jeudi 26 avril 2012

Escobarines: Recherche d'emploi ( 2 )




– Asseyez-vous, je vous en prie…
– Merci…
– Vous avez l’air surprise…
– Non… C’est-à-dire que si… Un peu quand même, oui… Je m’attendais pas…
– À avoir affaire à une femme…
– Voilà… Oui…
– Et vous le regrettez… Un homme on le manipule tellement plus facilement…
– C’est pas ça, non, mais…
– Mais c’est ça quand même ! D’un autre côté vous ne perdriez pas forcément au change… Entre femmes on se comprend tellement mieux… Et les raisons pour lesquelles je serais amenée, le cas échéant, à vous punir ne seraient certainement pas celles qu’un homme aurait invoquées… Elles seraient plus subtiles… Vous correspondraient bien davantage en profondeur… Non ? Vous ne croyez pas ?
– Peut-être… Je sais pas…
– Mais moi je sais… Par exemple… Par exemple aucun homme n’aura jamais l’idée de vous punir pour avoir osé écrire et expédier une lettre pareille… C’est pourtant par là qu’il faudrait – vous en serez d’accord avec moi – à l’évidence commencer… Et c’est donc par là que, sans plus attendre, on va commencer…
– Tout de suite ? Là ? Maintenant ?
– Évidemment tout de suite… Pourquoi attendre ? Attendre quoi ?
– Je ne pensais pas…
– Qu’on entrerait aussi vite dans le vif du sujet ? Vous n’êtes pas au bout de vos surprises… Mais si vous préférez qu’on s’en tienne là libre à vous… Je ne vous retiens pas…
– Oh, non… Non…
– Parfait… Alors suivez-moi… Par ici… On sera plus tranquilles…

– Évidemment que t’enlèves tout… C’te question ! Qu’est-ce que tu t’imaginais ?! Là… Viens maintenant… Ici… Mets-toi là ! Comme ça, oui… Installe-toi ! Confortablement… Ça va être long… Prête ? Alors on y va… Oui, je sais, ça fait mal… C’est fait pour ça… Ah, un vrai petit chef-d’œuvre ta lettre, hein ! Quel homme irait résister à ça ? Aucun… Et mon mari encore moins qu’un autre… C’est ça, braille ! Braille ! Ah, tu sais manœuvrer, petite garce, hein ! Heureusement que j’ai pu subtiliser ta prose avant qu’il tombe dessus… Heureusement ! Parce qu’il serait pas allé s’en vanter de ta lettre… Mais il t’aurait embauchée sur le champ… Et toi t’aurais rien eu de plus pressé que de t’en faire coller une… Histoire de pouvoir lui agiter ton petit cul sous le nez… Jusqu’à ce que t’aies réussi à le mettre dans ton lit…
– Je vous jure que…
– Pas à moi, ma petite… Pas à moi… Je vois clair dans ton jeu, tu sais… Et je vais te faire passer l’envie de revenir t’y frotter… Une bonne fois pour toutes… Accroche-toi ! Parce que ça fait que commencer… Et je peux te jurer que tu vas pas pouvoir t’asseoir d’un moment…

– Là… Tu voulais la fessée… Tu l’as eue… Alors maintenant tu te reculottes et tu dégages… Je veux plus te voir traîner par ici… Sous aucun prétexte… Sinon t’auras affaire à moi… Et cette fois pour de bon…

– Ah oui ?! Eh ben dis donc ! Elle t’a fait mal ?
– Et pas qu’un peu !
– Ma pauvre !
– Oui, oh, pas tant que ça ! Parce que ça va peut-être te paraître bizarre, mais c’était pas si désagréable finalement…
– De te faire massacrer le derrière ? Ben merci…
– Oui, mais non… C’est pas ça… C’était de me dire qu’il y avait une vraie raison pour qu’elle me la donne qui me remuait à l’intérieur ! D’une force ! Mais d’une force… Jamais j’avais connu ça… Parce que c’était pas un prétexte bidon… Elle me punissait VRAIMENT… Elle était persuadée que si j’avais pu, si elle avait pas intercepté la lettre, je lui aurais piqué son mari… Et peut-être que c’est ce que j’aurais effectivement fait… Va savoir… Oui… Sûrement même si j’y réfléchis bien… Une fois dans la place probable que j’aurais tenté le coup… Alors normal qu’elle se défende… Qu’elle me fasse payer… J’ai qu’à m’en prendre qu’à moi-même finalement…

– Et maintenant ? Tu vas faire quoi ?
– Continuer, tiens ! Jusqu’à ce qu’il y en ait un qui m’embauche… Tu crois quand même pas que je vais m’arrêter en si bon chemin…     

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