jeudi 23 janvier 2020

Agathe et la fessée (2)


‒ T’entends ?
J’entendais, oui.
‒ Il y en a qui s’installent dans l’appart d’à côté, on dirait.
En grand remue-ménage. De cavalcades dans les escaliers. De meubles tirés, traînés, poussés. D’appels.
‒ Il y a quelqu’un qui peut venir m’aider pour le frigo ?
Le calme n’est revenu que le soir. Un calme tout relatif. Parce qu’ils ont voulu inaugurer leur nouvel appartement. Et leur lit. Qui se trouvait, à l’évidence, tête à tête avec le nôtre, de part et d’autre de la cloison.
‒ On se croirait presque avec eux.
Elle a longuement et éperdument feulé son plaisir, la fille.
Agathe a soupiré.
‒ Encore une qui sait ce que c’est

Je l’ai très brièvement entraperçue, le lendemain. On s’est croisés sur le palier.
‒ Et alors ? Elle est comment ?
‒ Pas très grande. Brune. Un peu boulotte. À vue de nez, comme ça, elle a l’air sympa.
‒ Quel âge ?
‒ Le nôtre. À peu près. Vingt-cinq. Vingt-six. Quelque chose comme ça.
Le soir, ils ont remis ça. Avec un peu plus de conviction encore.
‒ En tout cas, elle, c’est une accro, on peut pas dire.

Agathe a fait sa connaissance à lui deux jours plus tard, dans l’ascenseur.
‒ Il est beau mec. Enfin, pas trop mal. On a un peu parlé. Des trucs pratiques, il voulait savoir. Quel jour passent les poubelles. Où on peut trouver de la bonne viande. Qui c’est notre fournisseur d’électricité.
‒ On pourra peut-être les inviter pour l’apéro un soir ? Histoire de faire connaissance.
‒ Si tu veux, oui. Mais dans quelque temps. Qu’on n’ait pas l’air de se jeter à leur tête non plus.

Et puis il y a eu ce soir-là…
Sa voix à lui, de l’autre côté de la cloison. Sévère. Pleine de reproche.
Et la sienne à elle. Implorante. Résignée.
Il s’est fait dur. Cassant.
T’avais promis.
‒ Je sais bien, Jeremy, je sais bien. Mais…
‒ Mais quoi ?
‒ Non. Rien.
‒ T’as mérité, reconnais !
‒ J’ai mérité, oui.
Il y a eu du silence. Et puis, presque aussitôt, un bruit de claques. Sonores. Rapprochées.
Agathe s’est redressée dans le lit.
‒ Hein ? Mais on dirait que…
‒ Il lui donne une fessée, oui.
Une fessée qui a pris de l’ampleur. Dont le rythme s’est encore accéléré.
À côté la fille a crié.
Agathe a cherché ma queue sous les draps. Et constaté.
‒ Ça t’excite.
Ses lèvres se sont emparées des miennes.
‒ Viens ! T’en crèves d’envie ! Mais si, viens !
Elle a refermé ses jambes sur mes jambes. S’est brusquement élancée contre moi, à grands coups de bassin, une lueur de stupéfaction dans le regard. Une lueur qui s’est peu à peu faite enthousiasme, puis jubilation.
Et elle a déferlé.
‒ Je jouis, Maxime. Oh, je jouis. Si ! Je jouis. Tu te rends compte?

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