lundi 23 juillet 2012

Un mariage ( 16 )


– Notre petit restaurant des lendemains de martinet… J’adore… Comment ça me manquerait maintenant si je devais plus l’avoir… Qu’est-ce vous prenez, vous ? Moi, du rouget… Faut changer un peu de temps en temps… Bon, ben à la vôtre en attendant… À la nôtre…  Tchin… Vous savez que je lui ai raconté à Delphine pour nous deux hier soir… Tout à l’heure… Dans la salle de bains… Et ce qu’on disait, c’est que c’était normal que ce soit un peu notre tour à nous les nanas maintenant… Parce que pendant des années et des années les mecs ils nous ont utilisées pour prendre leur pied sans se préoccuper de savoir si on en avait ou pas, nous, du plaisir… Alors faut pas qu’ils s’étonnent qu’aujourd’hui on leur rende la pareille… Que, quand peut, on se serve, nous, sans se soucier d’eux… L’idéal en fin de compte, ce serait qu’ils jouissent pas… Qu’ils jouissent jamais… Comme ça tout le temps ils seraient en état de marche… À disposition… Seulement pour ça encore faudrait-il qu’ils aient appris à faire passer notre plaisir avant le leur… À trouver ça beaucoup plus satisfaisant que d’en avoir… Et ça, c’est de nous que ça dépend… C’est à nous de faire en sorte que ça le soit… De les convaincre… De les amener là où on veut… D’une façon ou d’une autre… Eux, les hommes… Mais surtout les femmes… Qui n’osent pas prendre le pas sur eux… Alors qu’il y a rien de plus simple en fin de compte… C’est pour ça : quand on y arrive faut surtout pas hésiter…Faut en parler autour de soi… Faut le sortir le type… Faut le montrer… Qu’elles se rendent compte les autres que c’est possible… Et que, elles aussi, si elles veulent…



Delphine nous a tout juste laissé le temps d’arriver…
– Alors ? Comment ça s’est passé ?
– Oh, bien… Très bien… Il y avait pas de raison… Elle en revenait pas Lydie… « Non, mais comment tu l’as arrangé ! » Kallista, sa vendeuse, non plus… Au moins un quart d’heure elles l’ont laissé comme ça… À l’examiner… À suivre, du bout du doigt, les traces sur ses fesses… À poser des tas de questions… À lui… À moi… Ça n’en finissait pas… Ah, pour les fasciner, ça les fascinait… Ça, on peut pas dire… Surtout la Kallista… Elle est mariée en plus… Ou c’est tout comme… Alors tu sais ce que je pense ?
– C’est pas bien difficile à deviner…
– Je vais faire des émules… Je sens que je vais faire des émules… Des tas d’émules…



– J’ai pas sommeil… J’ai vraiment pas sommeil… Comment ça m’a énervée cette journée ! C’est Kallista… J’arrête pas de réfléchir à comment je pourrais m’y prendre avec elle… Pour qu’avec son mari… Faut pas que je me loupe… Parce que c’est le genre de truc, ça, t’as vite fait un faux pas… Évidemment le plus simple, ce serait que la prochaine fois que je vous en colle une, ce soit devant elle que je le fasse… Elle aimerait… Ça, c’est sûr… Elle aimerait… Et on recommencerait… Jusqu’au jour où je lui tendrais le manche… « Eh ben vas-y ! » Elle hésiterait peut-être un peu – sûrement même – à taper vraiment au début, mais ça viendrait vite… Et alors là…là… je voudrais pas être à votre place… Sauf que… ça serait la mettre sur une fausse piste… Parce que le martinet c’est pas ça l’essentiel… Pas du tout… C’est juste la partie émergée de l’iceberg le martinet… Ça dit quelque chose d’autre… De bien plus profond… Si on voit que ça on a tout faux… Alors mettre l’accent là-dessus c’est pas forcément ce que je peux faire de mieux… Seulement à part ça ? Expliquer ? Ça s’explique pas ce genre de choses… Ça se sent… Ça se vit… Oh, et puis zut, tiens ! On va pas tourner en rond comme ça toute la nuit… Levez-vous ! Levez-vous, j’vous dis… On va faire un tour chez Benjie… Ça nous changera les idées…



– Bon, alors qu’est-ce qu’il fout ? Oh, Benjie… Tu ouvres ?
– Il est deux heures du matin…
– J’m’en fous qu’il soit deux heures du matin… J’ai envie de baiser, un point c’est tout… Vous croyez qu’il s’en occupe, lui, de l’heure quand ça l’attrape ? Ni de l’heure ni de quoi que ce soit d’autre… Faut que la nana elle en passe par où il veut… Eh ben là c’est pareil… Alors ? Tu l’ouvres cette porte ou faut que je la défonce ? Ah, enfin ! C’est pas trop tôt…
– Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qu’il y a ?
– Rien… C’est juste que j’ai envie d’un petit câlin…
– Là ? Maintenant ?
– Ben oui maintenant… Pas dans trois jours…
– C’est que…
– C’est que quoi ?
– C’est que je me suis couché tard… Et que demain matin…
– Ça fait rien… Il y en a pas pour longtemps, tu vas voir…           

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