‒ Ça
fait rien, Maxime, va ! Ça fait rien.
Oh,
mais si ça faisait, si !
‒ C’est
sûrement que je m’y prends mal.
Elle
me faisait taire d’un baiser.
‒ Mais
non, tu t’y prends pas mal, mais non !
Elle
se blottissait contre moi.
‒ Tu
sais, des types avant toi, j’en ai pas eu des milliers. Trois. En
tout et pour tout. Eh bien, avec tous les trois, ça a été pareil.
Jamais j’y suis arrivée. Je sais pas ce que c’est. Mais c’est
pas grave. C’est pas important. L’essentiel, c’est qu’on
s’aime, non ?
Sans
doute, oui. Mais elle savait pas ce qu’elle perdait.
Elle
haussait les épaules.
‒ Bien
sûr que si que je le
sais ! Tu
crois que je l’entendais pas, Aurore, ma coloc, quand son copain
venait passer la nuit avec ? Qu’elle hurlait tout ce qu’elle
savait. Que les murs en tremblaient. Et la façon dont elles en
parlent, les autres filles comme
d’un truc fabuleux. Ou
bien la tête qu’elles font, les actrices dans les films. Plein de
choses. Je vois bien que ça
les chamboule toutes,
qu’il y en a même qui pensent qu’à ça, à longueur de temps,
tellement elles y trouvent leur compte. Mais bon. Moi, non. C’est
comme ça. Je vais pas en faire une maladie.
‒ Mais
peut-être qu’il y a des solutions. Sûrement même.
Elle
soupirait.
‒ J’en
ai consulté, des spécialistes. Des tas. Paraît que c’est dans ma tête.
Et seulement dans ma tête. J’ai
vu un psy. Deux, même. Pour faire plaisir à Baptiste. Il a fallu
que je leur raconte ma vie. Jusqu’à quel âge j’avais fait pipi
au lit. Si ma chambre était loin de celle de mes parents. Si je les
entendais quand ils avaient des rapports. Si ma sœur, elle aussi,
était dans la même situation que moi. Qu’est-ce qu’ils
voulaient que j’en sache ? J’avais jamais parlé de ça avec
ma sœur. Et pourquoi on en avait jamais parlé? On
en sortait pas. On tournait en rond pendant des heures. Et ça
changeait strictement rien à rien. Alors le mieux, c’était encore
que j’en prenne mon parti. Une bonne fois pour toutes.
Je
ne m’avouais pas vaincu pour autant. Je la caressais. Je
l’explorais méthodiquement. Je prenais tout mon temps. En
vain.
‒ Tu
es gentil, mais c’est pas la peine que tu te donnes tout ce mal…
Pour rien.
J’insistais.
Elle
me repoussait doucement.
‒ Ce
que je voudrais pas, c’est finir par faire semblant. Tu comprends ?
Je
comprenais. Évidemment
que je comprenais. Et je
me faisais discret.
C’était
elle, cette fois, qui insistait.
‒ Mais
si ! Viens ! Prends ton plaisir ! T’occupe pas de
moi.
J’avais
scrupule à le faire.
Elle
se voulait convaincante.
‒ Mais
si ! T’es un mec. T’as besoin de ça. Sinon tu finiras par
aller voir ailleurs. Avec tous les risques que ça comporte. Je veux
pas te perdre, Maxime. Je veux pas te perdre.
Elle
se redressait sur un coude.
‒ Et
puis, n’importe comment, j’aime bien te voir en avoir, toi, du
plaisir. Si, c’est vrai, tu sais !
Il
s’est passé un an. Un an au cours duquel chacun s’est efforcé
de faire de son mieux. De s’accommoder de la situation.
Et
puis, on a eu de nouveaux voisins.
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