23-
Le seigneur Amauri de Joux se prépare pour la croisade.
Pour la vingtième fois au moins il me fait ses recommandations…
- En mon absence prends soin de tout, mon fidèle compagnon. Je compte sur toi. Mais surtout veille sur ma femme. Veille sur Berthe. S’il lui arrivait quelque malheur que ce soit je ne m’en remettrais pas…
Il y a eu des pleurs. Des embrassades. Encore des pleurs. Encore des embrassades. Et il est parti.
Il s’est retourné une dernière fois, avec un signe de la main, avant de disparaître, au sud, derrière le petit bois.
Elle, elle est restée, en larmes, à la fenêtre. Quand la nuit est tombée elle y était encore.
Ses journées, elle les passe dans sa chambre à attendre en se lamentant son retour.
- Sortez, Madame, allez prendre l’air, nourrissez-vous, je vous en conjure ! Vous vous affaiblissez de jour en jour. Que dira votre mari, à son retour, s’il vous découvre ainsi exsangue ?
Alors elle sort. Un peu. Elle fait, à petits pas, le tour des remparts. S’y attarde à fixer, au loin, pendant des heures, quelque chose qu’elle est la seule à voir.
Un nuage de poussière. Qu’elle a aperçu la première. Elle m’agrippe le bras. L’enserre à le briser… Ca approche… Elle relâche son étreinte…
- Non… Ce n’est pas son cheval…
Ce n’est pas lui. Mais c’est…
- Aimé !
Aimé de Montfaucon. Son compagnon de jeux. Celui avec qui elle a passé son enfance.
Elle se précipite à sa rencontre.
- Mais… tu es blessé !
On l’aide à descendre de cheval. Il grimace de douleur.
Il est blessé, oui. Et…
- Je ne suis pas porteur de bonnes nouvelles.
Elle s’accroche à mon bras.
- Amauri ?
- Amauri… Oui…
Elle s’appuie de tout son poids contre moi.
- Il n’est pas ? Réponds-moi, Aimé, je t’en supplie, réponds-moi ! Il n’est pas ?
- Il va te falloir être très courageuse.
Elle s’écroule à mes pieds sans connaissance.
Elle l’a installé au château.
- Le temps qu’il guérisse… Qu’il reprenne des forces.
Elle passe le plus clair de son temps avec lui. Elle le panse. Elle le soigne. Elle lui tient la tête pour qu’il boive.
Et ils parlent. Ils parlent des heures durant.
Elle recommence à rire. Un peu. De plus en plus.
Il va mieux. Il fait le tour des remparts, appuyé à son bras.
Il est guéri.
À table il occupe maintenant la place du maître.
À la chasse il monte ses chevaux.
Il dort dans son lit. Avec elle.
Le seigneur Amauri de Joux se prépare pour la croisade.
Pour la vingtième fois au moins il me fait ses recommandations…
- En mon absence prends soin de tout, mon fidèle compagnon. Je compte sur toi. Mais surtout veille sur ma femme. Veille sur Berthe. S’il lui arrivait quelque malheur que ce soit je ne m’en remettrais pas…
Il y a eu des pleurs. Des embrassades. Encore des pleurs. Encore des embrassades. Et il est parti.
Il s’est retourné une dernière fois, avec un signe de la main, avant de disparaître, au sud, derrière le petit bois.
Elle, elle est restée, en larmes, à la fenêtre. Quand la nuit est tombée elle y était encore.
Ses journées, elle les passe dans sa chambre à attendre en se lamentant son retour.
- Sortez, Madame, allez prendre l’air, nourrissez-vous, je vous en conjure ! Vous vous affaiblissez de jour en jour. Que dira votre mari, à son retour, s’il vous découvre ainsi exsangue ?
Alors elle sort. Un peu. Elle fait, à petits pas, le tour des remparts. S’y attarde à fixer, au loin, pendant des heures, quelque chose qu’elle est la seule à voir.
Un nuage de poussière. Qu’elle a aperçu la première. Elle m’agrippe le bras. L’enserre à le briser… Ca approche… Elle relâche son étreinte…
- Non… Ce n’est pas son cheval…
Ce n’est pas lui. Mais c’est…
- Aimé !
Aimé de Montfaucon. Son compagnon de jeux. Celui avec qui elle a passé son enfance.
Elle se précipite à sa rencontre.
- Mais… tu es blessé !
On l’aide à descendre de cheval. Il grimace de douleur.
Il est blessé, oui. Et…
- Je ne suis pas porteur de bonnes nouvelles.
Elle s’accroche à mon bras.
- Amauri ?
- Amauri… Oui…
Elle s’appuie de tout son poids contre moi.
- Il n’est pas ? Réponds-moi, Aimé, je t’en supplie, réponds-moi ! Il n’est pas ?
- Il va te falloir être très courageuse.
Elle s’écroule à mes pieds sans connaissance.
Elle l’a installé au château.
- Le temps qu’il guérisse… Qu’il reprenne des forces.
Elle passe le plus clair de son temps avec lui. Elle le panse. Elle le soigne. Elle lui tient la tête pour qu’il boive.
Et ils parlent. Ils parlent des heures durant.
Elle recommence à rire. Un peu. De plus en plus.
Il va mieux. Il fait le tour des remparts, appuyé à son bras.
Il est guéri.
À table il occupe maintenant la place du maître.
À la chasse il monte ses chevaux.
Il dort dans son lit. Avec elle.
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