La suite de mon récit ? Eh bien la
voici, ma chère Camille…
Quand je vous ai laissée j’étais
dissimulé dans cette cabane de jardin à surveiller, des heures durant, la porte
du garage… Ma patience – mon obstination ? – a fini par être récompensée…
Par un beau jeudi d’Octobre en effet, sur le coup de trois heures, Clara est
venue s’y engouffrer d’un pas décidé… Son complice – j’en étais convaincu –
n’allait pas tarder à faire son apparition… J’allais enfin savoir… Eh bien
non ! Non… Personne ne l’a rejointe… Et elle est ressortie de là-dedans
seule, une quarantaine de minutes plus tard, comme elle y était entrée… Un
empêchement de dernière minute ? Peut-être… Mais il m’était né un soupçon…
Un soupçon qui s’est trouvé confirmé quand je l’ai vu réprimer une grimace en
s’asseyant, le soir, à table, au retour de la cuisine… Elle-même… Évidemment… Elle
se le faisait elle-même… Toute seule…
Le lendemain j’ai regagné ma province…
C’était les Vacances de Toussaint et j’en ai passé la plus grande partie à m’efforcer
de mettre mentalement au point un stratagème qui me permettrait de la voir à
l’œuvre dans ce fameux garage… J’ai envisagé tout ce qui était raisonnablement
envisageable… Mais, chaque fois, je venais buter sur un obstacle qui rendait la
chose impossible… Parce que je ne visualisais les lieux que de mémoire ?
C’est ce dont j’ai voulu me convaincre… Sur place je l’aurais trouvée la
solution… Elle me serait apparue avec une lumineuse évidence… Et j’ai avancé
mon retour… De deux jours…
Je n’avais pas prévenu… On me verrait arriver…
Bien m’en a pris… Parce que… Ça venait de la salle de séjour… Des voix… La
télé… Oui… C’était la télé… Je suis entré… Clara était étendue sur le canapé…
Entièrement nue… Les jambes relevées, ouvertes, les yeux rivés à l’écran, elle
faisait aller et venir – lentement… très lentement – un énorme gode couleur
peau le long de ses lèvres… Quelques secondes… Quelques trop brèves secondes…
Elle a tourné la tête, découvert ma présence dans l’embrasure de la porte… Un
cri… Et une fuite… Une fuite éperdue en direction de sa chambre… Une fuite qui
m’a offert le spectacle de ses fesses zébrées d’une fouettée toute récente…
Un quart d’heure plus tard elle frappait
à ma porte… « On peut parler un peu ? Avant qu’Ivan rentre… »
Bien sûr qu’on pouvait… Bien sûr… Elle s’est assise, genoux serrés, au bord de
mon lit… « Je suis désolée… Mais je pouvais pas me douter… » C’était
moi plutôt… J’aurais pu prévenir… J’aurais dû… Elle a haussé les épaules,
esquissé un sourire… « De toute façon ce qui est fait est fait… On peut
pas revenir dessus… Mais quelle opinion tu dois avoir de moi
maintenant ! » Hein ? Ah, mais non ! Non ! Pas du
tout ! Ça changeait rien du tout… Pourquoi ça aurait dû changer quelque
chose ? « Tu es gentil… Mais si ! Forcément… Ça peut pas être
autrement… » C’était elle plutôt qu’avait une drôle d’opinion de moi…
Parce que qu’est-ce qu’elle s’imaginait ? Que je m’en donnais pas, moi, du
plaisir ? Mais tout le monde s’en donnait… Fallait pas être hypocrite…
Tout le monde… « Oui… Mais il y a pas que ça… Il y a… Parce que tu t’es
aperçu, je suppose… » Quoi ? La fessée ? Et alors ? Il
y avait vraiment pas de quoi en faire tout un plat… Elle était pas la seule… Si
elle y trouvait son compte… C’est sûrement pas moi qu’allais y trouver quoi que
ce soit à redire… « Oui… ben c’est pas le cas de tout le monde… »
« Ivan ? » « Ivan, oui ! Ça, pour lui, c’est
quelque chose qui passe pas… Et qui passera jamais… » « Il sera pas au
courant… Il y a aucune espèce de raison qu’il soit au courant… »
« Merci… »
Elle pouvait si elle voulait, hein… On
déjeunait en tête à tête, tous les deux, le lendemain matin… Elle pouvait… « Je
peux ? Je peux quoi ? » En parler… Parce que ça c’était le genre
de choses qu’on avait forcément besoin de partager avec quelqu’un… Fallait pas
rester tout seul avec… Sinon… « Sinon on finit par croire qu’on est
complètement cinglé… Je sais… » Et les larmes lui sont montées aux yeux…
« Excuse-moi ! Je suis idiote… » « Vous n’êtes pas idiote,
non, mais vous voyez bien qu’il faut que vous en parliez… » « Et pas
seulement de ça… J’en crève de pas parler… Jamais… Parce qu’il a plein de
qualités Ivan… Si, c’est vrai… Mais aussi tout un tas d’idées très arrêtées…
Sur tout… Et si on rentre pas dans le moule… Alors tu finis par te taire… Par
ne plus rien dire de ce qui est important pour toi… »
Et elle a parlé… Toute la matinée… Elle
a parlé… parlé… parlé… D’elle… D’eux… De son enfance… De ses rêves… Elle a
laissé s’écouler… Tant de choses… Mais pas « ça »… Elle n’en a pas
dit un mot… Pas encore…
Elle s’est brusquement arrêtée sur le
coup de midi… « Il va rentrer… Mais ça fait du bien… Qu’est-ce que ça fait
du bien ! »
Je vous embrasse, Camille…
FLAVIAN
Prometteur. Me fais l'idée qu'il va l'aider un peu...
RépondreSupprimerOu peut-être même beaucoup… ;)
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