jeudi 22 octobre 2009

Colocataires ( 17 )

- Vous venez ?… Mais si, venez !… Elle sera contente de faire votre connaissance… Je lui ai tellement parlé de vous… Et c’est quelqu’un de très simple, vous verrez… Vraiment de très très simple pour une femme de médecin… Elle saura vous mettre tout de suite à l’aise…

- Je suis là !…
Dans le spa. Mélianne s’est approchée, penchée pour lui faire la bise…
- Eh bien !… Qu’est-ce que vous faites ?… Amenez-vous !… Venez lui dire bonjour à Alexandra… Elle va pas vous manger…
Elle s’est légèrement soulevée pour me tendre la main…
- Alors comme ça, c’est vous ?!… C’est vous la coqueluche des jeunes filles…
Mélianne s’est déshabillée, l’a rejointe…
- Qu’est-ce qu’on est bien !… C’est juste à la température qu’il faut… Et vous ?… Vous allez quand même pas rester toute l’après-midi au bord à nous regarder comme un imbécile ?… Venez dedans avec nous !… Pour une fois que vous avez l’occasion d’être dans un truc comme ça…

- Alors ?!… Qu’est-ce que je vous disais ?… C’est pas génial ?… Bon, mais qu’est-ce qu’ils foutent les deux autres ?… Deux heures je leur avais dit… Il y a pas moyen… Faut toujours qu’ils soient à la bourre…
Elle a disparu sous l’eau, a resurgi, s’est ébrouée…
- Vous croyez vraiment que ça va marcher notre plan ?
- Bien sûr que ça va marcher… A condition d’être patientes… De procéder étape par étape… Sans en brûler aucune…
- Les voilà !… Si, c’est eux !… Les voilà !…

Baptiste et Kevin. Qui ne se sont pas fait prier pour se jeter à l’eau. Des cris. Des fous rires. Des courses-poursuites avec Mélianne. Autour. Dedans. Des éclaboussements. Alexandra souriait. Elle ne cessait pas de sourire…

Ils se sont immobilisés. Enlacés. Tous les trois. Mélianne a lentement perdu pied. Noué ses bras. Battu des jambes. Abandonnée à eux, elle a doucement gémi. Sangloté de bonheur. Les mains sous l’eau, les lèvres entrouvertes, Alexandra ne les a pas quittés un seul instant des yeux. Un râle. Profond. Eperdu. Un second comme en écho. Elle a laissé retomber sa tête sur la margelle…

Je ferme les yeux. Et je suis là-bas. Avec vous. Que nous. Personne d’autre. Et pas Mélianne. Surtout pas Mélianne. Je suis toute nue sur le canapé. Et vous regardez. Vous avez les yeux que j’aime. Et ça dure. Ca ne s’arrête jamais. Je voudrais que ça ne s’arrête jamais… D’autres fois au contraire c’est vous qui êtes assis dessus. Vous m’attendez. Comment vous avez l’air sévère !… Et votre voix !… Elle me fait peur votre voix… Elle me gronde… Et ça me fait pleurer… Parce que vous n’êtes pas content de moi… Ca me fait mal tellement mal au dedans de vous avoir déçu, vous !… Et tellement pleurer… De plus en plus… Mais vous n’arrêtez pas… Au contraire… Vous me grondez encore plus fort… Je suis tellement malheureuse… Et puis vous le dites… « - Reconnais que c’est amplement mérité, non ?… »… Je reconnais. Oui. Je suis méchante. Je suis fautive. Je n’ai pas la moindre volonté… Je fais n’importe quoi… Punissez-moi !… Que je me sente réconciliée. Apaisée… Vous me prenez les mains… Vous m’attirez très doucement vers vous… Vous me faites pencher sur vos genoux… Vous m’installez… Vous me calez… Vous me soulevez ma robe… Jusqu’en haut… Vous me tirez sur ma culotte… Jusqu’en bas… Vous me faites attendre… Une éternité… Vous en lancez une… Et puis plus rien… Une autre… Longtemps après… Une grêle de claques d’un seul coup… Une cascade… Ca brûle… Ca lance… Ca cuit… Ca ravage… Ca me secoue dans tous les sens… Ca me fait crier… De plus en plus fort… Vous n’arrêtez pas… Vous n’arrêterez jamais… Vous arrêtez… Vous me faites relever… Vous me gardez sur vos genoux… Je jette mes bras autour de votre cou… Je me blottis contre vous… Je suis en paix… Pardonnée… Je pleure… Vous n’êtes pas là… Je suis toute seule… Ce n’est pas vrai en vrai…

