25-
Un bellâtre à cheval qui passe et repasse dans la rue. Dans la rue où je tiens boutique.
- Quel est donc ce bougre ? Que fait-il par ici ?
Perrine l’ignore. Ou feint de l’ignorer.
- N’aurait-il pas des visées sur Margot par hasard ?
- Oh, non, mon maître, non… Assurément non…
Peut-être pas. Mais qu’il plaise à Margot, ma femme, cela ne fait, semble-t-il, aucun doute. Elle qui se précipite sur le trottoir, sous les prétextes les plus divers, dès qu’elle croit reconnaître le pas de son cheval. Elle qui en revient, chaque fois que c’est effectivement lui, toute guillerette, le rose aux joues, et chantonne le reste de la matinée en sourdine…
- Tu sors ?
- Oui… J’ai à faire…
Et où va-t-elle, elle qui ne quitte d’ordinaire jamais la boutique ?
- Et que te chaut ? Prétendrais-tu me retenir prisonnière ? Et qu’as-tu à craindre ? Perrine m’accompagne. Elle ne me quittera pas…
Justement ! Raison de plus… Elles s’entendent comme larronnes en foire toutes les deux…
Léandre cligne des yeux d’un air entendu…
- Mais reste discret ! N’éveille pas leur attention…
- Que mon maître se rassure ! J’ai de nombreux amis. Auxquels j’ai rendu service. Qui se substitueront à moi pour savoir où elles vont…
- Tu seras largement récompensé…
- Je n’en attendais pas moins de votre bonté…
Elles sont rentrées. Elles conversent, avec animation, à voix basse toutes les deux. …
- Eh ! Est-ce ainsi que le travail se fait ?
Elles pouffent de rire…
- Alors, Léandre ?
- Alors… Eh bien elles se sont rendues chez la Séguier… La Séguier, c’est une vieille femme dont la tanière, sise rue Quincampoix, regorge de philtres, d’onguents et de poudres de sa fabrication au moyen desquels elle prétend guérir la plupart des maux existants…
- Mais elle n’est pas malade !
- La Séguier prétend disposer de bien d’autres pouvoirs… Elle fait et défait, paraît-il, les couples à sa guise…
- Mais quel diable de femme est-ce donc là ?
- Mon maître devrait lui rendre visite. Il en jugerait par lui-même…
Elles montent et descendent la rue en y répandant, à la volée, une poudre grisâtre qu’elles puisent, à tour de rôle, dans une petite besace. Et en jetant constamment des coups d’œil à la dérobée autour d’elles…
- Ma femme est venue te voir…
- Je ne me souviens pas…
- Cela devrait te rafraîchir la mémoire…
Trois pièces d’or poussées sur la table devant elle…
- La mémoire me revient… Doucement… Très doucement…
Deux autres… Encore une…
- Elle est venue en effet… Et elle reviendra…
- Que voulait-elle ?
- C’est un secret qu’il ne m’appartient pas de dévoiler sauf si…
- Si ?...
- Si vous vouliez vous montrer très généreux… Mais vraiment très très généreux… Auquel cas vous pourriez même, dissimulé derrière ces paravents qui ne paient pas de mine, entendre et voir tout votre saoul… Gageons que vous ne serez pas déçu… Je ferai d’ailleurs en sorte que vous ne le soyez pas…
Un bellâtre à cheval qui passe et repasse dans la rue. Dans la rue où je tiens boutique.
- Quel est donc ce bougre ? Que fait-il par ici ?
Perrine l’ignore. Ou feint de l’ignorer.
- N’aurait-il pas des visées sur Margot par hasard ?
- Oh, non, mon maître, non… Assurément non…
Peut-être pas. Mais qu’il plaise à Margot, ma femme, cela ne fait, semble-t-il, aucun doute. Elle qui se précipite sur le trottoir, sous les prétextes les plus divers, dès qu’elle croit reconnaître le pas de son cheval. Elle qui en revient, chaque fois que c’est effectivement lui, toute guillerette, le rose aux joues, et chantonne le reste de la matinée en sourdine…
- Tu sors ?
- Oui… J’ai à faire…
Et où va-t-elle, elle qui ne quitte d’ordinaire jamais la boutique ?
- Et que te chaut ? Prétendrais-tu me retenir prisonnière ? Et qu’as-tu à craindre ? Perrine m’accompagne. Elle ne me quittera pas…
Justement ! Raison de plus… Elles s’entendent comme larronnes en foire toutes les deux…
Léandre cligne des yeux d’un air entendu…
- Mais reste discret ! N’éveille pas leur attention…
- Que mon maître se rassure ! J’ai de nombreux amis. Auxquels j’ai rendu service. Qui se substitueront à moi pour savoir où elles vont…
- Tu seras largement récompensé…
- Je n’en attendais pas moins de votre bonté…
Elles sont rentrées. Elles conversent, avec animation, à voix basse toutes les deux. …
- Eh ! Est-ce ainsi que le travail se fait ?
Elles pouffent de rire…
- Alors, Léandre ?
- Alors… Eh bien elles se sont rendues chez la Séguier… La Séguier, c’est une vieille femme dont la tanière, sise rue Quincampoix, regorge de philtres, d’onguents et de poudres de sa fabrication au moyen desquels elle prétend guérir la plupart des maux existants…
- Mais elle n’est pas malade !
- La Séguier prétend disposer de bien d’autres pouvoirs… Elle fait et défait, paraît-il, les couples à sa guise…
- Mais quel diable de femme est-ce donc là ?
- Mon maître devrait lui rendre visite. Il en jugerait par lui-même…
Elles montent et descendent la rue en y répandant, à la volée, une poudre grisâtre qu’elles puisent, à tour de rôle, dans une petite besace. Et en jetant constamment des coups d’œil à la dérobée autour d’elles…
- Ma femme est venue te voir…
- Je ne me souviens pas…
- Cela devrait te rafraîchir la mémoire…
Trois pièces d’or poussées sur la table devant elle…
- La mémoire me revient… Doucement… Très doucement…
Deux autres… Encore une…
- Elle est venue en effet… Et elle reviendra…
- Que voulait-elle ?
- C’est un secret qu’il ne m’appartient pas de dévoiler sauf si…
- Si ?...
- Si vous vouliez vous montrer très généreux… Mais vraiment très très généreux… Auquel cas vous pourriez même, dissimulé derrière ces paravents qui ne paient pas de mine, entendre et voir tout votre saoul… Gageons que vous ne serez pas déçu… Je ferai d’ailleurs en sorte que vous ne le soyez pas…
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