‒ Tout le monde est là ?
Tout
le monde était là, oui. Dans la salle de séjour.
‒ Alors
on va pouvoir commencer…
Et
Julien m’a prise par le bras. Fermement. Entraînée dans notre
chambre.
‒ Mais
qu’est-ce qu’il t’a pris ? Qu’est-ce qu’il t’est
passé par la tête de faire une chose pareille ?
‒ Elle
a voulu nous séparer, Julien. Si, c’est vrai, tu sais, hein !
‒ Tu
te le seras imaginé.
‒ Non.
Non. Je t’assure. Quand j’y repense,
il y a des tas de trucs
qui me reviennent. Des trucs qu’elle a dits. Qu’elle a faits.
‒ C’est
possible ?
‒ Quoi
donc ?
‒ Qu’on
puisse arriver à nous séparer.
‒ Oh,
non, Julien, non !
‒ Bien
sûr que si ! Ça
t’aurait pas fait aussi peur sinon. Et
ce que tu
as voulu, en réalité,
c’est punir Océane des
doutes que tu éprouves sur tes
sentiments à mon égard.
Tu t’es trompée de
personne, Lucile.
C’est
toi qu’en réalité tu
avais l’intention de
punir. Bon, mais on va remettre les choses dans le bon sens.
Déshabille-toi !
‒ Julien…
‒ Oui ?
‒ J’ai
honte. De ce que j’ai fait à Océane. J’ai vraiment
honte, tu
sais. Tellement.
Et
j’ai commencé à me déshabiller.
‒ J’ai
mérité. Je mérite.
Il
n’a rien dit.
Il m’a regardée faire.
Retirer
un à un mes vêtements.
Les replier. Les
poser soigneusement sur
le lit.
Quand
j’ai été nue, il m’a reprise par le bras.
‒ Allez !
Ramenée
dans la salle de séjour.
Tous
les regards ont convergé vers nous.
Il
m’a conduite
jusque devant Océane. M’a fait agenouiller devant elle.
‒ Pardon,
Océane !
Je te demande pardon !
Et
il m’a
confiée à Étienne qui, sans un mot, m’a courbée, couchée en
travers de ses genoux. Et qui a tapé. De grandes claques.
Puissantes. Sonores. Cuisantes.
J’ai
relevé
la tête. Les yeux de
Clément étaient intensément fixés sur moi. Valentin, lui,
arborait, en
arrière-fond, un petit
sourire en demi-teinte. Émilie
était impassible, mais terriblement attentive. Bérengère aussi.
Quant à Océane, elle était hors de mon champ de vision. Sans doute
derrière moi.
C’est
venu très vite sous les
claquées. Une
sorte de sentiment
d’apaisement.
Qui
a pris corps. Qui s’est
progressivement installé.
Je payais. J’étais en
train de payer. La chape de culpabilité qui s’était abattue sur
moi était en train de se dissoudre. De s’évanouir. Plus les coups
tombaient, plus ils s’intensifiaient, plus
ils se faisaient insupportables et plus, paradoxalement, je me
sentais légère. Un sentiment de sérénité m’a envahie. Emplie
toute. Très vite il s’est métamorphosé en
vagues de bien-être. Un bien-être que j’ai longuement savouré à
petites lampées gourmandes. J’étais punie pour ce que j’avais
fait. J’étais pardonnée. J’étais bien.
Étienne
continuait à me fesser. Inlassablement. Je n’avais plus qu’une
envie, c’est qu’il continue. Encore et encore. Que ça ne
s’arrête pas. Que ça ne s’arrête jamais. Et
j’ai brusquement pris conscience que ça allait venir. Que ça
allait me déborder. Que je ne pourrais rien empêcher. Que je
n’aurais pas envie d’empêcher quoi que ce soit. Et
c’est monté. Et
c’est venu. Un orgasme
de folie que j’ai accueilli avec un bonheur fou, que j’ai clamé
tant et plus sans la moindre pudeur. Sans la moindre retenue. Les
yeux dans leurs yeux à eux. Dans leurs yeux à tous.
Étienne
m’a aidée à me relever.
‒ Eh
ben, dis donc !
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