Melissa m’a aperçu dans les gradins, est montée, s’est assise à mes côtés…
- Tu joues pas aujourd’hui ?
- Non… J’ai une contracture à la cheville… Pas la peine de tenter le diable et d’en rajouter une couche…
- Il y a longtemps que tu la connais Mélianne ?
- Depuis la sixième… On a fait toute notre scolarité ensemble… Même en fac, là, on est encore ensemble… Pourquoi vous me demandez ça ?
- Non… Pour rien… Comme ça… Vous avez dû en vivre des choses ensemble alors !… Même en dehors de l’école…
- Vous voulez dire pour les sorties ?… Tout ça ?… Pas tellement non… Pas du tout même… Non… Moi, les types de mon âge je m’ennuie vite avec… En général ils ont pas grand chose à dire… A part te faire du rentre-dedans… Depuis toujours je me suis beaucoup mieux entendue avec les personnes plus mûres que moi… Celles qui ont de la conversation… Toute petite déjà… Mes parents recevaient souvent le dimanche… Au lieu de m’éclipser, aussitôt le dessert avalé, pour aller jouer, comme on m’y engageait, je restais à table avec les adultes… J’écoutais… Je buvais leurs paroles…
- Et aujourd’hui tu continues…
- Quand c’est possible… Ca l’est pas toujours… Parce qu’il ne suffit pas d’avoir cinquante ans pour être quelqu’un d’intéressant…
- Et moi, à ton avis, je le suis ?
- Oh oui, oui !… Là-dessus il y a aucun doute…
- Qu’est-ce que tu en sais ?… Tu me connais à peine…
- Il y a tout ce que j’ai entendu…
- Qui est peut-être complètement faux… Tant qu’on n’a pas eu l’occasion de juger par soi-même…
- Faut me la donner alors !…
- Tu fais quoi demain à midi ?
- Rien… Rien de spécial…
- Je t’emmène déjeuner quelque part ?
Son visage s’est illuminé d’un éclatant sourire…

- Sa cheville ?… Oui… Tu parles !… C’était cousu de fil blanc… Vous en avez profité pour avancer au moins ?… Ca m’étonnerait… A moins que ce soit elle qui ait pris l’initiative… Parce que vous… C’est ce que je lui ai dit l’autre jour… Faudra que tu le violes… Parce que si tu le violes pas dans un an vous en êtes toujours au même point tous les deux… En attendant elle vous a privé de votre petit spectacle douche habituel… Ca vous a pas trop manqué ?… Non ?… De toute façon aujourd’hui question spectacle vous aviez atteint votre quota en début d’après-midi… Vous en avez pensé quoi de tout ça ?… Vous croyez qu’on va y arriver à ce que les mecs ils se le fassent ensemble ?… Parce que qu’est-ce que j’ai envie !… De plus en plus à force d’en parler avec Alexandra… Elle aussi d’ailleurs !
- Il y avait pas Peter…
- Non… C’était exprès… Qu’ils s’habituent d’abord à me le faire là-dedans devant elle tous les deux… Il viendra après Peter… Et ils s’occuperont de moi tous les trois… Et de fil en aiguille, si tout se passe comme on veut, si on sait bien manœuvrer toutes les deux… Mais je sais pas… Je sais pas… On verra bien…

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