lundi 8 octobre 2012

Les confidences de Camille ( 7 )


Mon cher Flavian,

Chercher du travail, oui… Il avait raison… Mais quoi ? Mais où ? J’ai consciencieusement épluché les petites annonces, envoyé de multiples CV, répondu à des convocations, passé plusieurs entretiens d’embauche… Il m’est apparu très vite – je le soupçonnais, mais n’avais pas voulu, jusque là, en prendre pleinement conscience – que les études d’Histoire que j’avais suivies ne correspondaient ni aux attentes ni aux exigences du monde du travail… Il me fallait, si je voulais trouver un emploi, rabattre de mes prétentions et accepter de remplir des tâches pour lesquelles je ne me sentais pas la moindre attirance…

Sans doute aurais-je réagi autrement si j’avais été poussée par la nécessité, si j’avais dû travailler pour vivre, mais le salaire de Patrice me permettait de subvenir très largement à mes besoins… Maintenant du moins que, grâce à l’intervention de mon beau-père, ma situation financière s’était rétablie et que je ne me laissais plus entraîner par mes fréquentations – j’avais complètement coupé les ponts avec mes anciens « amis » – à des dépenses pharamineuses… Aussi me suis-je peu à peu montrée beaucoup moins assidue dans mes recherches… Au point de finir par les abandonner complètement…

À mon beau-père qui voulait régulièrement savoir où « ça en était », si j’avais enfin trouvé quelque chose, je servais systématiquement le même couplet… Pas encore, non… C’était la crise… Les entreprises rechignaient à embaucher… Mais enfin je ne me décourageais pas… C’était pas mon genre… J’étais sur une piste… Deux même… Ça allait finir par déboucher… Il y avait pas de raison… Il ne disait rien… Pas le moindre commentaire… Jamais…

Je faisais quoi de mes journées du coup ? Rien… Strictement rien… Je me levais à onze heures… Quand ce n’était pas midi… Je traînassais dans la salle de bains… J’avalais quelque chose vite fait… Sur le pouce… Et j’allais faire un tour… Au hasard… J’errais par les rues… J’entrais dans une boutique… Une autre… J’achetais parfois une babiole… S’il faisait beau je m’installais à une terrasse de café… Je regardais passer les gens… Avant de rentrer je faisais provision de magazines que je feuilletais, devant la télé, jusqu’à des trois ou quatre heures du matin…
Et le lendemain ça recommençait… Pareil… Exactement pareil…

« Ça fait un moment que je vous observe, là, de la terrasse, sur le trottoir d’en face… Et franchement, vous respirez pas la joie de vivre, hein… » Un type, un brun, aux yeux veloutés pétillants de malice, debout à côté de ma table… « Vous permettez ? » Il n’a pas attendu la réponse… Il a tiré une chaise et s’est installé en face de moi… D’autorité… Et il a parlé… Il a plaisanté… J’ai ri aux éclats… J’étais bien… Tellement bien… Il s’est fait séducteur… Charmeur… Tout en nuance… Tout en subtilité… J’ai perdu pied… Je perdais pied… Je me suis secouée… Levée… « Faut que j’y aille… On m’attend… » Il s’est levé aussi… « Merci de m’avoir accordé un si délicieux moment… Peut-être aurons-nous à nouveau l’occasion… Je suis très souvent là… En face… » « Peut-être, oui… » Et je me suis enfuie…

C’est moi qui l’ai appelé… Mon beau-père… Il pouvait venir ? Une demi-heure après il était là… « Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui t’arrive ? » Rien… Enfin si ! C’était pas vrai… Qu’est-ce qui n’était pas vrai ? Pour le boulot… J’avais menti… J’en cherchais pas… J’en cherchais plus… « Ah ! Et tu t’es remise en danger… » « Non, mais… » « Si ! Tu te remets en danger… Forcément… D’une façon ou d’une autre… » Il n’a pas demandé comment… Il n’a rien demandé… « C’est plus fort que toi… Tu peux pas t’empêcher… Je t’avais prévenue pourtant… Je t’avais pas prévenue ?... Dit qu’il fallait absolument que tu te mettes au travail ? » « Si… Oui… Mais… » « Mais tu n’en fais qu’à ta tête… Tu n’en fais toujours qu’à ta tête… Tu veux toujours te croire beaucoup plus forte que tu ne l’es en réalité… Sans arrêt il faut être derrière toi… Sans arrêt… Une vraie gamine écervelée… Irresponsable… Bon… Mais puisque, décidément, tu ne comprends que ça… Viens ici ! » J’ai obéi… Il a mis un pied sur la petite table basse, a passé un bras autour de ma taille, m’a courbée sur son genou… A retroussé ma robe… Qu’il a exigé que je maintienne relevée… « Plus haut ! » J’ai encore obéi… Il m’a baissé la culotte sur les cuisses… Ça a été plus intense encore que la première fois… Et beaucoup plus long… « Tu promets de faire des efforts ? » J’ai promis… Dans un souffle…

Soulagée… Apaisée… Je n’y retournerais pas là-bas… J’en étais sûre… Sûre et certaine…

Je vous embrasse

CAMILLE                    
       

2 commentaires:

  1. Je n'y retournerai pas. On va y croire...

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  2. Peut-être qu'elle le croit, elle ? Qu'elle essaie de se le faire croire, plutôt…

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