner plusieurs fois sur elle-même. Elle s’est agenouillée. Elle a posé son doigt au hasard… Les Alpes de Haute-Provence…
- Ca aurait pu être pire…
Annot…
- Quelqu’un connaît ?…
Personne, non…
- Eh bien ce sera l’occasion de faire connaissance…

- Vous êtes tout seul ?…
- Pour le moment, oui…
- Je vous ai menti… Il est marié…
- Ah !… Et tu le sais depuis quand ?…
- Depuis le début…
- Ah ben bravo !… Bravo!… On peut te faire confiance!…
- J’avais trop envie… Dès que je l’ai vu j’ai eu envie… J’ai pas pu m’empêcher… Donnez-la moi !… Je l’ai méritée… Mille fois je l’ai méritée…
- Tu vas l’avoir, ça, c’est sûr… Tu vas pas y couper… Mais d’abord… on peut savoir pourquoi cette brusque volte-face ?… Cet aveu soudain ?…
- Parce que c’est pas bien… Je vous promets quelque chose… Dans mon intérêt à moi en plus !… Et je fais tout le contraire…
- C’est la seule raison ?…
- Ben oui… Oui… Qu’est-ce que vous voulez que ce soit d’autre ?
- Ce ne serait pas plutôt que maintenant sa femme est au courant ?… Que tout est fini ?…
- Comment vous le savez ?…
- C’est donc bien ça ?…
- Quelqu’un vous l’a dit ?… Vous les connaissez ?…
- Non… Mais ça te ressemble tellement !… Chaque fois ça se passe comme ça… Chaque fois il y en a une autre et chaque fois elle découvre le pot-aux-roses… Et chaque fois tu te fais évincer… A croire que tu le fais exprès… Que tu te débrouilles pour que ce soit ça qui arrive…
- Mais non, mais…
- Elle l’a appris comment cette fois-ci ?…
- J’en sais rien…
- Mais si, tu le sais !… Bien sûr que tu le sais !…
- C’est moi !… Je lui ai téléphoné… Je lui ai dit qu’il avait quelqu’un… Je sais pas pourquoi j’ai fait ça…
- Parce que tu espérais qu’il allait la quitter et te choisir toi ?…
- Non… J’y ai jamais vraiment cru…
- A moins qu’accumuler les échecs te rassure… Que tu en aies besoin…
- C’est idiot ça…
- Quoi qu’il en soit tu n’as pas respecté tes engagements…
- Non…
- Et tu as menti…
- Oui…
- Déshabille-toi, Victorine…
Elle l’a fait lentement en me tournant le dos… S’est arrêtée…
- Tout…
Elle a laissé tomber la culotte, en est sortie, un pied après l’autre… A attendu…
- Viens ici !…
Elle s’est retournée, s’est avancée vers moi, tête basse, les yeux rivés au plancher…
- Plus près…
Un pas en avant…
- Encore…
Un autre. J’ai pris ses mains entre les miennes…
- Pourquoi tu es comme ça, Victorine ?… Pourquoi tu te comportes aussi mal ?…
Elle n’a pas répondu. Elle a secoué la tête de droite à gauche. De gauche à droite. Plusieurs fois. En signe d’ignorance. Ou d’impuissance... J’ai pris ses mains entre les miennes…
- Il va falloir qu’on prenne d’autres dispositions, Victorine. Beaucoup plus sévères. Tu en as bien conscience ?…
- Oui…
- Et pour commencer j’attends de toi que tu me fasses dorénavant un compte-rendu quotidien aussi fidèle que possible de tes journées et que tu respectes à la lettre l’emploi du temps que nous aurons établi ensemble… C’est bien compris ?…
- Oui…
Et elle s’est docilement laissé courber en travers de mes genoux…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire