lundi 15 octobre 2012

Les confidences de Camille ( 8 )


Ma chère Camille…

Il y avait quelque chose… Depuis l’autre matin elle arrêtait pas d’y penser Clara… Il y avait quelque chose qu’elle voulait me demander… Puisque de toute façon maintenant j’étais au courant… C’était que… Pour le truc, là… « La fessée ? » Pour ça, oui… Ça faisait un moment qu’elle en discutait sur Internet avec un type… Un type qui voulait la rencontrer… À l’hôtel… Pour… Ben oui, je me doutais bien… Pour ça, quoi ! Sauf qu’elle avait pas du tout envie que ça dérape… Mais alors là pas du tout… À première vue il avait l’air correct… Mais on pouvait pas savoir… On pouvait jamais savoir… Alors ce qu’elle avait pensé – et il y avait qu’à moi qu’elle pouvait demander ça… À qui d’autre ? – c’était  que, peut-être, je pourrais la suivre… Et surveiller de derrière la porte… Au cas où ça se passerait mal… Comment elle se sentirait plus rassurée… « Mais si tu veux pas tant pis… Ça fait rien, hein !… Faut pas te croire obligé… » C’était pas que je voulais pas, non, mais comment je le saurais que ça se passait mal ? Et faudrait que je fasse quoi ? « T’entendras bien… Et puis je crierai n’importe comment…  Et alors là t’hésites pas surtout… Tu rentres… »

Je l’ai donc accompagnée… « Approche pas pour le moment… Te montre pas… » En retrait… Prêt à disparaître au détour du couloir… Elle a frappé… Recommencé… Encore… Entrebaîllé la porte… Jeté un œil à l’intérieur… « Il y a personne… Il est pas là… Il avait dit pourtant… Une demi-heure avant toi j’y serai… » Je l’ai rejointe… « Viens ! Entre ! Suffit de surveiller… Par la fenêtre on est obligés de le voir arriver… » Elle a jeté son sac sur le lit… «  Qu’est-ce qu’il fout ?! Je comprends pas… Non… Je comprends pas… Ça fait des semaines et des semaines qu’il me supplie… Qu’il prétend penser qu’à ça… Et le jour où c’est enfin possible… » « Il a peut-être eu un empêchement… Sûrement même… » « Tu parles ! Encore un fantasmeur, oui ! C’en est plein sur le Net… Bon, mais j’attends encore un quart d’heure… Et si dans un quart d’heure il est pas là… »

Une demi-heure… Une heure… Deux heures… « Il viendra plus, c’est clair… C’est bien ce que je disais… Un fantasmeur… » « À moins que… À moins que ce soit vous la fantasmeuse… » « Moi ? » « Vous, oui… Qui avez inventé ce personnage de toutes pièces… » « Hein ? Mais pas du tout enfin ! Pourquoi j’aurais fait ça ? » «  Oh, il y en aurait mille des raisons… En attendant j’ai perdu une après-midi entière, moi, avec toutes vos histoires… Et justement aujourd’hui… Qu’ils étaient importants les cours… » « Je suis désolée… Je suis vraiment désolée… » « Ah, vous pouvez ! Vous savez ce que vous mériteriez pour la peine ? Vous savez ? » Elle a brusquement réalisé où je voulais en venir… « Oui, mais non… Non… Pas toi… C’est pas possible… » « Et pourquoi donc pas moi ? » « Mais parce que enfin ! » Parce que… D’abord parce qu’on vivait sous le même toit… Ingérable ce serait… Un jour ou l’autre il nous tomberait dessus Ivan… Forcément… Et ça c’était un risque qu’elle ne pouvait pas – qu’elle ne voulait pas – courir… Et puis… Et puis il y avait la différence d’âge… Ça comptait pour elle… Beaucoup… Le type elle avait besoin qu’il ait de la prestance… Qu’il fasse preuve d’autorité… De fermeté… Et ça… avant quarante ans on n’était pas crédible… « Tu comprends ? » Je comprenais, oui… Malheureusement je comprenais… « Oh, mais fais pas cette tête-là… T’en trouveras des filles – des filles de ton âge – qui demanderont pas mieux… Je t’aiderai, même, si tu veux… Et puis tu es – tu vas rester – mon confident… Tu perdras pas forcément au change, tu sais… Je te promets que tu perdras pas au change… Tu verras… Bon, mais allez ! Inutile de rester ici… Il viendra pas… »

Dans la voiture elle m’a posé la main sur le genou… « Tu m’en veux pas trop ? » « Mais non ! Bien sûr que non ! » Si, je lui en voulais ! Si !

«  Je voudrais pas abuser, mais… mais si tu pouvais te libérer demain après-midi, ça m’arrangerait bien… » « Si c’est comme la dernière fois… » « Ce sera pas, non… C’est quelqu’un de fiable cette fois… Très… Aucun doute là-dessus… Mais quand même je veux pas prendre de risques… Je le connais pas ce type… Alors tout dépend de toi… Si tu peux venir ou pas… » « Je viendrai… Oui… Je viendrai… » « Merci… »

Vous connaissez mon sens du suspense, ma chère Camille… Donc je n’en dirai pas plus… Pour aujourd’hui…

Je vous embrasse

FLAVIAN  

4 commentaires:

  1. En effet, nous connaissons votre sens du suspense François...
    Du coup, c'est toujours trop court vos textes... ;-)

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    1. Tant qu'ils ne lassent pas!
      Mais tant d'histoires encore à raconter...

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