jeudi 16 janvier 2020

Agathe et la fessée (1)


‒ Ça fait rien, Maxime, va ! Ça fait rien.
Oh, mais si ça faisait, si !
‒ C’est sûrement que je m’y prends mal.
Elle me faisait taire d’un baiser.
‒ Mais non, tu t’y prends pas mal, mais non !
Elle se blottissait contre moi.
‒ Tu sais, des types avant toi, j’en ai pas eu des milliers. Trois. En tout et pour tout. Eh bien, avec tous les trois, ça a été pareil. Jamais j’y suis arrivée. Je sais pas ce que c’est. Mais c’est pas grave. C’est pas important. L’essentiel, c’est qu’on s’aime, non ?

Sans doute, oui. Mais elle savait pas ce qu’elle perdait.
Elle haussait les épaules.
‒ Bien sûr que si que je le sais ! Tu crois que je l’entendais pas, Aurore, ma coloc, quand son copain venait passer la nuit avec ? Qu’elle hurlait tout ce qu’elle savait. Que les murs en tremblaient. Et la façon dont elles en parlent, les autres filles comme d’un truc fabuleux. Ou bien la tête qu’elles font, les actrices dans les films. Plein de choses. Je vois bien que ça les chamboule toutes, qu’il y en a même qui pensent qu’à ça, à longueur de temps, tellement elles y trouvent leur compte. Mais bon. Moi, non. C’est comme ça. Je vais pas en faire une maladie.
‒ Mais peut-être qu’il y a des solutions. Sûrement même.
Elle soupirait.
‒ J’en ai consulté, des spécialistes. Des tas. Paraît que c’est dans ma tête. Et seulement dans ma tête. J’ai vu un psy. Deux, même. Pour faire plaisir à Baptiste. Il a fallu que je leur raconte ma vie. Jusqu’à quel âge j’avais fait pipi au lit. Si ma chambre était loin de celle de mes parents. Si je les entendais quand ils avaient des rapports. Si ma sœur, elle aussi, était dans la même situation que moi. Qu’est-ce qu’ils voulaient que j’en sache ? J’avais jamais parlé de ça avec ma sœur. Et pourquoi on en avait jamais parlé? On en sortait pas. On tournait en rond pendant des heures. Et ça changeait strictement rien à rien. Alors le mieux, c’était encore que j’en prenne mon parti. Une bonne fois pour toutes.

Je ne m’avouais pas vaincu pour autant. Je la caressais. Je l’explorais méthodiquement. Je prenais tout mon temps. En vain.
‒ Tu es gentil, mais c’est pas la peine que tu te donnes tout ce mal Pour rien.
J’insistais.
Elle me repoussait doucement.
‒ Ce que je voudrais pas, c’est finir par faire semblant. Tu comprends ?
Je comprenais. Évidemment que je comprenais. Et je me faisais discret.
C’était elle, cette fois, qui insistait.
‒ Mais si ! Viens ! Prends ton plaisir ! T’occupe pas de moi.
J’avais scrupule à le faire.
Elle se voulait convaincante.
‒ Mais si ! T’es un mec. T’as besoin de ça. Sinon tu finiras par aller voir ailleurs. Avec tous les risques que ça comporte. Je veux pas te perdre, Maxime. Je veux pas te perdre.
Elle se redressait sur un coude.
‒ Et puis, n’importe comment, j’aime bien te voir en avoir, toi, du plaisir. Si, c’est vrai, tu sais !

Il s’est passé un an. Un an au cours duquel chacun s’est efforcé de faire de son mieux. De s’accommoder de la situation.
Et puis, on a eu de nouveaux voisins.

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