jeudi 26 décembre 2013

La passion de Madame la Directrice (16)

– Camille ? Tu es où ? Ah, tu es là… Faut que je te raconte… Faut absolument que je te raconte… Figure-toi que ce matin elle était pas à prendre avec des pincettes…
– Et pour cause…
– Comment ça « Et pour cause » ?
– Mets-toi à sa place ! Ça va faire trois semaines que tu lui as promis une fessée… Pour très bientôt… Et tu ne te manifestes pas… Et il ne se passe rien… Elle est en droit de se poser des questions, non ?
– Oui, oh ben là elle a dû commencer à avoir des réponses… Parce que… Odieuse elle a été… Non, mais vraiment odieuse… Elle a attaqué, d’entrée de jeu, en s’en prenant à la petite Lédu… Qu’allait pas assez vite, à son goût, pour mettre les boîtes de céréales en rayon… « Je vous rappelle, à toutes fins utiles, que vous n’êtes qu’interim… À bon entendeur… » Après ça a été le tour d’une pauvre vieille à la caisse… Qui n’avait pas de quoi régler tous ses achats… Qui faisait retirer, un à un, des articles et refaire chaque fois le compte… Qui avait bloqué la caisse… « Mais Madame, avant d’acheter on s’assure qu’on a de quoi payer ! » T’aurais vu le ton sur lequel elle lui a sorti ça… Et c’était pas fini : dans la foulée elle a convoqué Julien Martin au bureau… Elle a dû lui passer un sacré savon vu que pas loin d’une demi-heure ça a duré et que quand il est enfin sorti de là-dedans ça se voyait qu’il avait pleuré… Alors j’y suis monté au bureau… Je m’y suis engouffré… J’ai claqué la porte derrière moi… « Vous en avez pas marre de vous en prendre à tout le monde comme ça ce matin ? Déculottez-vous ! » « Tu peux pas me demander ça… Pas dans la journée… Pas avec les secrétaires dans la pièce à côté… Et n’importe qui qui peut venir frapper… » « C’est moi qui décide… Déculotte-toi ! » Elle a ouvert la bouche pour dire quelque chose… A renoncé… Poussé un profond soupir… Un autre… Et elle s’est résignée… A descendu, sans un mot, pantalon et culotte jusqu’à mi-cuisse… Je l’ai laissée debout… Me suis approprié une fesse… L’autre… Elle a imperceptiblement frémi… « Vous êtes obéissante, Martina… C’est bien… C’est comme ça que je vous veux… Obéissante… Très obéissante… De plus en plus obéissante… » Un frisson l’a secouée toute… « De quoi elle a peur Madame la Directrice ? Qu’on entende ? Qu’on comprenne ? Qu’on sache ? Oui, hein ? Ce ne serait que justice, avouez !Bon, mais allez ! » Je l’ai courbée sur mon genou… Elle s’est crispée dans l’attente du premier coup… Qui n’est pas venu… Je l’ai fait relever… « Reculotte-toi ! Mais tu perds rien pour attendre… »
– Et tu vas faire quoi maintenant ?
– T’inquiète ! J’ai ma petite idée…



– « Tu m’as fait peur tout-à-l’heure… Tellement peur… Mais surtout JE ME suis fait peur… Parce que j’étais hors d’état de te résister… J’en serais passée par tout – absolument tout – ce que tu aurais voulu… Tu pouvais me détruire… Me ridiculiser… On aurait entendu… On aurait forcément entendu… Les claques… Mes cris… J’aurais été incapable de les retenir… Ma carrière était à tout jamais brisée… Ma réputation saccagée… Sur le moment ça m’était complètement égal… Tout m’était égal… J’étais à ta merci… Tu n’en as pas profité… Tu t’es montré raisonnable pour deux… Je t’en ai infiniment de reconnaissance… Et, en même temps, je t’en veux… Je t’en veux énormément… J’ai tort… J’ai sûrement tort de te le dire… Mais je peux pas m’en empêcher… »
– Cette fois… Alors là cette fois…
– C’est à moi que ça commence à faire peur…
– Oui, ben alors là t’es bien con ! Fonce ! Fonce ! Elle demande que ça…



– « Rendez-vous demain soir, chère Martina, à vingt heures précises, dans ce café où nous nous sommes rencontrés, vous et moi, pour la toute première fois… Nous aurons un petit achat à aller effectuer dans le quartier tous les deux… Quoi ? Cherchez ! Cherchez bien ! Je suis sûr que vous allez trouver… »
– Un martinet tu vas lui acheter, j’parie !
– Choisi avec le plus grand soin… Il y aura même des essayages…
– Des essayages ? Comment ça ?
– Faut te faire un dessin ?
– Non… Bien sûr que non ! Mais tu vas trouver ça où un magasin où tu vas pouvoir lui cingler le cul ?
– Sur le forum il y a un dénommé Aristide…
– Je sais, oui ! J’ai un peu discuté avec…
– Son frère tient un sex shop… Il y a une petite salle à l’arrière dont il nous laissera l’entière disposition… Aristide y met toutefois une condition…
– Il veut être là… Assister…
– Avec quelques amis à lui… Voilà, oui… T’as tout compris…
– Et à ce que je vienne, moi, il verrait un inconvénient ?
– Il y a aucune espèce de raison…
– Bon, ben alors je viens… Ah, oui, je viens…
– Masquée… Qu’elle ne sache pas encore… Qu’elle se pose des tas de questions…

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