14 heures
Christine
a soupiré…
– C’est
de ma faute tout ça… Ben si ! Si ! J’aurais pas laissé
Jaufret me flanquer une fessée, on aurait pas été obligées
d’inventer toute une histoire à dormir debout pour faire passer la
pilule à Charles…
– Reconnais
que ça a quand même eu des bons côtés… Ça nous a fait
découvrir des tas de choses dont on avait pas idée toutes les deux…
– Peut-être…
Mais en attendant on est piégées…
– Oui,
oh ! Pour le moment, question mecs, on court pas de bien gros
risques… En ce qui me concerne, Enzo j’ai définitivement fait
une croix dessus… Quant à Jaufret, si on en croit Mélanie…
– C’est
peut-être pas ça qu’ils cherchent à savoir…
– Ah,
oui ? Ben, ce serait quoi alors ?
– Tout
simplement ce qu’on fabrique derrière leur dos… Si on continue à
se la donner la fessée… Où ? Quand ? Comment ?
Dans quelles conditions… Éventuellement avec qui… Parce que…
Une fois on le leur a offert le spectacle… Une seule… Et depuis
rien… Je suis sûre qu’ils se disent que c’est pas possible…
Qu’on continue forcément… En cachette… Et ils se font des
films… Ils nous imaginent dans des situations invraisemblables…
Et très excitantes…
– Ils
auraient un moyen simple de savoir à quoi s’en tenir pourtant…
– Ben
oui, nos derrières… Évidemment… Un simple coup d’œil dessus
et ils seraient fixés… Or, ils ne le font pas… Charles en tout
cas, moi, il me le fait pas… Par moments, j’ai même l’impression
qu’il évite soigneusement les situations qui le lui permettraient…
– Oui…
Gilles exactement pareil… Comment ça s’explique à ton avis ?
– Ils
ont mis des détectives sur le coup… Ils en attendent des
révélations… Dont ils comptent bien ensuite tirer profit tout
leur saoul… D’une façon ou d’une autre… Alors tu crois qu’il
serait judicieux pour eux, en ce moment, d’aller mettre le nez sur
l’état de nos derrières qu’ils supposent rougeoyants ? Ça
nous refrénerait… Ça nous paralyserait… Ce serait complètement
contre-productif…
– Ça
se tient tout ça… Oui, ça se tient… Et on fait quoi, nous,
alors du coup ?
– On
réfléchit… Et on avise…
16 heures
Christine
nous a laissées aux abords de la place…
– Tu
vas faire quoi ?
– Les
promener dans Toulon… Et je peux te dire qu’ils ont intérêt à
avoir de bonnes jambes…
On
l’a regardée s’éloigner…
Bon…
Mais et nous ? On allait faire quoi, nous ?
– Ils
y sont peut-être là-bas, au café, nos deux petits vieux…
– Tu
parles qu’ils y sont… Et qu’ils nous espèrent de toutes leurs
forces…
Ils
y étaient…
– Il
fait beau, hein, aujourd’hui ?
Ah,
ça, oui… On était bien de leur avis… Pour faire beau, ça, il
faisait beau…
On a
eu droit à un feu nourri de banalités… Sur le climat qu’était
en train de changer… Sur les touristes… Qu’étaient moins
nombreux que d’habitude… Sur les jeunes qui voulaient plus rien
faire aujourd’hui…
– Qu’il
y a des fois je te leur botterais bien le derrière, moi…
Et
puis, il y en a un des deux qui s’est bravement lancé…
– On
a entendu hier…
Ah !
Et ils avaient entendu quoi ?
– Ben,
que la jeune fille, là, elle posait des problèmes des fois…
– Oh,
ça, vous pouvez le dire… Et plus souvent qu’à son tour…
– Vous
lui avez pas fait quand même ? Ce que vous avez dit… Vous lui
avez pas fait ?
– Bien
sûr que si !
Ils
ont échangé un long regard dubitatif…
– Mouais…
– Vous
me croyez pas ? Venez si vous me croyez pas… Venez voir !
Je
me suis levée…
– Allez !
Venez !
Ils
ne se sont pas fait prier…
– Et
toi, arrive !
– Oh,
non ! S’il te plaît, non !
– Si !
Ça te servira de leçon… Allons ! Depêche !
Elle
a suivi… En bougonnant et en traînant la jambe…
J’ai
poussé tout ce petit monde sous une porte cochère…
– Baisse
ton pantalon !
Elle
nous a tourné le dos et l’a descendu, de mauvaise grâce, jusqu’à
mi-fesses…
– Plus
bas ! Encore !
J’ai
tiré… Jusqu’au-dessus des genoux…
– Ah,
oui ! Quand même !
Ils
s’en sont repus… Avec une délectation manifeste…
– Trop
génial cette idée que t’as eue ! Vraiment trop génial…
Comment j’avais honte ! Comment c’était bon ! Ce que
j’aurais aimé voir leurs têtes…
– Moi,
ce que je me demande, c’est ce qu’il en a tiré comme conclusion
s’il y a un détective qui nous a vus entrer là-dessous…
J'adore vos textes. J'aime votre style: la façon si particulière que vous avez de faire parler vos personnages.j'ai lu et relu vos Escobarines.
RépondreSupprimerJe suis accro à vos dialogues , si vrais qu'on s' y croirait.
Merci.
Merci à vous. C'est une forme d'écriture qui est maintenant pour ainsi dire chevillée à moi… Ravi qu'elle vous parle… Pour d'autres, sans doute pétris de certaines normes littéraires, "ça fait bâclé…"
RépondreSupprimerExcellente journée et à bientôt…