jeudi 1 octobre 2009

Colocataires ( 11 )

- C’est nous !
- Oui, ben ça, je vois bien !…
- Vous nous attendiez pas, hein !
- Pas vraiment, non…
- Eh ben on est revenues…
- Oui, parce que c’est vraiment minuscule chez elle là-haut… T’as à peine la place de te tourner…
- Et en plus tous nos vrais copains c’est ici qu’ils sont…
- On va te faire une de ces fiestas !…
- On pourra les amener ?
- Evidemment qu’on pourra !… Tu penses bien que c’est pas lui qui va nous empêcher… Trop content de pouvoir laisser traîner un œil par ci par là…
- Ou une oreille…
- Mais on passera quand même du temps avec vous, hein, faut pas croire !
- La preuve !… On descend faire un peu les connes… Vous venez ?
- Vous allez faire quoi au juste ?
- On sait pas… On verra… On improvisera…

Les magasins. De fringues. Et de chaussures. Surtout de chaussures.
- Tu l’as vu le type ?
- Quel type ?
- Le vendeur… Comment il a l’air coincé !…
Elles se sont chuchoté quelque chose à l’oreille, ont éclaté de rire. Sans le quitter des yeux. Il s’est dandiné d’une jambe sur l’autre. A plongé le nez dans ses boîtes comme si sa vie en dépendait. Elles se sont encore concertées à voix basse…
- Tu vas pas faire ça ?… T’as pas de culotte…
- Je vais me gêner…
Et Victorine a foncé droit sur lui…
- Monsieur !… Monsieur, s’il vous plaît… Je pourrais pas l’essayer la paire rouge dans le coin à gauche de la vitrine…
Il s’est précipité. La lui a apportée. S’est agenouillé à ses pieds. Elle lui a tendu une jambe, a relevé l’autre. La robe a glissé le long de la cuisse. La chaussure n’entrait pas. Il s’est obstiné. A insisté…
- Aïe !… Mais vous me faites mal…
Et elle s’est rejetée en arrière. Encore plus haut la jambe…
- Pardon… Excusez-moi !… Pardon…
Tétanisé, écarlate, transpirant à grosses gouttes, il ne quittait pas son entre-jambes des yeux…
Du bout du pied elle a pris appui contre son épaule, a poussé…
- Espèce de sale grand dégoûtant !… Vous n’avez pas honte ?
Plus fort. De toutes ses forces. Il est tombé à la renverse sans un mot…
Sur le trottoir elles ont été prises d’un irrépressible fou rire…

Il en arrivait sans arrêt…
- Oh, mais vous pouvez rester, hein !… Ca gêne pas…
Avec des packs de bière. Des bouteilles de Coca. De whisky. Des pizzas. Des sachets de frites. Des kebabs...
Il y avait des Remi. Des Anatole. Des Benjamin. Une Audrey. Des Fredo. Des Jason. Avec de la musique. Et deux énormes boîtes de préservatifs brandies sous les acclamations.
Ils se sont installés. Sur le canapé. Sur la moquette. Sur la table. Ils ont ouvert. Déballé. Décapsulé…
- Dites… Dites…
Discrètement à l’oreille…
- Si ça vous ennuie pas… Vaudrait mieux que vous disparaissiez maintenant… Parce que devant vous ils vont jamais oser se montrer entreprenants…

Dans la nuit la porte s’est tout doucement entrebaîllée. C’était Mélianne. Qui s’est approchée à pas de loup…
- Vous dormez pas ?… Je pourrais pas venir dans le lit avec vous ?… Parce que il y en a partout… Dans toutes les pièces… Dans tous les lits… Et ça donne… Ils en ont pour un moment… Comment ils en sont !…
- Et pas toi ?
- Oh, moi, j’ai eu ma dose… Un tout mignon tout craquant… Entre autres… Faut pas exagérer non plus… Si c’est pour que le machin il te brûle pendant trois jours… Vous pouvez pas me passer un peu de couette, là ?… Vous avez tout… Merci… Faut reconnaître qu’on a fait fort ce soir… Neuf gentils couillus pour quatre filles… Et pas des feignants… Des motivés… Qu’on avait soigneusement triés… Faut trier si on veut que ça se passe bien… On est presque toujours déçues sinon…

- Ca, c’est Victorine qui beugle… Quand il s’agit de se faire remarquer, elle !… Elle voulait absolument que j’amène Baptiste ce soir… Mais je la voyais venir !… Depuis le temps qu’elle a envie de se le taper… Et pas seulement !… Carrément de me le souffler, oui !… De toute façon quand tu te fais un délire comme ça les derniers à amener c’est bien tes officiels… Ils arrêtent pas de te surveiller sans en avoir l’air et après ils te loupent pas… Tu peux être sûre qu’à un moment ou un autre t’auras l’effet boomerang… Alors si tu veux avoir la paix…

- N’empêche comment on se sent bien après quand on a eu ce qu’on voulait comme ça… Qu’on est complètement rassasiée… T’as tout qu’est apaisé… Il y a plus rien qu’a d’importance… Juste d’être bien en toi… On peut bien dire ce qu’on veut, mais heureusement qu’on les a finalement les mecs et qu’ils se font pas prier quand on a besoin d’eux…

- J’ai froid !… Et comment vous êtes chaud, vous !…
Elle s’est pelotonnée contre moi, a glissé ses pieds entre mes mollets…
- Ils sont gelés… Vous sentez ?… Des vrais glaçons…
Ses seins contre mon dos. Sa main sur mon torse…
- Je suis bien comme ça… J’aime bien vivre chez vous… J’aime bien vivre avec vous…
Et elle s’est paisiblement endormie…

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